La voirie de Kinshasa, la capitale de la RDC, représente un linéaire de 3 364 km, soit plus de 40 % de l’ensemble des voiries urbaines du pays (7 433 km). Seulement quelque 679 km sont asphaltés. En dehors du Boulevard du 30 Juin et du Boulevard Lumumba qui serpente plusieurs communes de Kinshasa, les autres principales artères ne sont que pis-aller. L a bitume est tombée en lambeaux, à l’image des avenues Luambo ex-Bokasa et du Commerce, en plein centre des affaires dans la commune de la Gombe. Sur ce dossier, le cabinet du Premier ministre Matata et le gouvernement provincial de Kinshasa étaient souvent à couteaux tirés, se rejetant souvent la responsabilité de la dégradation de la situation.
La polémique
Au ministère des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction (ITPR), on tient pour alibi l’article 204 de la constitution. Il stipule que la voirie et les équipements collectifs provinciaux et locaux relèvent respectivement de la compétence exclusive des provinces et des entités territoriales décentralisées (ETD). Réponse du berger à la bergère. À l’Hôtel de ville de Kinshasa, le gouverneur André Kimbuta pointe du doigt le gouvernement Matata, l’accusant de verser à compte-gouttes les fonds de la rétrocession. Ceux-ci représentent 80 % du budget annuel de la Ville-province. Pendant plus de 4 ans, le gouvernement Matata se serait servi des frais d’investissements de la ville à sa guise. Dans cette controverse, le ministère des ITPR avait réagi en soulignant que le gouvernement central n’intervient qu’en appui au gouvernement provincial dans les voiries et les ouvrages de la ville de Kinshasa. Et cela, en plus des voiries structurantes qui sont le prolongement des routes nationales, partant notamment de la nécessité d’assurer une certaine cohérence dans la fluidité du trafic routier ou selon que le financement provient des ressources extérieures. Kimbuta ne l’a jamais entendu de cette oreille. Pour lui, Kinshasa a plus besoin d’hôpitaux ou d’écoles que de larges boulevards.
En décembre 2015, le gouvernement central soutenait disposer, pour la ville de Kinshasa, de plusieurs études sur les voiries, dont celles du projet portant sur les 22 artères d’une longueur totale de 66 km sous financement de la Banque arabe de développement économique pour l’Afrique (BADEA). Cinq d’entre elles ont été sélectionnées : Croix rouge (Kinshasa), Bianda (Mont Ngafula), Biangala (Lemba), Kimwenza (Kalamu) et Kisenso (Kisenso). Le tout représentait un linéaire de 12,36 km pour le bitumage. Coût des travaux : 18 millions de dollars répartis à hauteur de 8 millions de dollars pour la BADEA, 8 millions de dollars pour l’OFID et 2 millions de dollars pour le gouvernement congolais. Les accords de prêt de 8 millions de dollars avec respectivement la BADEA et l’OFID ont été signés et ont reçu l’approbation du Parlement et ratifiés par les ordonnances-loi n°14/009 et 14/010 du 10 juin 2014 du président de la République. Le processus devant permettre l’exécution de ce projet prévu sur 24 mois était en cours, avait rassuré, fin 2015, le ministre des ITPR sortant, fridolin Kashweshi. Une année après, aucune de ces avenues n’a été réhabilitée.
Beaucoup reste à faire
Par ailleurs, concernant la construction de l’autoroute devant relier le centre-ville de Kinshasa à l’aéroport de N’Djili, l’Agence congolaise de grands travaux (ACGT) recherche encore un tiers partenaire, qui puisse financer les travaux et exploiter la voie pendant une durée pour s’auto-rembourser. Les Chinois ont carrément désisté. Au cours de ces trois dernières années, les crédits les plus élevés affectés à la voirie structurante, relevant du pouvoir central, n’auront été versés qu’en 2013, soit plus de 15 milliards de FC. Le projet de réhabilitation de l’avenue Elengesa a également été repris dans un programme de plus de 3 milliards de FC. Elengesa est pratiquement un boulevard de plus de 10 km. Il relie les communes populeuses de Ngiri-Ngiri, Makala Bumbu et Selembao. Selon des experts, sa réhabilitation permettra de désengorger l’avenue de Libération, ex-24 novembre, ainsi que l’avenue Kasa-Vubu.
Autre artère susceptible de permettre la fluidité de la circulation dans la partie est de Kinshasa, c’est l’avenue de la Paix. La construction de cette avenue permettra de désenclaver plusieurs quartiers des communes de Kisenso, Matete et Mont Ngafula. Cela fait 13 ans que sa construction est annoncée, les travaux commencent mais s’arrêtent. L’avenue de la Paix est longue de 14,5 km et fait partie de principales artères de la voirie de Kinshasa qui restent encore non revêtues. De par son importance, l’avenue By-Pass, ouvrant sur 13,7 km Salongo, rond-point Ngaba et Cité verte au centre-ville, fait l’objet d’attention. Construite en 1981, elle est fortement dégradée. Un projet a été élaboré en 2011 en vue de sa réhabilitation et sa modernisation en une chaussée de 2×2 bandes pour un montant de quelque 40 millions de dollars.
Cependant sans les frais des expropriations et autres relatifs aux délocalisations des concessionnaires (entre autres des tuyaux de la REGIDESO et les câbles de la SNEL), sa réhabilitation est en veilleuse. Le projet n’a jamais été aligné dans le budget de l’État de 2012 à 2016. La réfection de By-Pass aurait été finalement prise en charge par le contrat SOPECE. By-Pass étant le prolongement de la RN 1. En effet, un contrat de concession de 11 ans a été signé, en 2008, entre, d’une part, l’État congolais et la firme chinoise CREC-7, à travers sa filiale SOPECE pour la gestion du péage sur la RN 1 entre Kinshasa et Matadi. Les recettes de péage sur ce tronçon de la RN 1 sont passées à 3,5 millions de dollars par en 2015. Et, en contrepartie, les Chinois se sont engagés notamment à entretenir régulièrement la route Kinshasa-Matadi et à verser 130 000 dollars par mois à la province du Kongo-Central. Trois postes de péage sont, en effet, érigés entre Kinshasa et Matadi. SOPECE a revu à la hausse le prix de son péage. Ce qui n’est pas sans énerver les transporteurs routiers.
Dans la capitale, les artères modernisées l’ont été grâce aux financements extérieurs. Il s’agit notamment de l’avenue Kasa-Vubu et la boucle Matonge sur le financement de la Banque mondiale, les avenues Kabambare, Sergent Moke et Kabinda sur le financement de l’Union européenne (UE), alors que le Fonds kowétien a permis la réfection de l’avenue de la Libération, dont le tronçon rond-point Moulaert-UPN. La JICA (coopération japonaise) a financé les travaux de modernisation de l’avenue des Poids-Lourds.