L’Afrique perdra chaque année 7 à 15 milliards de dollars

Les effets du changement climatique en Afrique sont de plus en plus visibles, a affirmé le président de la BAD lors du lancement du Bureau africain du Centre mondial pour l’adaptation. Dans le viseur, le Nigeria et bien d’autres pays africains.

ADESINA Akiwunmi, le président de la Banque africaine de  développement (BAD),  estime qu’à partir de 2020, le continent africain perdra entre 7 et 15 milliards de dollars à cause du changement climatique. Il y a donc urgence à mobiliser les fonds pour l’action climatique. C’est la raison pour laquelle, a-t-il déclaré lors de la cérémonie de lancement du Bureau africain du Centre mondial pour l’adaptation (GCA), la BAD a inclus dans ses priorités, pour les prochaines années, l’accompagnement de la croissance verte et la mobilisation de la finance climat. Elle s’est, entre autres, engagée à mobiliser d’ici 2025, 25 milliards de dollars pour la finance climat.

« Juste quatre ans plus tôt, le phénomène météorologique El Niño a ravagé les régions est et australe de l’Afrique avec de sévères vagues de sécheresse. En 2019, les cyclones tropicaux Idai et Kenneth ont causé 2 milliards de dollars de pertes aux économies du Mozambique, du Malawi et du Zimbabwe tout en faisant 800 morts », a-t-il rappelé. 

Pour sa part, la Société financière internationale (SFI) a mis à jour sa plateforme d’évaluation de l’impact climatique des investissements des institutions financières sur le climat (CAFI). 

Sa version 2.1 permet une meilleure détection des investissements à fort impact climatique. La Climate Assessment for Financial Institutions (CAFI) permet en effet à celles-ci d’évaluer l’éligibilité climatique de leurs investissements ainsi que l’impact des actions climatiques qu’elles soutiennent sur le développement.

Actuellement, 120 institutions financières utilisent la CAFI et ont consacré 5,8 milliards de dollars à l’action climatique dans le cadre de leurs activités sur la plateforme. « L’investissement d’impact peut croître quand les investisseurs peuvent détecter les entreprises qui ont les meilleures pratiques par le biais de plateformes telles que la CAFI. En la proposant aux acteurs du secteur financier, la SFI contribue à la mise en place de nouvelles normes et à la sensibilisation des différentes parties prenantes sur l’importance de la divulgation de l’impact des différents investissements », a déclaré Paulo de Bolle, le responsable du pôle des institutions financières à la SFI.

Recommandations

CFA Institute a présenté des recommandations en matière d’intégration de l’analyse climatique dans les décisions d’investissement. CFA Institute, c’est l’association mondiale des professionnels de l’investissement. Son rapport sur l’analyse du changement climatique est un outil destiné à guider les investisseurs vers l’intégration de l’analyse du changement climatique dans le processus d’investissement. Le récent rapport, intitulé « Climate Change Analysis in the Investment Process » (Analyse du changement climatique dans le processus d’investissement), comprend un examen de l’enjeu du changement climatique, aborde les risques physiques et de transition induits par cette problématique, analyse les marchés du carbone, et présente les outils actuels, ainsi que les meilleures pratiques d’analyse disponibles pour les investisseurs en matière de changement climatique.

« Le rôle de la finance est d’allouer efficacement le capital dans la société. Ce processus d’allocation du capital se doit de prendre de plus en plus en compte les effets du changement climatique. À cet effet, les professionnels de la finance ont besoin d’être équipés des meilleurs outils et de recevoir une formation sur l’analyse du changement climatique pour prendre des décisions d’investissement éclairées qui tiennent compte de cet enjeu majeur », a déclaré Margaret Franklin,  la présidente et directrice générale du CFA Institute. D’après elle, ce rapport a vocation à être une ressource utile pour tous les investisseurs et les professionnels de la finance impliqués dans ce processus.

Les recommandations du CFA Institute sont destinées aux investisseurs et aux décideurs politiques afin de leur permettre de mieux intégrer l’analyse du changement climatique dans leurs décisions. Parmi ces recommandations, la transparence du prix du carbone. Le CFA Institute invite les décideurs politiques à veiller à ce que le cadre réglementaire des marchés du carbone soient conçus de manière à assurer la transparence et la liquidité, tout en facilitant l’accès aux acteurs du marché mondial et en assurant des normes similaires dans toutes les juridictions, afin de soutenir une tarification claire et fiable du carbone.

Le CFA Institute recommande également aux professionnels de l’investissement de tenir compte des prix du carbone et de leurs variations attendues dans l’analyse des risques climatiques. Il préconise aussi de s’appuyer sur les normes du Sustainability Accounting Standards Board (SASB) et du Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD) en matière d’obligation d’information relative au climat, qui sont les plus pertinentes et les plus claires pour prendre la pleine mesure de l’importance des risques liés au changement climatique.

Concernant l’engagement avec les entreprises sur les risques physiques et de transition liés au changement climatique, le CFA Institute prône un engagement des investisseurs auprès des émetteurs pour s’assurer que les données climatiques, l’analyse des scénarios et les obligations d’information connexes sont suffisamment exhaustives pour soutenir une analyse solide des risques climatiques dans le processus d’investissement.

Concernant les décideurs politiques, les investisseurs doivent continuer à les inciter à élaborer des réglementations pour s’assurer de disposer des outils nécessaires pour mener à bien leur mission, c’est-à-dire l’allocation efficace du capital qui participe à la lutte contre la menace existentielle que constitue le changement climatique. 

Environ 75 % des hauts cadres du secteur de l’investissement interrogés dans le monde estiment que le changement climatique représente un enjeu de prime importance. Mais seulement 40 % des interrogés intègrent à ce jour les informations relatives à cet enjeu dans leur processus d’investissement. Dix sociétés de gestion d’actifs internationales intègrent avec succès le changement climatique dans leur processus d’investissement.