L’Afrique, un continent d’avenir

Potentiel humain, facteur important pour transformer l’Afrique
Potentiel humain, facteur important pour transformer l’Afrique

Tout est réuni, en termes de potentialités, pour que l’Afrique se hisse à une position bien honorable dans les années 2030-2050. Ce continent regorge de 40 à 75 % des réserves minières (phosphates, diamant, manganèse, platine, germanium…) Il détient le tiers du potentiel hydroélectrique du monde et 11 % des réserves mondiales de pétrole et de gaz. Bien plus, sa population est jeune car 45 % de ses habitants avaient, en 2012, moins de quinze ans, contre 30 % pour le reste du monde. Si, en 2003, le continent comptait 14 % (850 millions d’habitants) de la population mondiale, en 2016, ce chiffre va atteindre les 16 % avec 1,3 milliard d’habitants. Dès lors, toutes autres choses restant égales par ailleurs, cet actif humain devrait être un facteur déterminant dans la transformation de ces différentes ressources en richesses réelles.

En commémorant, dimanche 25 mai, la journée mondiale de l’Afrique, les Africaines et Africains devaient se pencher sur ces différents aspects qui définissent le statut de leur continent. Ils devaient se poser essentiellement la question de savoir pourquoi l’actuel progrès constaté ici et là, traduit en envolée de la croissance macro-économique, ne se vit pas sur le terrain par une amélioration du train de vie des populations. En fait, si les pays africains croulent littéralement sous le poids et la qualité de leurs ressources naturelles, il n’en demeure pas moins qu’ils se retrouvent à la queue de toutes les études se rapportant, par exemple, à la définition de l’indice de développement humain.

Continent de l’extrême pauvreté

En 2011, quelque 33 pays africains figuraient sur la liste des 44 pays les moins avancés du monde. L’espérance de vie était de 53 ans contre 66 en Asie et 75 dans les pays industrialisés. Le produit intérieur brut ne représentait que 1,8 % du PIB mondial. Ce dernier « acquis » du continent africain pouvait être comparé à celui d’un pays européen, comme l’Espagne. Il faut aussi noter qu’en Afrique, près de 240 millions d’habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté et que près de 50 % d’adultes sont encore analphabètes. Pour Transparency International, ce continent est l’un des plus corrompus de la planète. D’autre part, il faut des efforts tangibles pour la défense et la promotion des droits humains. Par ailleurs, contrôlée essentiellement par des sociétés multinationales, l’exploitation des ressources naturelles ne profite pas aux habitants du continent. Bien au contraire, ce secteur est également une source de tensions dans les zones d’exploitation minière. Plusieurs experts estiment aujourd’hui que, dans le cas des guerres qui ont ravagé le Congo-Kinshasa entre les années 1996 et 2013, les exploitants miniers y ont une large responsabilité ; ces guerres ont fait entre 4 et 6 millions de morts, selon les estimations autant de déplacés internes et plusieurs centaines de milliers de femmes violées. Ainsi, tous les espoirs qui étaient investis dans la gestion partagée des dividendes de l’exploitation des ressources naturelles ont volé en éclats. Des discours ont dès lors relayé suffisamment les malédictions apportées par ces ressources.

Pourtant, des opportunités continuent à se dessiner et à pousser les Africains à se ressaisir afin d’être de véritables acteurs de leur devenir. Les puissances extérieures ont, elles, déjà pris la mesure de la position géostratégique du continent pour les décennies à venir. Pour s’en convaincre, il suffit de revoir le contenu des diverses assises qui ont réuni les dirigeants de ce continent et d’autres acteurs internationaux ces deux dernières années. En y regardant de près, il se démontre que ces derniers se bousculent au portillon du continent.

Capitaliser diverses opportunités

Au 25è sommet Afrique-France tenu à Nice (France) en décembre 2013, les délégués des deux parties ont longuement parlé des enjeux climatiques et du développement. Ils ont ainsi traité des données relatives au partenariat économique et au développement ainsi qu’aux effets du changement climatique. Après avoir occupé près de 40 % des échanges commerciaux de la France, l’Afrique a vu sa place dégringoler vers des positions bien modestes. Une autre rencontre importante a été le 4e sommet Afrique-Union européenne organisé à Bruxelles (Belgique) en avril dernier et qui a eu comme thème principal « Investir dans les personnes, pour la prospérité et pour la paix ». Quelques faits peuvent illustrer le « dynamisme » de cette coopération. Au cours de la seule année 2011, selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), l’Afrique a reçu 25,3 milliards d’euros au titre de l’aide publique au développement. Par ailleurs, l’Union Européenne a accordé aux pays africains, dans le cadre du 10e Fonds européen pour le développement (FED, 2008-2013), pas moins de 12 milliards d’euros.

Les autres partenaires qui ne veulent pas se retrouver à l’écart de la très attendue « renaissance » de l’Afrique sont des pays émergents comme la Chine, le Brésil et l’Inde. Pour ne prendre que le cas de Pékin, à la fin du sommet Afrique-Chine tenu dans la capitale chinoise en juillet 2012, l’Empire du milieu a décidé de doubler son aide destinée au continent africain en la faisant passer, pour les trois années suivantes, de 10 à 20 milliards de dollars. Même si cela paraît bien modeste pour tous les pays concernés, il a bien fallu accepter cet appui. Il y a également Washington, qui se rappelle bien à la mémoire des uns et des autres. Ainsi, la capitale fédérale américaine va accueillir, en août, le premier sommet Afrique-Etats-Unis. Le président Barack Obama va recevoir 47 dirigeants africains. Pour Washington, « ce sommet fera progresser les objectifs de l’administration américaine en matière de commerce et d’investissement en Afrique et mettra en évidence l’engagement des Etats-Unis envers la sécurité en Afrique, le développement de la démocratie et de ses habitants ». En 2010, le président américain avait reçu à la Maison-Blanche une centaine de jeunes Africains. Il les avait appelés à s’approprier « les principes démocratiques et à ne pas suivre les pas de la génération des indépendances qui s’est accrochée au pouvoir ».