Le Comité de Politique Monétaire de la Banque Centrale du Congo a tenu sa 12ème réunion ordinaire le 10 janvier 2014 sous la présidence du Gouverneur Deogratias Mutombo. A cette occasion, le Comité a passé en revue les principaux faits marquants de l’évolution économique et financière en 2013 à l’échelle internationale et nationale, avant de s’appesantir sur les perspectives pour 2014.
Au plan international, l’évaluation de la conjoncture économique internationale fait état d’un ralentissement de l’activité économique mondiale en 2013. En effet, initialement projeté à 3,5%, la croissance économique mondiale s’est avérée plus faible que prévue, s’établissant à 2,9%, en recul de 0,3 point par rapport au niveau de 2012. Il s’agit là des conséquences de la poursuite des mesures d’ajustement budgétaire dans la plupart des économies avancées, de la fragmentation du système financier dans la Zone euro et de la hausse de la dette publique.
La persistance de cette situation a affecté négativement la croissance des pays émergents lesquels constituaient la locomotive de la croissance mondiale. Concernant l’Afrique subsaharienne, sa croissance économique est demeurée robuste, s’établissant à 5,0%. Parallèlement, l’inflation a été maintenue à des niveaux bas à l’échelle internationale en dépit de la conduite des politiques monétaires expansionnistes par de nombreuses banques centrales.
Au plan national, la croissance du PIB réel a été plus vigoureuse en 2013 qu’en 2012. Selon les dernières estimations réalisées sur base des données de production à fin novembre 2013, le taux de croissance économique s’est établi à 8,5 % en 2013 venant de 7,2 % en 2012. Rapproché à la moyenne de l’Afrique subsaharienne, ce taux demeure supérieur de 3,5points. Ce dynamisme de l’activité économique est attesté par l’optimisme des chefs d’entreprises dont le solde brut moyen d’opinions est passé de 11,0 % en 2012 à 16,5 % en 2013.
Repli de l’inflation
Après un faible niveau d’inflation de 2,72 % en 2012, l’année 2013 a connu un repli de l’inflation de 1,07% contre un objectif annuel de 4%. Ce niveau est le plus bas que le pays ait réalisé depuis son indépendance en 1960.
Sur le marché des changes
Il a été noté une stabilité en dépit de quelques pressions enregistrées sur le taux de change en janvier et aux quatre derniers mois de l’année, avec un relief particulier en septembre et octobre. A fin décembre 2013, la monnaie nationale a enregistré une dépréciation de 1,1 % à l’interbancaire et de 1,6 % au parallèle, le taux de change s’étant situé à 925,0 CDF le dollar à l’indicatif et à 938,0 CDF au parallèle.
L’intervention de la BCC en janvier, via la cession de 24 millions USD, visait à contenir les pressions cycliques liées à la demande de la devise par les opérateurs économiques en vue de la reconstitution de leurs stocks après les festivités de fin d’année. En 2013, eu égard à la surliquidité bancaire quasi-permanente induite par d’importants paiements de la TVA remboursable concentrés sur des courtes périodes ainsi qu’une consommation excessive des ressources IADM, la Banque n’a acheté que 27 millions USD contre 265,3 millions en 2012.
A fin décembre 2013, le niveau de réserves internationales a atteint 1.766,45 millions USD, correspondant à 9,4 semaines de couverture d’importations des biens et services sur ressources propres, soit une accumulation annuelle nette de 121,37 millions USD. S’agissant des finances publiques, l’exécution des opérations financières de l’Etat s’est caractérisée par une consommation des excédents de trésorerie antérieurs. Quant au plan de trésorerie de la BCC, il s’est soldé par un excédent de 0,2 milliard en 2013 contre un déficit de 8,9 milliards en 2012.
En ce qui concerne le secteur monétaire
Il a été marqué par une évolution contrôlée des agrégats monétaires. L’orientation de la politique monétaire a été dans le sens d’un assouplissement, particulièrement avec la révision à la baisse du taux directeur et ce, en dépit des ponctions de la liquidité opérées par les BTR à partir du second semestre. A ce propos, l’Institut d’Émission a procédé à deux révisions du taux directeur en 2013 contrairement à 2012 où ce taux a été réajusté à six reprises. Il est passé de 4 % en janvier à 3 % à fin février 2013 et à 2 % à fin novembre 2013. Ces révisions répondaient à la nécessité de soutenir le financement de l’économie dans un contexte de ralentissement de l’inflation et d’absence des risques majeurs tant internes qu’externes sur les prix intérieurs.
En conséquence, les effets se sont fait ressentir sur l’amélioration de l’environnement macroéconomique global notamment par la baisse des taux d’intérêts nominaux des banques. Cette baisse devrait permettre l’augmentation des crédits pour financer de manière rentable les investissements. Quant aux BTR, ils ont permis de réguler efficacement la liquidité au sein de l’économie, réalisant des ponctions annuelles de liquidité de 112,7 milliards de CDF à fin novembre 2013, avec un encours de 207,7 milliards de CDF, en vue de contenir les pressions sur la liquidité évoquées précédemment et de préserver la stabilité du cadre macroéconomique.
En décembre, cet instrument a permis de rencontrer la demande de la liquidité exprimée par l’économie sur fond des festivités de fin d’année en injectant 43,4 milliards de CDF. Ainsi, à fin décembre 2013, l’encours s’est situé à 164,3 milliards contre 95,0 milliards en 2012, soit une ponction annuelle de 69,3 milliards de CDF.
Aussi, dans le souci de provoquer une mutation structurelle dans la liquidité des banques à l’effet de soutenir les crédits à longue maturité, la BCC a introduit la discrimination positive du coefficient de la réserve obligatoire. Pour les dépôts à vue, il est passé de 7,0 % à 8,0 % et maintenu à 7 % pour les dépôts à terme.
Perspectives 2014
La BCC entend maintenir sa principale ligne de conduite, à savoir pérenniser la stabilité monétaire tout en consolidant la stabilité financière. Par ailleurs, une attention particulière sera accordée à l’accompagnement de l’activité économique. C’est ainsi que, dans le cadre de son plan stratégique pluriannuel, plusieurs seront amorcées dès 2014. On peut noter: le renforcement du cadre opérationnel de la politique monétaire notamment par l’introduction d’un BTR à trois mois en vue de faire face, de manière plus stable aux éventuels chocs sur la liquidité; l’accélération du projet de fonds de garantie de dépôts et la modernisation de la centrale des risques lesquels permettront une expansion du crédit à l’économie en préservant l’épargnant et les institutions financières; l’atteinte de l’interopérabilité monétique en monnaie nationale au niveau des distributeurs des billets au moyen de l’acquisition d’un switch approprié de façon à économiser la monnaie fiduciaire tout en accélérant les transactions. Le Comité de politique monétaire s’est dit satisfait de la coopération interinstitutionnelle qui a caractérisé les politiques macroéconomiques en 2013, lesquelles ont, sans nul doute, contribué à l’atteinte des objectifs assignés à la BCC par le législateur.