BEF : À vous entendre donc, les Congolais ont besoin d’une alimentation diversifiée et de qualité…
LPO : Exact ! Les Congolais ont besoin d’une nourriture diversifiée pour augmenter leur espérance de vie. L’espérance de vie des Congolais est fonction de leur alimentation. La performance de la vie des Congolais doit être contrôlée en grande partie par l’amélioration de l’hygiène et de la médecine, mais aussi par l’alimentation. En effet, les progrès de l’agriculture ont permis de produire des aliments plus diversifiés (sélection végétale), contribuant ainsi à un meilleur équilibre nutritionnel.
L’intensification des méthodes de culture a également permis d’augmenter les rendements et donc de produire suffisamment pour couvrir les besoins alimentaires du pays à des niveaux de prix abordables. L’État congolais doit renforcer les règlements sanitaires et les procédures de contrôle pour conduire la population à une alimentation beaucoup plus saine. Cela pourrait éviter les intoxications alimentaires qui sont beaucoup plus fréquentes (lait, grippe aviaire, œufs… souvent mal conservés).
BEF : Vous préconisez donc une alimentation équilibrée et variée…
LPO : Une alimentation équilibrée et saine est essentielle pour garder une bonne santé. Nous sommes de plus en plus soucieux de notre alimentation et beaucoup se posent la question légitime des résidus de pesticides dans les aliments. Des tests sophistiqués au laboratoire permettent de détecter des quantités infimes des résidus.
L’agriculture possède en partie la clé du problème : en fournissant à tous les Congolais une alimentation de qualité, riche en fruits et légumes, combinée à des habitudes de repas équilibrés, elle peut assurer la santé à tous les citoyens congolais (enfants, femmes, jeunes, adultes et âgés). Les produits issus de l’agriculture subissent une transformation de plus en plus poussée par l’industrie agroalimentaire et leur teneur nutritionnelle évolue (sucres, fibres, matières grasses…).
BEF : Et à propos de l’éducation, que faut-il retenir de cette théorie ?
LPO : Le développement socio-économique de la RDC est lié à l’éducation. La transformation du système socio-économique, le changement technologique et institutionnel, l’augmentation de revenu par tête, l’évolution des mentalités ont une influence sur le système éducatif de la RDC. Le pays doit planifier un nouveau système pour améliorer les conditions socio-économiques des citoyens congolais. Le développement socio-économique global doit passer par l’éducation dont l’enseignement agricole est directement impliqué. Le développement agricole doit être accompagné par la transformation sociale et économique du pays.
BEF : Quel est le rapport de l’éducation à l’agriculture ?
VLPO : L’amélioration du secteur éducatif a une influence directe sur la meilleure productivité agricole. Certains chercheurs pensent qu’en Afrique subsaharienne, l’éducation n’influence pas la production agricole.
Cependant, l’agriculture traditionnelle a souvent des limites et la production est faible tandis que l’agriculture mécanisée exige un certain niveau de compréhension (éducation). L’éducation a un effet direct sur la productivité agricole. On peut mesurer les résultats d’un fermier éduqué (manager) et un fermier traditionnel par leur décision et la manière de comprendre les effets de la production agricole sur le terrain.
Par ailleurs, la malnutrition des enfants démontre le taux de baisse du quotient intellectuel. Le quotient intellectuel calculé par Stern (appelé aussi plus tard QI classique) est un quotient calculé en comparant l’âge réel (chronologique) de l’enfant à son âge mental. Le QI égale le rapport entre l’âge mental divisé par l’âge chronologique et multiplié par 100. Par exemple, un enfant de 10 ans réfléchit comme un enfant de 12 ans. Son QI sera calculé comme suit : 12×10/100. 12 est le QI de l’enfant de 10 ans. Donc on peut dire que cet enfant est un génie.
Un enfant précoce (2 ans, par exemple) apprend seul la lecture et peut regarder la télévision et comprendre ce qui est dit sans beaucoup d’effort. Cela suppose qu’il possède tous les éléments nutritifs dès la naissance qui permettent de booster son intelligence.
BEF : Que pourriez-vous dire en conclusion ?
LPO : L’agriculture congolaise est un secteur important de l’économie nationale. Elle devrait contribuer à l’excédent commercial. Malheureusement, ce secteur a connu un retard considérable. Les conséquences de cette négligence augmentent le taux d’inflation, rarement stable, dans le pays. Créer une agriculture moderne augmentera la production, et la croissance économique va suivre. En RDC, les données de production agricole ne sont pas matérialisées et ni publiées. La sélection des semences améliorées et la mécanisation agricole sont des axes importants pour améliorer la production agricole.
Les éléments suivants peuvent aider et augmenter l’économie agricole : la recherche de nouvelles voies pour la santé des plantes (biotechnologie et biologie moléculaire) ; les stratégies des partenariats de recherche pour améliorer la qualité des produits agricoles, de la semence à la récolte, et pour découvrir de nouvelles méthodes alternatives ; la promotion de l’agriculture et des bonnes pratiques auprès des fermiers.
Avec un minimum d’efforts, la RDC peut récupérer sa place de grenier de l’Afrique grâce à ses ressources naturelles, forêts, eaux, mais aussi et humaines. La théorie du Triangle de la vie prendra effet à partir de la RDC et le reste de l’Afrique et du monde suivra.