L’accès universel à l’électricité à l’horizon 2030 (Objectif du SE4ALL), signifierait pour la République démocratique du Congo qu’il y a des gaps à combler. Tenez : Au niveau national, le taux d’accès à l’électricité passant de 9 % en 2011(pour une population estimée à 72,8 millions d’habitants) à 100 % en 2030 (pour une population de 143 millions d’habitants). En milieu urbain, un taux d’accès passant de 35 % en 2011 (pour une population de 25,5 millions d’habitants) à 100 % en 2030 (pour une population de 48,4 millions d’habitants). Et en zone rurale, un taux d’accès passant de 1 % en 2010 (pour une population de 47,3 millions d’habitants) à 100 % en 2030 (pour une population de 94,5 millions d’habitants).
Ces projections sont contenues dans le rapport « Énergie pour tous» réalisé par le ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Le rapport souligne que pour atteindre l’objectif d’électrification universelle à l’horizon 2030, la consommation finale d’électricité devrait être alors de l’ordre de 149 528 Gwh en 2030, soit une multiplication par 23,8 du niveau de consommation actuelle, ou par 11,25 fois la consommation finale moyenne d’électricité par tête d’habitant, qui passerait ainsi de 1 394 kWh/an/hbt en 2011 à 15 685 kWh/an/hbt) en 2030. Comme on le voit, le gap est très important, et surtout supérieur à toutes les prévisions actuelles de croissance du secteur électrique de la RDC à l’horizon 2030 car il s’agira de rendre accessible l’électricité à toute la population du pays (Objectif de l’accès universel à l’électricité).
Les principaux obstacles
L’utilisation des sources d’énergie modernes pour la cuisson (gaz et électricité) est encore très faible, voire insignifiante. Les chaînes d’approvisionnement en bois énergie (bois de chauffe et charbon de bois) sont les seules qui soient réellement très décentralisées (et atomisées) jusqu’à la porte des usagers finaux ruraux comme urbains (accessibilité physique). La pénétration du gaz domestique est limitée par le prix du combustible, la disponibilité physique du produit, la faiblesse des réseaux d’approvisionnement et surtout la présence d’un produit concurrent, à savoir le combustible ligneux (bois de feu et charbon de bois) relativement bon marché et physiquement plus accessible. Aucune prospective réaliste de l’évolution de la consommation de la biomasse-énergie en RDC ne conclut à sa disparition dans le bilan énergétique du pays à l’horizon 2030. Mais des actions conjuguées d’électrification rurale et de promotion de l’utilisation domestique des combustibles modernes (gaz naturel, méthane, gaz butane, etc.) et des biocarburants auraient pour conséquence de désamorcer la courbe d’évolution de la demande finale de combustibles ligneux (bois et charbon de bois notamment) à cause de l’impact des substitutions inter énergétiques. Les quatre principaux obstacles de la RDC pour l’accès durable de tous à l’énergie sont, selon les experts du PNUD, la capacité institutionnelle limitée pour la gouvernance adéquate du développement du secteur de l’énergie dans son ensemble (obstacle institutionnel), la faible capacité nationale de financement (public et privé) et la forte dépendance au financement extérieur public et privé (obstacle financier), le retard technologique en matière d’efficacité énergétique, de maîtrise de l’énergie et de valorisation des sources nouvelles et renouvelables d’énergie, et la forte dépendance au transfert de technologies et savoir-faire et contraintes de marchés (obstacle technologique) ainsi que la pauvreté des populations, notamment rurales et périurbaines et son incidence sur le pouvoir d’achat (pauvreté des populations et inaccessibilité économique des services énergétiques modernes).
Par conséquent, l’atteinte de ces trois objectifs de l’Initiative Énergie durable pour tous (EDT) nécessiterait beaucoup de portance et de poussée au triple plan financier, politique et institutionnel. La coopération technique et financière régionale, dont notamment celle du PEAC et de la CEMAC et internationale sera nécessaire pour combler le gap qui sera laissé par l’insuffisance des moyens nationaux. Tout ceci nécessiterait un réel et fort engagement politique national et international sur le long terme.
Stratégie nationale
La stratégie nationale SE4ALL-RDC vise le développement. Elle est en adéquation avec la réduction de la pauvreté, les trois objectifs généraux de l’initiative mondiale SE4ALL-2030, et une série de onze objectifs spécifiques répartis entre les programmes et les sous-programmes thématiques et sectoriels. La stratégie nationale a commencé par la mise en œuvre du Programme prioritaire d’urgence à court terme (horizon 2015) en vue de la mise à niveau et du renforcement des capacités nationales (institutionnelle et humaine). Puis, elle est opérationnalisée à travers le premier Programme à moyen terme quinquennal (2016-2020) dont la phase 1 consiste en la mise en œuvre des Programmes nationaux.