JOINDRE l’acte à la parole, c’est la marque de fabrique de Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Répondant aux questions des parlementaires, le mardi 26 mai dernier, au Sénat, sur la problématique des tests et des dépistages, le 1ER Ministre avait fait remarquer que la décentralisation immédiate n’était pas possible car l’équipement de diagnostic de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) n’était pas transférable vers d’autres sites. Et parce que les réactifs de biologie moléculaire pour le diagnostic ne convenaient qu’aux équipements high-tech de l’INRB.
Mieux, il avait annoncé : « Dès la semaine prochaine [du 1er au 7 juin], les tests de diagnostic et de dépistage seront décentralisés, le gouvernement ayant en effet acheté plus d’un million de tests rapides, et les cartouches GEnXpert sont également disponibles pour un diagnostic plus large dans le pays. » Et voilà, Sylvestre Ilunga Ilunkamba s’est rendu en début de semaine dernière à Lubumbashi pour présider personnellement la cérémonie de remise des kits de dépistage rapide aux autorités provinciales, avec à leur tête Jacques Kyabula Katwe, le gouverneur de la province du Haut-Katanga. L’événement a eu lieu au grand laboratoire de Lubumbashi.
Ce matériel va permettre à l’équipe provinciale de riposte à la pandémie de Covid-19 de bien mener son action. Pour rappel, le 1ER Ministre avait présidé le lundi 18 mai l’événement de la remise à l’INRB à Kinshasa d’un important lot de kits de tests de dépistage rapide du Covid-19.
Soit 50 000 cartons de 25 pipettes fournis par la firme belge Zentech de Liège en Belgique. Ces kits ont été commandés par le gouvernement sur fonds propres pour un montant de 520 000 dollars. Sylvestre Ilunga Ilunkamba avait par ce geste voulu lancer un signal fort : le gouvernement est aux côtés de la population pour répondre à ses préoccupations de la population dans la lutte contre la pandémie de coronavirus, notamment sur l’insuffisance du matériel et des équipements médicaux mais aussi sur la lenteur dans la transmission des résultats de tests de dépistage.
Après la cérémonie de remise des kits de tests de dépistage rapide, le 1ER Ministre s’est rendu sur le site où est en train d’être construit l’hôpital du Cinquantenaire en cours d’achèvement, et qui sera opérationnel dans un proche avenir.
État d’urgence
Le Parlement a voté la semaine dernière (à l’Assemblée nationale, le jeudi 6 juin, et au Sénat le samedi 6 juin) pour la prorogation de l’état d’urgence sanitaire pour 15 jours encore (pour la 4è fois consécutive) à partir du dimanche 7 juin, en raison de l’évolution de la pandémie de Covid-19. Le Conseil des ministres avait adopté le projet de loi portant modalités d’application de l’état d’urgence et de l’état de siège en RDC pour se conformer à l’article 85 de la constitution.
La controverse s’enfle à propos de l’état d’urgence sanitaire. Au Parlement, le débat a été houleux. La tendance est que le gouvernement ne prend pas la bonne mesure pour la riposte à la pandémie à court terme. Dans ce cas, le déconfinement et la reprise des activités sont une nécessité pour la survie économique et sociale du pays. En d’autres termes, apprendre à vivre avec le Covid-19. Pour rappel, dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, les rassemblements de plus de 20 personnes dans des lieux publics en dehors du domicile familial, les activités sportives, les discothèques, les bars, les cafés, les restaurants et l’organisation du deuil dans des salles sont interdits. Et les écoles et universités restent fermées.
Concernant la situation épidémiologique dans le pays, à la date du samedi 6 juin, 4 016 cas étaient confirmés dont un seul cas considéré comme « probable », 537 cas guéris, 85 décès dont un seul cas « probable », 316 cas suspects détectés après investigations, 138 nouveaux cas confirmés (123 à Kinshasa, 14 au Sud-Kivu et 1 au Kongo-Central), 492 échantillons testés. Selon le secrétariat technique du comité de riposte au Covid-19, il n’y a pas de personne sortie guérie, mais 3 nouveaux décès de cas confirmés et 2 769 patients suivis sont en bonne évolution de santé. Ce qui est une donnée rassurante.
La pandémie continue de se propager, particulièrement à Kinshasa, l’épicentre, avec plus de 3 000 cas signalés, soit plus de 80 % du total des personnes contaminées. Une nouvelle province est touchée, l’Équateur, passant ainsi le total à 11 provinces contaminées : Kinshasa (3 625 cas), Kongo-Central (212 cas), Sud-Kivu (84 cas), Nord-Kivu (53 cas), Haut-Katanga (33 cas), Ituri (2 cas), Kwilu (2 cas), Kwango (1 cas), Haut-Lomami (1 cas), Tshopo (1 cas) et Équateur (1 cas). Le secrétariat technique du comité de riposte au Covid-19 insiste sur la stricte observance des gestes barrières afin de stopper la pandémie. En plus, la population doit éviter l’automédication et faire confiance aux équipes déployées sur le terrain.
Par ailleurs, depuis que la pandémie de Covid-19 a été déclarée le 10 mars dans le pays le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) dit avoir documenté 70 cas de violation des droits de l’homme par des agents de l’État, faisant au moins 151 victimes. La Banque africaine de développement (BAD) a fait un don à la RDC pour la résilience de la riposte dans le cadre de son assistance (13 millions de dollars) aux pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).