Le COMESA et la BAD montent sur la ligne de front

Le Marché commun pour le développement de l’Afrique orientale et australe veut aider les 21 pays membres dont la RDC à développer leurs capacités à résister aux catastrophes liées au réchauffement.

LA MISE en place du Cadre régional de résilience au changement climatique est la conséquence de la vulnérabilité croissante des pays en Afrique australe et orientale aux manifestations du réchauffement climatique telles que les inondations, les glissements de terrain, les sécheresses, les cyclones ou les épidémies. Le Marché commun pour le développement de l’Afrique orientale et australe (COMESA) espère ainsi venir à bout des approches inefficaces et désordonnées de gestion de ces types de phénomène. « Les ressources rares allouées aux projets de développement indispensables sont réorientées pour la gestion de ces catastrophes, maintenant ainsi plusieurs pays dans le cercle vicieux de la pauvreté et du sous-développement », a affirmé Mclay Kanyangarara, le conseiller en changement climatique du COMESA.

Le projet doit être soumis à l’ensemble des 21 États membres du plus grand bloc économique en Afrique pour un examen détaillé. Il a été élaboré avec l’appui des partenaires tels que la Commission de l’Union africaine (UA), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), les communautés économiques régionales.

Entretemps, la Banque africaine de développement (BAD) vient de lancer la phase pilote de son initiative de mobilisation des fonds pour l’adaptation au changement climatique (Adaptation Benefits Mechanism, ABM). Cette initiative est destinée à mobiliser des financements publics additionnels et de nouveaux financements privés au profit des actions d’adaptation et de résilience aux effets du changement climatique. L’ABM permettra la création d’un nouvel actif certifié « mesures d’adaptation », en conformité avec l’Accord de Paris sur le climat, les engagements des pays dans la lutte contre le changement climatique et les objectifs de développement durable.

Trois développeurs de projets participent à cette phase pilote : le Centre international d’agroforesterie de Côte d’Ivoire, Whave Solutions, une entreprise sociale agissant auprès des populations pour un meilleur accès à l’eau en Ouganda et le Centre pour la gouvernance et les études sur la sécurité humaine au Rwanda.

« Les mécanismes innovants d’incitation au financement de l’adaptation sont nécessaires afin d’accélérer la transition vers une économie bas carbone, ainsi que l’amélioration de la résilience de l’Afrique aux changements », a affirmé Anthony Nyong, le directeur du département Changement climatique de la BAD. L’institution financière panafricaine a également augmenté son financement à l’adaptation au cours des dernières années, le faisant passer de 30 % en 2016 à 49 % en 2018.Par ailleurs, la Tunisie rejoint l’Initiative pour l’adaptation de l’agriculture africaine au changement climatique AAA. Lancée en 2016 par le Maroc en marge de la 22è conférence des parties (COP22) sur le changement climatique, cette initiative veut contribuer à la sécurité alimentaire et promouvoir des pratiques d’adaptation au phénomène. Elle entend mettre en œuvre des projets relatifs à l’amélioration de la gestion des sols, la maîtrise de l’eau d’irrigation et la gestion des risques climatiques. Pour rappel, l’Initiative AAA est le volet agricole de l’Initiative pour l’Adaptation en Afrique (AAI) mise en œuvre par l’Union africaine (UA). Six des 10 pays les plus touchés par le changement climatique sont situés en Afrique. En outre, les rendements agricoles sur le continent africain pourraient chuter de 20 % d’ici 2050 en l’absence d’une adaptation aux changements climatiques.

Les craintes des ONG

Malgré les avancées et les efforts considérables des partenaires au développement et des autres parties prenantes, les défis restent encore énormes en matière de gestion durable des forêts et de gouvernance en République démocratique du Congo. Ces défis se résument à peu près à ceci : améliorer la gouvernance dans le secteur, engager les réformes nécessaires d’assainissement du secteur (levée ou non du moratoire, révision du code forestier, élaboration d’une politique forestière, etc.), appliquer strictement les dispositions légales et réglementaires sur l’ensemble du secteur, se doter d’une vision holistique partagée sur la gestion des forêts dans leur globalité. 

Il s’agit aussi d’allouer des ressources nécessaires, diversifier l’économie forestière, aménager de façon durable les concessions et les autres espaces rurales, prendre des mesures de valorisation des ressources forestières dans leur diversité, de contrôle forestier et faunique, certifier et tracer les forêts à conquérir, mettre fin à l’exploitation forestière abusive et illégale, et de réchauffer les négociations APV FLEGT.

Il n’est donc pas question d’ouvrir la deuxième plus grande forêt tropicale du monde aux exploitants forestiers. Sinon jusqu’à 75 millions d’ha de forêt vierge pourraient être en péril, soulignent ces ONG. Le gouvernement attend que l’État soit rétribué pour l’apport de ses 145 millions d’ha de forêts à la lutte contre le réchauffement climatique dans le monde. Dans la perspective d’une gestion durable des forêts du bassin du Congo, un programme de conservation ambitieux a été annoncé lors de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement et du One Planet Summit.

Rassemblant six pays (Cameroun, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Guinée équatoriale, Gabon et République du Congo) pour assurer l’avenir de l’un des écosystèmes les plus vitaux du monde, ce programme est doté d’un financement de 63 millions de dollars des États-Unis. Objectif : stabiliser la couverture forestière, les tourbières et les populations d’espèces sauvages dans l’ensemble du bassin du Congo.

S’étendant du golfe de Guinée à l’Ouest à la vallée du Rift à l’Est, le bassin du Congo est le cœur de la biodiversité africaine. Couvrant 530 millions d’ha répartis dans six pays, le bassin abrite environ 70 % du couvert forestier du continent et abrite un cinquième de toutes les espèces vivant sur notre planète. Abritant le plus vaste éventail de plantes et d’animaux d’Afrique, les forêts du bassin sont l’habitat de la plus grande population d’éléphants de forêt en voie de disparition et représentent la quasi-totalité de l’aire de répartition du gorille des plaines de l’Ouest, l’ensemble de l’aire de répartition du Bonobo et une grande partie de l’aire de répartition des chimpanzés.

Les forêts sont également essentielles pour atténuer les effets du changement climatique. Des estimations récentes suggèrent que le bassin du Congo séquestre plus de 60 milliards de tonnes de carbone, plus que toutes les forêts tropicales de l’Amazonie et de l’Asie réunies. Alors que le rythme de développement limité dans la région a protégé « passivement » les écosystèmes du bassin du Congo par le passé, les politiques nationales visant l’émergence économique dans les années à venir, une forte dépendance à l’égard de l’exploitation des ressources naturelles et une population en augmentation menacent la durabilité actuelle des 300 millions d’hectares de forêts de la région.