À LA SUITE de l’écroulement du pont Boma, la circulation routière est quasiment interrompue entre les centres commerciaux de Wanga, Moku et Watsa sur la route nationale RN 26 depuis le 2 octobre 2019. Les perturbations dues à l’effondrement du pont Boma ont sensiblement perturbé les populations de la région, très dépendantes des travaux agricoles dont l’écoulement vers les lieux de négoces dépend de l’ouvrage endommagé. Comme par un effet domino, le trafic sur la RN 27 (Kasindi-Beni-Butembo) et la RN 6 dans le Haut-Uele s’en trouve sensiblement réduit. Bus de transport en commun et taxi-motos qui animent l’axe Watsa-centre de négoce de Wanga-Gloria-Moku-Ngangazo-Beverendi-Dubele-Watsa-Durba, en allant vers Aru et Ariwara, dans la province voisine de l’Ituri se sont raréfiés et les activités commerciales tournent au ralenti.
Il y a deux ans, le pont Semuliki, jeté sur la rivière portant le même nom, s’était écroulé moins d’une semaine après sa reconstruction. De l’avis des experts, la résistance des ponts et chaussées compte parmi les points faibles des entreprises de génie civil évoluant en République démocratique du Congo. Il y a à peine deux mois que les ingénieurs de l’Agence congolaise de grands travaux (ACGT) ont achevé un séminaire de renforcement des capacités sur la résistance de la chaussée grâce au logiciel El Mod.
Longévité des infrastructures
L’Agence ne va plus tâtonner dans ses calculs manuels, s’est, en substance, félicité Médard Ilunga Mwamba, son directeur général, au terme de ce séminaire. Le logiciel El Mod, a fait savoir le patron de l’AGCT, est un outil adéquat et performant pour le mesurage d’autant plus que l’utilisation d’une chaussée nécessite les auscultations courantes ou annuelles afin de bien garder la chaussée en très bon état. Médard Ilunga Mwamba a, en effet, admis combien il est difficile pour les ingénieurs de son organisme d’obtenir le meilleur résultat par le calcul manuel. Le formateur, Marco Francesconi, venu de la société Dynatest de Danemark, a d’ailleurs soutenu qu’il est aléatoire d’évaluer le niveau de dégradation, ni de micro fissure de la chaussée à l’œil nu. C’est ainsi qu’il est important d’avoir des équipements qui permettent avec les différents essais de constater le véritable état de la chaussée avec des caractéristiques mécaniques qui indiquent que la chaussée peut bien supporter les charges du trafic qui lui sont imposées et aussi de bien chiffrer la résistance de la chaussée que ce soit routière ou aéroportuaire. Avis d’expert, le logiciel El Mod dispose, en effet, de facultés d’examiner et de déterminer la période à laquelle on peut faire la maintenance de la route, de calculer aussi la durée de la chaussée, de traiter le résultat obtenu à partir de ce logiciel et avoir les valeurs sur la capacité de la chaussée afin de prévoir la période d’une éventuelle réhabilitation.
Le directeur général de l’ACGT est d’avis que son établissement va désormais à apporter davantage des solutions pour l’entretien, le traitement des chaussées routières et aéroportuaires de la RDC. Mais l’Office des Routes (OR) a levé l’option de céder aux privés la réhabilitation et la gestion (péage) de certaines routes nationales dans l’Est mais le projet semble s’enliser alors que les ponts et routes en terre battue s’affalent à la queue leu leu, à la faveur du retour des pluies.
OR et Pro-routes
Comme pour sauver ce qui peut l’être encore, le gouvernorat du Haut-Uélé dirigé par le Gouv Christophe Baseane Nangaa a lancé, il y a peu, des travaux de réhabilitation de la route Watsa-Faradje et du pont Bomokandi sur fonds propres. Pourtant, les travaux de la réhabilitation de la RN 27 Komanda-Bunia-Goli, 300 km, en Ituri, grâce à un financement de la Banque mondiale. Et tout comme le chef de l’État, la Banque mondiale a aussi souhaité que l’Office des Routes joue dorénavant un rôle plus prépondérant sur différents chantiers routiers. Il sied de rappeler que la réhabilitation de la RN 27 a été confiée à l’entreprise chinoise Zenghei Corporation. Cependant la Banque mondiale a formellement notifié la Cellule des infrastructures du ministère des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction (ITPR) d’exiger à l’entreprise Zenghei plus d’efficacité et de vélocité sans précipitation funeste, afin que l’Office des Routes procède à d’autres travaux. Autres routes dont le financement des travaux est assuré par la Banque mondiale dans le cadre du projet Pro-Routes, dans le volet de la mise en œuvre des activités de lutte contre la Violence Sexuelle et Basée sur le Genre (VSBG), la route nationale RN 2, dans la province du Sud-Kivu sur le tronçon Bukavu-Goma (146 km).
Pro-Routes a été initié en 2008 pour répondre aux impératifs de la connectivité des provinces de la RDC, à travers des routes en terre battue, étant donné que plusieurs localités du pays étaient restées enclavées à cause du délabrement avancé des infrastructures routières. Pro-Routes vise, en priorité, le rétablissement durable d’un accès entre les capitales provinciales et les districts et territoires dans les trois ex-provinces de la province Orientale, le Sud-Kivu et le Katanga démembré. Le projet vise précisément de rouvrir environ 1 800 km de routes hautement prioritaires et d’en assurer l’entretien.
Sa deuxième composante porte sur le renforcement institutionnel, en fait le ministère de tutelle et les agences de gestion du secteur routier, notamment au niveau de la formulation d’une stratégie et d’une politique routière. Pro-Routes devrait également aider l’État à se doter d’une industrie de construction routière. Pro-Routes a repris grâce à un financement additionnel de la Banque mondiale sous forme de prêts de quelque 63,3 millions de dollars. Quasiment le même montant que le Trésor public devrait apporter pour financer les travaux que l’Office des Routes devrait exécuter, selon les programmes d’urgence du chef de l’État.