Le Congo sur la liste noire du cabinet Control Risks

Une dizaine de pays africains, dont la République démocratique du Congo, s’apprêtent à organiser cette année des élections présidentielles et législatives. Pour les investisseurs, la période électorale est celle de l’incertitude du lendemain. Et les plus avisés se réfèrent souvent aux cabinets de conseil avant de prendre le risque se lancer dans l’aventure.

Les élections constituent un élément fondamental pour les investisseurs dans la prise de décisions.
Les élections constituent un élément fondamental pour les investisseurs dans la prise de décisions.

En publiant en décembre 2015 sa carte annuelle des risques sécuritaires, géopolitiques et économiques pour les entreprises et les personnes à travers le monde, le cabinet de conseil britannique Control Risks a relancé le débat sur le risque politique en Afrique dans la perspective électorale. Au moins 13 pays sont entrés cette année dans le cycle des élections. Et tous ces pays figurent sur la liste noire de Control Risks. À l’analyse, seuls huit États (Maroc, Cap-Vert, Seychelles, Namibie, Maurice, Sénégal, Ghana et Botswana) se trouvent dans la catégorie des pays à « faible risque ».

La stabilité en question

Ce sont là des destinations que Control Risks conseille aux investisseurs internationaux pour s’installer ou faire des affaires en toute sécurité. « Ils peuvent y créer des filiales ou envoyer des représentants pour obtenir de nouveaux marchés sans que la sécurité de leurs employés ou leurs intérêts ne soient menacés », déclare un expert de ce cabinet.  Jean Mulenga, avocat d’affaires, souligne que la stabilité politique est désormais un élément déterminant dans l’appréciation du risque politique. « C’est ainsi que la République démocratique du Congo est encore considérée comme une destination risquée en termes d’affaires étant donné qu’elle se trouve dans une région dynamique où la stabilité d’un pays ne peut pas être garantie », explique Jean Mulenga. Cependant, dans la perspective électorale, les sociétés d’assurances augmentent les taux de primes. Par exemple, les primes collectées relatives à la couverture du risque politique en République démocratique du Congo avaient augmenté de 40 % en 2010 par rapport à 2009, la veille de l’année électorale.

Toutefois, la pratique a parfois démenti la théorie. Dans les pays présentés comme à risque élevé, l’expérience a montré que le gain espéré par les investisseurs étrangers l’emporte largement sur le risque pays. « Ils bénéficient généralement d’une grande protection contre le risque politique avec les assurances. Et ils sont convaincus que dans le désordre, il y a souvent une chance à saisir », poursuit Jean Mulenga. En tant que membre de l’Agence pour l’assurance du commerce en Afrique (ACA), la République démocratique du Congo a pris l’engagement d’éviter tout sinistre causé par les actions ou les inactions de son gouvernement relatif au projet couvert par l’ACA. En 2010, cette agence a assuré le risque politique afférent aux projets de construction de logements et de l’industrie minière pour une valeur de 172 millions de dollars. L’ACA a réussi à faciliter les investissements étrangers grâce à l’assurance du risque politique connu aussi sous le nom d’assurance investissement. Elle protège les investisseurs et les prêteurs de toute action du gouvernement ou de la violence à motivation politique susceptible de nuire à leurs intérêts commerciaux. Quant à l’assurance crédit à l’exportation, elle couvre les risques de non-paiement et de défaut de paiement inhérent aux contrats de réalisation des travaux ou de fourniture avec des entreprises privées, les organismes gouvernementaux ou avec le gouvernement. Jean Mulenga renseigne que le volume d’affaires pour l’assurance crédit à l’exportation est en hausse dans les pays à risque élevé. « Les demandes proviennent des prêteurs, des fournisseurs et des entreprises qui souhaitent expédier les marchandises ou des entrepreneurs qui veulent contracter avec un organisme gouvernemental », précise cet avocat d’affaires. « Malgré les défis actuels, les investisseurs continueront à chercher des opportunités », conclut l’avocat Jean Mulenga. En 2010, par exemple, le montant des projets couverts par l’ACA s’élevait à 770 millions de dollars avec une projection de croissance estimée à 6,8 %. Créée en 2001, l’ACA est la seule compagnie multilatérale d’assurance du crédit et d’investissement. Sa mission est de promouvoir l’investissement direct en assurant le risque politique et promouvoir le commerce par l’assurance du crédit risque et du défaut de paiement. Le montant total de ses engagements en termes d’investissement et de commerce s’élève à plus de 2 milliards de dollars. Cette institution est notée grade A par Standard et Poors, ce qui indique sa grande capacité financière. Sa vision est de faire de l’Afrique une destination privilégiée pour le commerce et les investissements. Son rôle est de transformer le risque africain en opportunité par l’assurance et les produits financiers en partenariat avec les secteurs public et privé.