Le contrôle de la qualité des aliments laisse à désirer

Garantir aux ménages des vivres sains est un défi pour le gouvernement. Dans la capitale, des denrées avariées ou infectées sont écoulées sur les marchés en toute impunité.

La viande de boeuf vendue sur le marché doit être de qualité.
La viande de boeuf vendue sur le marché doit être de qualité.

En décembre, pour les fêtes de fin d’année, des commerçants véreux en profitent pour mettre sur le marché des produits impropres à la consommation. C’est pourquoi, l’Association des consommateurs congolais conseillent la prudence aux ménages avant tout achat de viande de bœuf ou de volaille parce que les commerçants trichent souvent en proposant des vivres avariés. À défaut d’un contrôle systématique des produits alimentaires, cette association demande aux ménages de privilégier la viande provenant de l’abattoir public de Masina.

Contrôle d’hygiène

Créé en 1954 sous le régime colonial, mais inauguré en 1964, l’abattoir public de Masina a pour mission de contribuer au contrôle d’hygiène des bêtes en vue de proposer une consommation de viande saine aux consommateurs. Mais cela n’a pas été souvent le cas. Cet établissement fut, par le passé, mis en cause dans des affaires de viande avariée pendant la période des fêtes de fin d’année. François-Joseph Nzanga Mobutu, alors ministre d’État en charge de l’Agriculture et du Développement rural, n’avait pas hésité à suspendre de leurs fonctions le médecin vétérinaire en chef de l’abattoir et six de ses collaborateurs. Il leur était reproché d’avoir permis le dépeçage de bœufs morts et dont la viande avait été vendue au mépris des règles d’hygiène. Il semble que cela avait été rendu possible parce que les vétérinaires et les autres agents n’étaient pas « motivés ». Kinshasa n’est pas la seule ville congolaise à connaître ce genre de pratiques. Au Nord-Ubangi et au Sud-Ubangi, une épizootie décime régulièrement le cheptel bovin et ovin. Les éleveurs et les paysans ne déclarent pas aux autorités compétentes les maladies qui affectent les bêtes. Très souvent, le bétail atteint est déplacé d’une contrée à une autre, favorisant ainsi l’expansion des épidémies.

À Kolwezi, les porcs sont souvent exposés aux maladies. Les autorités sensibilisent les éleveurs sur l’importance à la vaccination. Seulement, sur le marché local, la viande porcine est loin d’être une denrée rare. En 2005, une épizootie s’était déclarée sur toute l’étendue du pays. La Société des grands élevages de Muanda et des élevages à Boma (Bas-Congo), au Bandundu et à Luiza (Kasaï-Occidental) avaient perdu des centaines de têtes de bétail. Le bulletin zoosanitaire et phytosanitaire dressé à l’époque indiquait à l’origine du désastre une maladie saisonnière.

Dans les Kivu, c’est une mosaïque de mouches qui, après une éclipse en 2003, refont surface. Elles s’attaquent aux cultures vivrières et aux cheptels bovins. En 2008, le gouvernement avait prévu dans le budget 700 000 dollars pour la protection de l’environnement et les services vétérinaires dont les abattoirs.

Le financement de la Banque mondiale

Antoine Lukula, médecin vétérinaire et directrice de l’abattoir de Masina pense que la réforme de la législation pour l’adapter aux exigences sanitaires et scientifiques est nécessaire. D’après elle, on ne transige pas avec le contrôle de qualité des aliments. La protection des consommateurs contre les risques de maladie n’a pas de prix. C’est pour cette raison, confiait-elle, que le gouvernement avait décidé de réhabiliter l’abattoir public de Masina. Coût de l’opération : 1 250 000 dollars. Une demande des fonds avait été adressée à la Banque mondiale. Celle-ci a d’abord débloqué 600 000 dollars. Ce qui a permis de construire un mur de clôture et un conduit d’évacuation des déchets vers la rivière Ndjili, ainsi que de réaménager le bâtiment administratif. Le ministère de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Élevage a, en outre, mis à la disposition de cet établissement un incinérateur pour brûler tout produit impropre à la consommation saisi. Selon des fonctionnaires de la direction de la Santé animale du ministère de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Élevage, la Banque mondiale aurait consenti un second financement de 600 000 dollars pour la réhabilitation de la loge des bêtes et l’équipement en matériel moderne. L’abattoir de Masina emploie près de 10 inspecteurs vétérinaires, 60 abatteurs et une dizaine de nettoyeurs. Antoinette Lukula explique qu’il y a 3 modes de destruction de la viande impropre : l’enfouissement, l’immersion et l’incinération. Les deux premières techniques ne sont pas d’usage à l’abattoir public de Masina pour éviter que des personnes malintentionnées déterrent ou plongent dans l’eau pour récupérer la viande impropre et nuisible à la santé.

Il y a des services connexes tels que le département des prix et de vérification des documents de commerçants, la Direction générale des recettes de Kinshasa (DGRK). Elle perçoit la taxe d’abattage, 5 dollars par bête abattue. L’ingénieur zootechnicien Tshibangu Mpongo s’occupe de l’expertise technique du matériel de l’abattoir. Pour lui, l’État n’a plus de bêtes à abattre depuis les pillages des années 1990. Le grand fournisseur de l’abattoir actuellement est Jules Van Lanker (JVL) qui le pourvoit à partir de ses fermes de Mushie, dans l’ex-Bandundu, et de Kolo-Fuma, au Kongo-Central. Cette entreprise fournit des bêtes de boucherie. L’on évite des bêtes de reproduction pour ne pas connaître la diminution dans la production animale, souligne-t-il. Les bêtes qui arrivent à l’abattoir de Masina sont d’abord enregistrées et sont ensuite soumises à un examen par le service vétérinaire pour déceler les maladies.