Le Fonds Bleu, une nouvelle approche de développement

Le Fonds bleu s’inscrit dans le prolongement de la COP22.

Le Fonds Bleu est un projet de la Fondsation Brazzaville pour la paix et la préservation de l’environnement. Son conseil consultatif est constitué des personnalités de haut rang dont d’anciens chefs d’État africains. C’est dans la ville natale, Oyo, au nord de la République du Congo, que cette initiative a été officiellement lancée (6-9 mars). Initié par la Fondsation Brazzaville, le projet a été entériné au Maroc lors de la COP22. À Oyo, neuf des douze pays africains ont signé le Mémorandum d’accord de création du Fonds Bleu… qui vise à préserver les eaux et les forêts de cet espace de 4 millions de km, considéré comme le deuxième poumon écologique de la planète après l’Amazonie. Mais aussi à améliorer les conditions de vie de millions de personnes. C’est le président congo-brazzavillois, Denis Sassou-N’Guesso, qui est à l’origine de l’idée de ce Fonds Bleu. C’est pour la première fois que les douze pays qui se partagent cet incroyable territoire autour du Bassin du Congo se rassemblent et s’engagent sur un chemin commun.

Sans avoir la prétention de remettre en cause le rôle des États dans ce domaine, la Fondsation Brazzaville entend pouvoir solliciter qui elle souhaite sans s’embarrasser des questions diplomatiques, du politiquement correct ou du qu’en dira-t-on. Aucun pays n’est interdit, et tous les réseaux sont ouverts, ceux de la politique, des affaires, des humanitaires… Selon l’ancien président nigérian, Olussegun Obassanjo, membre du conseil consultatif de la Fondsation Brazzaville, interrogé par Paris Match, un nouveau chapitre s’est ouvert en termes de développement. « On a essayé les négociations de gouvernement à gouvernement, l’implantation d’agences spécialisées dans les pays récipiendaires. Et on a vu ceux-là être accusés de détournements, de manque de suivi, d’efficacité, et même d’intégrité. Alors, pourquoi pas explorer ce champ de la société civile, des ONG », a-t-il expliqué.

L’approche nouvelle consiste à amener les intéressés à s’impliquer, sans les forcer, ni les écarter. Il s’agit d’une approche « plus pragmatique » qui se résume à la capacité de trouver les Fondss, de nouveaux donateurs, et peut-être une autre manière de donner. « Nous menons cette réflexion comme le font les Think tank mais le but est d’agir, de lancer des initiatives concrètes pouvant amener à la même table des personnes qui ne le font pas naturellement volontiers », a poursuivi l’ancien président nigérian. En cas de succès, espère-t-il, l’expérience pourrait être étendue ailleurs, notamment dans les trois autres bassins importants en Afrique : Bassin du Zambèze-Limpopo, Bassin du Niger, et Bassin du Nil.

La Fondsation Brazzaville espère donc obtenir des États un certain nombre de législations pour mettre en œuvre les projets, pérenniser les choses. L’idée est aussi de résoudre l’instabilité en créant des intérêts communs, en permettant un développement qui bénéficiera ostentatoirement et rapidement à la population. Les gens s’entendent quand ils ont des intérêts communs, dit un adage africain. C’est pourquoi, la signature du Mémorandum d’accord par les ministres de l’Environnement des neuf pays (Angola, Burundi, République centrafricaine, Congo, République démocratique du Congo, Gabon, Rwanda et Tchad) est un pas décisif.

Où trouver des Fondss ?

Le Maroc, pays hôte de la COP22, s’est joint à ces pays pour signer ce mémorandum afin d’œuvrer à la réussite de cette initiative. Par contre, les quatre autres pays de la zone (Cameroun, Guinée Équatoriale, Tanzanie et la Zambie), membres du Fonds Bleu, n’ont pas signé cet accord. Pourtant, à la COP22 en novembre 2016, à Marrakech, au Maroc, l’initiative a été accueillie favorablement par les pays africains étant donné qu’elle vise à promouvoir « l’économie bleue » dans la zone géographique de douze pays arrosés par le fleuve Congo. « À tous nos partenaires, aux gouvernements des États signataires, aux donateurs et contributeurs espérés et souhaités, je lance un vibrant appel afin que par nos apports et nos efforts mutualisés, nous donnons corps, âme et vie à notre Fondss et aux projets qu’il portera demain », a déclaré le président Denis Sassou N’Guesso au cours de la cérémonie du lancement du Fonds Bleu, hautement symbolique. Les pays qui ont signé cet accord, entendent lever au cours de cette première année, environ 100 millions de dollars pour le Fonds Bleu et poursuivre des actions à long terme. L’initiative du Fonds Bleu pour le Bassin du Congo prévoit des subventions financières renouvelables, chaque année, à hauteur d’environ 100 millions de dollars. Les Fondss de départ seront constitués par les contributions volontaires des pays signataires, des donateurs et autres bailleurs de Fondss. Le but est de promouvoir une meilleure gestion des eaux, susceptible d’appuyer les initiatives de développement durable, la stabilisation des populations et la sécurité, notamment dans le Golfe de Guinée. En raison des effets du changement climatique et de mauvaises pratiques de pêche et d’utilisation des terres, on observe une dégradation écologique accélérée des écosystèmes aquatiques et côtiers comprises entre les océans Atlantique et Indien, en passant par le Bassin du Congo et la Région des Grands lacs, a laissé entendre un expert de la RDC qui a pris part à cette rencontre d’Oyo.