Pour réduire la fracture numérique, jugée trop grande, entre Libreville et les coins reculés, le pays a conclu un accord avec la Banque mondiale pour construire un premier réseau de câbles qui va connecter ses cinq provinces ainsi que son voisin congolais.
Après avoir longtemps hésité sur le choix à opérer entre la fibre optique et le satellite pour connecter les villages à l’Internet à haut débit, le Gabon a finalement opté pour la fibre optique. Un accord de 54 millions de dollars a été signé entre ce pays et la Banque mondiale pour construire le premier réseau de câbles à fibre optique qui reliera cinq provinces du Gabon et traversera la frontière jusqu’au Congo-Brazzaville. Libreville veut faire de cette connexion à haut débit un vaste programme structurel destiné à appuyer la dynamique du secteur privé afin d’amener à des grandes réformes dans le domaine de la connexion au réseau Internet. Le Gabon est déjà connecté à deux câbles à fibre optique, mais la connexion n’est pas toujours excellente. Ces travaux, qui seront réalisés dans des zones parfois difficiles d’accès, n’empêchent pas le ministre gabonais de l’économie numérique, Pastor Ngoua N’Neme d’être déjà optimiste : « La pose de la première pierre pour le démarrage de ces travaux va être quelque chose d’important. Elle va être le socle de la future croissance du Gabon ». La particularité de ce projet c’est qu’il va permettre un désenclavement numérique des villages gabonais. Le pays envisage non seulement d’être une vitrine technologique mais, en même temps, un point d’interconnexion avec l’ensemble des pays limitrophes. L’enveloppe de 54 millions de dollars de la Banque mondiale, soit environ 29 milliards de FCFA, va permettre de développer des infrastructures numériques, selon Eric Tsouck Ibounde, représentant résident intérimaire de l’institution financière au Gabon. Le haut débit est, selon lui, un levier majeur pour la compétitivité des entreprises et l’attractivité du pays, mais surtout un facteur essentiel d’aménagement du territoire et de développement des nouveaux services innovants, aussi bien pour les entreprises que pour les acteurs publics et les citoyens.
Le marché a été remporté par une firme chinoise
La China Communication Service International (CCSI), filiale du groupe China Telecom, a été sélectionnée pour construire ce réseau appelé aussi Backbone National. Le réseau permettra de relier Libreville à cinq provinces du pays pour se connecter également au Congo-Brazzaville, soit un rayon de 1 100 km. C’est un chantier titanesque qui s’ouvre au mois de novembre car les itinéraires que doivent prendre ces lignes ne sont pas du tout aisés. Les câbles seront enterrés le long de la voie ferrée du Transgabonais, qui relie Libreville à Franceville au Sud-Est du pays. D’autres câbles passeront à travers la dense forêt équatoriale, traverseront des cours d’eau et se faufileront entre les ravins pour atteindre des villages reculés. « Notre société a une grande expérience dans ce genre de travaux. Nous avons étudié tous les tronçons et nous serons entièrement capables de surmonter tous les obstacles », selon Ping Lai Lu, directeur général de la CCSI.
Interconnexion régionale
Avant d’atteindre le Congo, le Gabon doit d’abord construire un deuxième câble sous-marin à fibre optique inter-consortium dénommé African Coast Europe (ACE) et, au niveau national, assurer également une autre liaison entre Libreville et Port-Gentil, pour relier la zone Est. Il est prévu le lancement d’un réseau à haut débit Libreville-Franceville-Koula-Moutou. Un projet d’intégration régionale dénommé Central Africa Backbone (CAB), financé toujours par la Banque mondiale, assurera l’interconnexion avec le Cameroun, mais aussi dans le Sud-Sst avec le Congo. Ce sera ensuite le tour de N’djolé-Bitam-Eboro, Bifoun-Lambaréné-Mouila et Tchibanga-Mayumba. Ce programme national global de près de 3 000 km devrait être déployé dans les trois ou quatre prochaines années. Pour la Banque mondiale, les technologies, l’information et le savoir deviennent les facteurs clés dans le processus de production et de création de la richesse. Elle a rappelé qu’une partie de cet investissement a déjà permis de financer l’arrivée du nouveau câble sous-marin ACE, dont le premier était arrivé sur les côtes gabonaises depuis quelques années. Cette liaison entre les provinces et les chefs-lieux du territoire gabonais se fera aussi avec les pays de la sous-région, notamment le Congo-Brazzaville.
Les avantages
Le projet compte connecter tous les chefs-lieux de provinces, de départements et de districts gabonais, et à favoriser la mise en place des réseaux de télécommunication à haut débit, qui sont, pour les entreprises, des véritables catalyseurs de croissance, grâce à leur soutien à l’innovation et à la compétitivité. Et pour les populations, « des vecteurs irremplaçables de transmission de connaissances et de savoir, porteurs de transformations sociales », a dit le ministre gabonais de l’économie numérique. Longue de 1 140 km, cette fibre optique terrestre va aussi connecter les tronçons Koula-Moutou-Lastourville-Franceville-Bongoville-Lékonie, ainsi que Franceville-Moanda et ensuite Moanda-Bakoumba-Lékoko en direction de la frontière pour rejoindre le projet de fibre optique du Congo. Ces infrastructures numériques, qui relieront les deux pays, seront exploitées, maintenues et commercialisées par un opérateur d’infrastructures privé, qui a une expérience avérée.