Afin de relever l’économie du pays, la RDC a pris l’option d’accroître la production agricole, en particulier le secteur des cultures d’exportation.
Le secteur agricole occupe près de 70% de la population, il est en mesure d’assurer non seulement la sécurité alimentaire à tous mais aussi de procurer des emplois aux populations rurales.
Il va sans dire que la sécurité alimentaire passe par le développement des filières vivrières (manioc, maïs, soja, banane, haricot, riz) et pérennes (huile de palme, thé, cacao, café, coton…). Nombre d’experts du domaine affirment que la relance des filières agricoles équivaut à la reprise de l’économie nationale d’autant plus que les marchés mondiaux sont toujours en quête de café, de cacao, de blé, de riz et d’huile de palme. Pour cette dernière culture, il suffit d’un peu de volonté politique pour que la RDC reprenne sa place de leader dans le monde.
En développant le vivrier, affirme-t-on, on réalise des surplus à exporter. Le lancement du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, à 200 km à l’est de Kinshasa, est une parfaite illustration de la volonté politique du gouvernement de faire du secteur agricole le moteur du développement économique. Un premier site de 10 000 ha de terre a été choisi pour matérialiser cet ambitieux programme en espérant récolter près de 20 000 tonnes de maïs pour les marchés environnants.
Pour le gouvernement congolais, le moment est donc venu de relancer les filières café et cacao qui, jadis, ont contribué efficacement au budget national. En effet, le café a été la plus importante culture d’exportation du Congo Belge (berceau du robusta), après le cuivre du Katanga. L’or vert était plus compétitif sur le marché international et faisait autrefois la richesse des zones rurales.
Relancer la filière dans toutes les provinces
Selon la direction générale de l’Office national du café (ONC), établissement technique du Ministère de l’Agriculture, l’exportation du café, après l’indépendance en 1960, était estimée à 70%-85% des exportations du secteur agricole dans son ensemble, représentant 10 à 15% de la valeur des exportations totales du pays. Dans les années 1970-1980, les exportations enregistrées étaient en moyenne de 80 000 tonnes par an pour une valeur de 250 millions de dollars.
Le café faisait vivre près de 4,8 millions de personnes dans les principales provinces du pays : Bandundu, Bas-Congo, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Province-Orientale, Équateur. Les revenus du café permettaient aux populations de l’intérieur de vivre dans des conditions décentes. Malheureusement, les statistiques de l’ONC, démontrent que la production nationale de l’or vert a chuté de près de 70 % et les exportations de 90%. Ces dernières s’élèvent en moyenne à 10 000 tonnes par an. La tendance à la baisse continue car les exportations ont encore chuté de 11% pour la saison 2012-2013.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation notamment : l’abandon des plantations, le désintéressement des acteurs et surtout la multiplicité des taxes ainsi que les tracasseries à l’exportation. Tout récemment, en 2011, la RDC s’est dotée d’un document de stratégie de relance de la filière café. Celle-ci a été élaborée par tous les acteurs, du planteur à l’exportateur en incluant l’État, l’ONC et la recherche. Il s’est agi de relancer la filière dans toutes les provinces productrices, fournir des emplois en zones rurales et améliorer les conditions de vie des plus vulnérables.
Une compétition déloyale
Pour l’Office national du café, l’une des causes de la chute des exportations est principalement la fiscalité trop élevée supportée par l’exportateur. Cette fiscalité se caractérise par la multiplicité des taxes formelles et informelles à différents niveaux. Elle constitue un obstacle majeur à la relance, poussant même à la réduction des exportations officielles. Soixante-dix-huit pour cent du café congolais sont exportés par les pays voisins.
Dans la chaîne des valeurs du café, 90% des taxes sont prélevées par des services administratifs à hauteur de 130 dollars la tonne alors qu’en informel, ces taxes représentent 27 dollars seulement (source ONC). En général, les exportateurs qui sont reconnus officiellement font face à une forte pression du secteur informel opérant en dehors du système officiel de taxation. Cette compétition déloyale entre les secteurs formel et informel est citée comme une raison ayant entraîné le retrait de nombreux exportateurs de café du secteur ou leur passage dans l’informel.
Quoi qu’il en soit, la République démocratique du Congo dispose encore de tous les atouts pour son développement économique et, au-delà, pour accroître son produit intérieur brut (PIB), dans un contexte où le marché mondial est porteur avec des prix favorables grâce à une demande toujours croissante.
La voie de la fraude
Les défis majeurs pour relever la filière café restent l’amélioration de la productivité, l’augmentation du volume des exportations et de la consommation locale. Selon le ministère de l’Agriculture, les privés et l’ONC, la mise en œuvre de la stratégie de relance de la caféiculture en RDC, élaborée en 2011, peut générer environ 150 millions de dollars pour l’économie nationale. Pour cela, il faut augmenter la production de 70 000 tonnes dont 56 000 de robusta et 14 000 d’arabica ; porter aussi les exportations annuelles à 60 000 tonnes et la consommation locale annuelle à 10 000 tonnes.
Outre les exportations et la consommation locale, une bonne partie du café congolais passe frauduleusement dans les pays voisins. Plus de 50% de la production de l’Est de traverse par les frontières en contrebande (pas de statistiques). Par contre, on estime à près de 50% le café invendu et qui ne peut être évacué des zones difficilement accessibles.
La fraude est la conséquence de la multiplicité des taxes dans le formel et les diverses tracasseries administratives. Le prix offert aux producteurs n’est pas incitatif, ce qui les démotive et les pousse à abandonner la caféiculture.
La libéralisation du marché du café est telle que les achats ne sont faits qu’auprès des acheteurs, en milieu rural. Il faut donc organiser le circuit de commercialisation intérieur avec la participation de l’ONC.
Et, souvent, le café congolais n’est pas compétitif sur le marché international, car étant de mauvaise qualité et produit dans des plantations paysannes. Autrefois, quand la caféiculture était l’affaire des agro-industriels, la qualité était garantie et les différents types de café bien identifiés.
Source : Office national du café (ONC)