A l’approche des festivités de fin d’année, le Gouvernement dit avoir trouvé une solution pour faire baisser les prix des produits de grande consommation, particulièrement les produits alimentaires et soutenir les investisseurs nationaux dans ce secteur. La formule, indique des sources gouvernementales, consisterait à consentir des allègements fiscaux aux entrepreneurs congolais qui justifient d’une certaine expérience dans le commerce des produits de première nécessité. Le gouvernement a donc décidé de composer avec les opérateurs économiques. « Je pense que nous avons un plan plus ou moins clair de ce que le Gouvernement va faire afin que ces entrepreneurs congolais puissent participer notamment à l’approvisionnement du pays en produits alimentaires de première nécessité pendant que nous préparons le dernier trimestre de l’année, de manière à ce que les festivités de fin d’année se passent dans les meilleurs conditions possibles », a indiqué le Vice-premier ministre et ministre du Budget, Daniel Mukoko Samba, au sortir d’une réunion hebdomadaire de la troïka stratégique.
Le ministre de l’Economie et Commerce a, à ce sujet, reçu des instructions pour garantir l’approvisionnement du pays en ce dernier trimestre 2013. D’ores et déjà, le gouvernement salue la volonté affichée par les entrepreneurs de baisser les prix tout en insistant pour que les uns et les autres assument et respectent leurs engagements.
Des mesures concrètes pour baisser les prix
Jean Paul Nemoyato Bagebole, ministre de l’Economie et Commerce a eu des entretiens avec la Fédération des entreprises du Congo (FEC) dans le but d’élaguer la structure des prix en l’expurgeant de toutes les rubriques qui favorisent la surenchère sur les prix. La FEC a eu à organiser un atelier à ce sujet, dont les recommandations ont été transmises au Gouvernement.
Au-delà d’une préoccupation ponctuelle par rapport aux festivités de fin d’année, le Gouvernement veut arrêter des mesures durables qui stabiliseraient les prix en les baissant pour les aligner aux vraies réalités du marché tant national qu’international. Daniel Mukoko Samba expliquait, en effet, que « cette mesure n’est pas liée aux anticipations par rapport aux festivités de fin d’année », mais « elle consiste à modifier de manière sensible le système économique, parce qu’il faut se rendre à l’évidence que nous sommes un pays où le coût de la vie est très élevé alors que les revenus ne sont pas élevés ». Pour le patron du budget donc, « le paquet des mesures qui ressort des conclusions des négociations que le Gouvernement a eues avec les opérateurs économiques contribue à résoudre cette contradiction ».
Dans une démarche beaucoup plus large que l’approche des investisseurs nationaux, les ministères de l’Economie et des Finances avaient réuni, mi-septembre 2013, le patronat congolais, les entreprises du portefeuille de l’Etat, l’Association des consommateurs ainsi que les représentants des établissements publics pour étudier les mesures nécessaires pour baisser les prix des produits de première nécessité, notamment le riz, le chinchard, le poulet et le ciment gris. La rencontre s’est penchée notamment sur les éléments qui surchargent la structure des prix, mais aussi sur la formation de ces prix par les entrepreneurs par rapport aux dispositions légales.
Il a, en effet, été constaté que les opérateurs économiques débordent des limites légales quant à la marge bénéficiaire. « La loi a fixé en des termes clairs la marge bénéficiaire des grossistes et celle des détaillants. Sur cette base légale », a fait observer Jean Paul Nemoyato, « nous allons nettoyer les éléments qui surchargent ces structures.
Atterrissage en douceur
Pour engager cette démarche, le Gouvernement avait initié une enquête auprès du cabinet d’études international Menaa – Finance pour avoir le fin mot au sujet de la formation des prix. Le rapport d’enquête a révélé que la marge bénéficiaire des opérateurs économiques, pour le chinchard par exemple, était trois fois supérieure à la marge légale, soit plus de 33% légalement autorisés. « Le consultant a démontré par exemple, que quand on compare le niveau de prix du panier de la ménagère de la RDC, du Congo-Brazzaville, de la Cote d’Ivoire et du Ghana, le même bien en RDC coûte le double de son prix au Ghana », indiquait, à l’occasion, le ministre de l’Economie et Commerce qui conclura qu’ « il y a là un excès de marge que perçoivent les importateurs ».
Outre l’allègement de la structure des prix, il a été recommandé au Gouvernement de créer les conditions nécessaires pour réduire la grande dépendance alimentaire grâce à la promotion et la professionnalisation de l’agriculture.
Pour leur part, les entrepreneurs ont été encouragés à assurer la transparence dans la structure des prix. « Nous poussons toujours nos membres à la transparence », indiquait le Secrétaire général de la FEC qui expliquait aussi que « quand on a importé un carton de mpiodi (chinchard), qu’on puisse dire : on l’a acheté à tel prix en Namibie, on a payé autant comme frais de transport, qu’est-ce que la douane a coûté et pourquoi le carton est à tel prix ».