SYLVESTRE Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre, n’a pas dérogé à la tradition en présidant la réunion hebdomadaire, le mardi 9 juin, du comité de conjoncture économique du gouvernement. Les ministres concernés (Budget, Plan, Économie nationale, Commerce extérieur, Finances, Mines), le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), ainsi que la ministre de l’Emploi, du Travail et de la Prévoyance sociale, les administrateurs de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et de l’Association nationale des entreprises publiques (ANEP) [invités], étaient tous à la primature.
Au sortir de la réunion, Elysée Minembwe, la vice-1ER Ministre, ministre du Plan, a fait savoir que les conséquences socio-économiques de la pandémie de Covid-19, la rareté des biens de première nécessité sur le marché ont été au centre des discussions. Et de préciser que le gouvernement s’engage à « chercher les voies et moyens » pour faire tourner l’économie au niveau interne, en se tournant vers les secteurs productifs, tels que l’agriculture, la pêche, l’élevage et le développement rural. Par ailleurs, l’exécutif va gérer les finances publiques de manière rigoureuse pour améliorer la vie des Congolais.
Mesures urgentes
On se rappellera que ces engagements de l’exécutif font suite aux recommandations de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République. Lors du Conseil des ministres du vendredi 5 juin, au vu des effets néfastes de la pandémie de Covid-19 sur l’économie, le chef de l’État a engagé le gouvernement à travailler sur la nouvelle stratégie articulée sur deux principaux axes visant la stabilité du cadre macro-économique, d’une part, et, d’autre part, la relance de l’économie nationale en misant sur la réduction de la dépendance aux exportations et le soutien aux secteurs productifs, porteurs de croissance.
Le président de la République a également insisté sur la nécessité de « maximiser les recettes de l’État » en prenant des « mesures prioritaires et urgentes à impact immédiat », notamment par la lutte contre la corruption et le coulage des recettes, le contrôle de l’exportation surtout minière. Une commission ad hoc devra faire des « propositions concrètes » à court terme. Dans ce contexte, a laissé entendre Philippe Egoumé, le représentant du Fonds monétaire international (FMI) en RDC, le mercredi 10 juin, le gap de financement budgétaire dû à la pandémie de Covid-19 dans le pays est de 1,1 % du PIB pour cette année, soit 531 millions de dollars. Le FMI a apporté un appui catalytique de 383 millions de dollars.
Pour évaluer ce niveau de gap de financement, le FMI a pris en compte trois facteurs : les pertes des recettes publiques (par exemple, la douane : – 40 % de mobilisation), soit environ 749 milliards de nos francs (0,9 % du PIB) ; l’accroissement des dépenses publiques (besoins de riposte sanitaire et efforts d’atténuation des effets néfastes sur le plan socio-économique. Les coûts du plan national d’intervention non pris en charge directement par les partenaires internationaux évalués à 166 milliards de nos francs, soit 0,2 % du PIB) ; et la baisse des ressources des émissions des bons du Trésor (les perturbations dues au Covid-19 vont faire baisser la quantité de la demande de bons du Trésor, soit un manque à gagner de 57 milliards de nos francs ou 0,1 % du PIB).
Réduire train de vie
Cette année, le FMI est intervenu deux fois en faveur de la RDC. D’abord à travers la remise de dette (20,4 millions) pour le second semestre de cette année. Ensuite à travers un appui budgétaire (383 millions de dollars) au titre de la Facilité rapide de crédit (FRC). Le gouvernement a déjà pris des mesures pour renforcer sa gestion prudentielle des finances publiques et poursuit de négociations avec d’autres organisations dont la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) pour obtenir d’autres appuis financiers représentant la différence de l’appui du FMI, soit 147,33 millions de dollars.
Lors du Conseil des ministres de ce vendredi 12 juin, José Sele Yalaghuli, le ministre des Finances, a présenté un tableau détaillé de l’exécution du programme de référence en vue de la reprise de la coopération avec les institutions de Bretton Woods (un programme triennal formel). Ce programme de référence a deux grands piliers : critères quantitatifs (stabilité du cadre macroéconomique) et repères structurels (réformes structurelles pour une meilleure mobilisation des recettes).
Bref, il y a « urgence » de prendre « des mesures courageuses » pour accroître les recettes pour obtenir un programme formel. Mais comment accroître les recettes dans le contexte d’une récession économique nationale et mondiale due au Covid-19 ? Pour ne pas désarticuler le cadre macroéconomique national, dont les conséquences seraient tragiques, une batterie de mesures a été proposée : réduire le train de vie de l’État, poursuivre la mise en place à tous les niveaux dans les régies financières réformées, investir dans les secteurs productifs, auditer les effectifs du personnel de l’État et mettre à la retraite, lutter efficacement contre la corruption à tous les niveaux, sensibiliser aux valeurs éthiques, inciter les provinces à produire les moyens de leurs propres dépenses par la mise en œuvre concrète des impôts qui leur reviennent…