Le gouvernement recourt à la BAD pour ouvrir Bukanga-Lonzo aux privés

 En vue de la diversification de l’économie, l’État a prévu de créer des vastes zones agro-industrielles à travers le partenariat public-privé. Le projet pilote donne à réfléchir, pour la suite. 

L’essentiel des crédits retenus dans la rubrique fonctionnement de l’État en 2017, soit  854,5milliards de FC, est affecté aux études de faisabilité pour l’extension des parcs agro-industriels à travers le pays. Ces fonds sont en augmentation de 17.3 % par rapport aux allocations de 2016, qui étaient de  728,5 milliards de FC. Mais quid du site pilote de Bukanga-Lonzo ? Selon la  directrice générale du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, Ida Naserwa, il a atteint plus ou moins 25 % dans la réalisation de ses objectifs. Ida Naserwa fait comprendre notamment que l’appui du gouvernement et des partenaires est plus que nécessaire pour l’avancement du projet.

Le président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), Albert Yuma Mulimbi, avait soutenu devant les membres du gouvernement que « Bukanzo-Lonzo, c’est des millions de dollars jetés dans du sable. » Le projet a, en effet, déjà consommé plus de 83 millions de dollars. Sur le plateau d’une télé de la place, le sénateur Jacques Ndjoli a soutenu que le gros de produits estampillés Bukanga-Lonzo vendus à Kinshasa sont en réalité des produits importés. Des sources du ministère de l’Agriculture, l’on apprend que le gouvernement a sollicité le concours de la Banque africaine du développement (BAD) pour viabiliser le parc et ouvrir le projet, s’il le faut, à l’investissement privé.

Vision partagée et assumée

Le directeur général de la BAD pour l’Afrique centrale, Dore Ousmane, a indiqué lors de son séjour, la semaine dernière, à Kinshasa que la BAD et le gouvernement de la RDC partagent la même vision sur le développement des parcs agro-industriels. Il a rassuré les ministres Georges Kabongo Kazadi et Justin Bitakwira, respectivement de l’Agriculture et du Développement rural,  sur sa mission « d’imprégnation » sur le plan agricole et en particulier sur l’approche de développement des parcs agro-industriels. Pour la BAD, il faut  mettre à profit les 80 millions d’hectares pour la prospérité des populations congolaises et africaines.

Concernant, le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, le ministre de l’Agriculture a reconnu que le projet a pris une nouvelle orientation, consistant à procéder axe par axe, vue le contexte économique du moment. Georges Kabongo n’a pas été plus explicite. Pour son  vice-ministre, Noël Botakile, l’avenir de Bukanga-Lonzo est suspendu aux négociations sur l’accord de financement entre la BAD et le gouvernement. Le ministre du Développement rural, Justin Bitakwira, estime, quant à lui, que l’assistance financière de la BAD est la bienvenue. Mais il va falloir procéder à une évaluation conjointe sur l’aide au développement et de son impact sur la vie des populations bénéficiaires. En d’autres termes, les autres parcs agro-industriels ne seraient que des éléphants blancs-nés, si leur financement n’était pas rationnalisé.

D’ailleurs, le DG Afrique centrale de la BAD a fait part de sa préoccupation sur la question de l’électrification des zones de production ou encore de l’intégration et l’amélioration des conditions de vie des Africains qui comptent parmi les cinq priorités de la Banque africaine de développement. Le Projet de loi de finances 2017 prévoit un budget de l’ordre de 836 938 781 880 FC contre 313 632 794 539 FC en 2016. Il se dégage, ainsi un accroissement de 167 %. Mais 93,3 % de ce budget, soit 780 839 583 465 FC, proviendraient des ressources extérieures. En tout état de cause, la part de l’agriculture dans le budget global de la RDC n’est que de 8,36 % en 2017, la RDC, par conséquent, n’a pas, une fois encore, respecté son engagement vis-à-vis du Protocole de Maputo sur l’agriculture et la sécurité alimentaire signé en 2003. Lequel recommande aux États parties de porter le budget alloué à l’agriculture à 10 %  du budget du pouvoir central à partir de 2008. En 2016, la RDC a aussi misé sur les partenaires extérieurs pour financer son secteur agricole, à plus de 254 milliards de FC, soit 84,1 % des prévisions. À peine 8 milliards de FC ont été décaissés, soit 4 % du montant espéré. Alors que sur ressources propres, l’État s’est engagé à débourser 6,5 milliards de FC pour le secteur agricole en 2016, aucun rond n’est sorti du Trésor public.