L’Office des voiries et drainage (OVD) a attribué à l’entreprise SETRACO Sarl le marché des travaux de réhabilitation de l’avenue de l’École, plus précisément le tronçon entre l’avenue Tourisme et le rond-point Pompage, long de 1 050 m, dans la commune de Ngaliema. Coût de la réhabilitation : 2 503 472,29 dollars. L’entreprise SETRACO a remporté ce marché dans le cadre d’un appel d’offre restreint, indique l’OVD. Par ailleurs, l’’Hôtel de ville de Kinshasa a, lui, attribué le marché de réhabilitation et d’entretien de la route de Mpasa, dans la commune de Nsele, à une société d’appellation chinoise Jin Jin International pour un montant de 1 236 319,33 dollars. Le ministre provincial de Kinshasa, en charge des Infrastructures, Robert Luzolano, soutient avoir obtenu toutes les permissions nécessaires pour adjuger le marché par la procédure de gré à gré.
L’utile et l’agréable
L’option levée par les pouvoirs publics de réhabiliter deux artères vitales suburbaines de la capitale est louable et vient en réponse aux inquiétudes exprimées dans un récent rapport de l’ONU-Habitat sur la ville de Kinshasa. Selon ce rapport, la capitale pourrait compter en 2020 plus de 12 millions d’habitants et devenir la ville la plus peuplée d’Afrique. Cette croissance démographique est plutôt source d’inquiétudes par rapport aux conditions de vie des habitants de la capitale de la RDC, selon ONU-Habitat. « Kinshasa abrite de nombreux quartiers informels, bidonvilles, taudis, toujours plus loin du centre-ville, des quartiers des affaires, et des services minimums (route, eau, école, électricité, santé (…) ».
La route de Mpasa, une fois modernisée, rendrait davantage viables les quartiers Mpasa I, II et III, d’où sortent des terres de luxueuses habitations en superstructures. La route de Mpasa ouvrirait ainsi ces nouveaux quartiers mal ou non lotis au boulevard Lumumba en temps utile. Autant, l’avenue de l’École réhabilitée décongestionnerait le trafic, surtout aux heures de pointe, pour le grand bien de nouvelles cités de Ngaliema et Mont Ngafula. Mais pour combien de temps ? Il est de notoriété publique qu’en RDC, des marchés attribués de gré à gré ou par appel d’offre restreint ont généralement pour finalité une facturation de complaisance et aboutissent à un travail bâclé.
Selon le récent rapport du Bureau d’expertises comptables et de commissariat aux comptes (BEC Sarl), sur l’audit définitif de conformité des marchés publics, « (…) la plupart des marchés initiés par procédure dérogatoire de gré à gré n’ont aucunement respecté les dispositions de l’article 42 de la loi 10/010 du 27 avril 2010 relative aux marchés publics et des articles 143, 144 et 145 du décret n°10/22 du 22 juin 2010 portant manuel des procédures de la loi relative aux marchés publics ».
Le BEC rappelle que les conditions essentielles pour obtenir un marché de gré à gré portent sur la détention d’un brevet d’invention, d’une licence ou d’un droit exclusif, sur les raisons techniques ou artistiques détenues par un seul prestataire, sur l’extrême urgence… sur les marchés spéciaux ».
Hélas, ces conditions ne sont pas toujours respectées. Et la Direction générale de contrôle des marchés publics (DGCMP), se retrouve enjambée, sinon complice des forfaitures dans les marchés dérogatoires. Fin 2017, l’OVD a, en effet, attribué, par la procédure de gré à gré, le marché de la réfection des avenues Université (9 400 m) et Shaba (2 186 m) à l’entreprise Aaron Sefu Sarl, respectivement pour 9 105 859,64 dollars et 2 142 576,13 dollars. Il a également adjugé le marché de la réhabilitation de l’avenue colonel Ebeya, dans son tronçon entre TSF et Kabasele, ex-Flambeau (2 064 m) à la firme Power Master International Sarl pour plus de 2.3 millions de dollars à travers un appel d’offre restreint.
La même entreprise a remporté le marché de réhabilitation de l’artère Mokali-Boulevard Lumumba-Pont Mokali (3 472 m) avec la même procédure d’appel d’offre restreint, pour plus de 6,5 millions de dollars. La réhabilitation de l’avenue Luambo Makiadi Franco, ex-Jean-Bedel Bokassa (3 323 m) a été confiée à un vieux routier du secteur, Safrimex, par appel d’offre restreint au coût de 5 023 358,32 dollars.
Mais près de six mois après, les artères dont question se sont, soit davantage affalées, soit elles n’ont jamais connu un début d’exécution des travaux de réhabilitation.