Dans certains milieux d’affaires de Kinshasa, on prend pour un effet d’annonce la déclaration du gouvernement de promouvoir l’exploitation industrielle des ressources halieutiques dans le cadre de la diversification de l’économie nationale. Actuellement, le potentiel halieutique du Congo est estimé à 700 000 tonnes de poissons par an alors que les besoins en consommation intérieure sont évalués à quelque 500 000 tonnes. Le Congo importe près de 150 000 tonnes de poissons par an. Il y a de la place pour l’exploitation industrielle, fait remarquer un fonctionnaire du ministère de l’Agriculture, de la Pêche, de l’Élevage et du Développement rural.
Un programme spécifique de relance de la production piscicole existe au sein de ce ministère. Il fait la part belle aux privés, aux ONG et aux partenaires au développement pour investir dans ce secteur. Dans les détails, la stratégie gouvernementale consiste à développer la pêche dans les plans d’eau, moderniser les équipements et les matériels de pêche et à promouvoir la pêche semi-industrielle. Le ministère devra faire l’état des lieux et mener une étude de relance des pêcheries existantes dans le cadre d’un partenariat public-privé. Autre volet du programme, l’encadrement et la formation des pêcheurs aux techniques nouvelles de pêche durable préservant les ressources halieutiques et de conservation. Il s’agit également d’améliorer le système d’approvisionnement et de distribution des intrants, de promouvoir la pisciculture, ainsi que d’implanter des centres d’alevinage ou bassins de reproduction des espèces halieutiques.
Outre les ressources halieutiques, le lac Tanganyika offre d’immenses opportunités pour développer l’écotourisme. Avec une profondeur de 570 m, une superficie de 32 900 km², une longueur de 673 km et un bassin versant de 231 000 km, il est menacé par une sécheresse dévastatrice depuis plus d’une décennie. Cette situation affecte sensiblement ses eaux, qui connaissent une baisse constante, ainsi que l’écosystème de son bassin. Depuis 2001, des ONG se plaignent de la rareté croissante des poissons dans le lac Tanganyika. Ils mettent en cause les riverains qui déboisent sans ménagement ses versants et les pêcheurs qui ne respectent plus les normes de capture. Dans le territoire d’Uvira, situé à quelque 125 km au Sud de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, la situation est jugée préoccupante. Les pêcheurs ont tendance à migrer vers le territoire de Fizi et plus au sud, à Kalemie, dans la nouvelle province du Tanganyika. La croissance démographique a un impact sur l’environnement et sur la pêche. La population d’Uvira a triplé en moins de vingt ans pour se situer autour de 210 000 habitants. Selon le service de l’Environnement, la pêche est tombée en deçà de 86 tonnes de poissons depuis en 2005. Tout le monde pêche n’importe quand, avec n’importe quel matériel : moustiquaires, filets, nasses… L’association Sauvons les enfants de Fizi (ASEF) tire la sonnette d’alarme sur le déboisement des hauteurs de la chaîne de Mitumba et les mouvements des populations vers la forêt d’Itombwe en territoire de Fizi. « Nous sensibilisons la population à planter les arbres. Il faut surtout que l’État fasse respecter les lois sur la conservation de la nature », déclare Benjamin Misabiko, chef de Division au ministère de l’Environnement et de la Conservation de la Nature dans le territoire d’Uvira, joint au téléphone.