Le propos est ambitieux. Dans un long manifeste, le co-fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, explique comment, dans les prochaines années, le réseau social veut participer à la création d’une «communauté mondiale» afin de «rassembler l’humanité».
«Facebook veut nous rassembler et construire une communauté mondiale», écrit-il dans ce texte de plus de 5.000 mots . le PDG du réseau social alerte néanmoins sur les menaces croissantes pesant sur ce phénomène de mondialisation. «Lorsque nous avons commencé, cette idée n’était pas controversée (…) Maintenant pourtant, il y a autour du monde des gens laissés derrière par la mondialisation, et des mouvements appelant à se retirer des relations mondiales», regrette-t-il.
Recréer du lien social
«Mon espoir est que de plus en plus d’entre nous s’engagent à construire une infrastructure sociale sur le long terme afin de rassembler l’humanité», déclare l’entrepreneur, qui préconise d’accorder une importance aussi grande à ces enjeux sociaux qu’aux problématiques économiques. Il met notamment l’accent sur le rôle majeur que sont amenées à jouer les communautés digitales – ou «groupes» sur Facebook – dans la création de liens sociaux. «Nous pouvons renforcer les communautés physiques existantes en aidant les gens à se connecter ensemble en ligne comme hors ligne», écrit-il.
Protéger ses utilisateurs
Facebook doit également jouer un rôle dans la protection de ses membres, souhaite Mark Zuckerberg. L’entreprise de la Silicon Valley veut continuer à investir dans le développement d’outils, comme Safety Check, permettant de «prévenir, secourir et réparer les dégâts» causés par les crises comme le terrorisme, les catastrophes naturelles, les maladies, les crises de réfugiés et le changement climatique.
Sur le long terme, les recherches dans le domaine de l’intelligence artificielle doivent permettre d’augmenter l’efficacité de ces dispositifs.
Devançant les critiques, le co-fondateur du réseau social affirme que la vie privée de ses utilisateurs ne s’en trouvera pas compromise. «Nous sommes de fervents défenseurs du chiffrement [des données] et l’avons mis en place sur les deux plus importantes plateformes de messagerie – WhatsApp et Messenger «, se défend-il.
Combattre les «fake news»
Mark Zuckerberg revient aussi sur deux principales attaques lancées à son réseau : le phénomène des fausses informations et celui des «bulles de filtrage» (l’utlisateur n’est confronté qu’à des informations allant dans le sens de ses propres opinions).
«Donner une voix à tout le monde a historiquement été une force pour le débat public car cela a permis de diversifier les idées partagées», note-t-il, ajoutant que «les réseaux sociaux diffusent des points de vue plus diversifiés que les médias traditionnels», puisqu’ils relaient des informations de plusieurs sources. Néanmoins, selon l’entrepeneur, Facebook doit s’efforcer de compléter la palette d’opinions qu’il diffuse pour couvrir toutes les nuances du paysage médiatique, et pas seulement ses extrêmes comme c’est souvent le cas.
«Plus que de supprimer la mésinformation, notre approche sera de faire émerger des perspectives additionnelles de traitement de l’information, notamment les articles de fact-cheking», annonce-t-il. Par exemple, le réseau social devrait davantage pénaliser les titres sensationalistes. «Si vous êtes moins enclins à partager une histoire après l’avoir lue, c’est une bonne preuve que son titre était sensationaliste», et vice-versa, écrit-il.
Education civique
Le réseau social s’attribue également une fonction civique afin de renforcer, à grande et petite échelle, l’engagement citoyen.
Des initiatives pédagogiques en ce sens ont déjà été menées notamment avec la mise en place dans plusieurs pays d’appels au vote et à l’inscription sur les listes électorales affichés sur le fil d’actualité des utilisateurs. Cela a par exemple été le cas pour ses utilisateurs français en décembre dernier en prévisions des échéances de 2017, avec un lien renvoyant vers le site du ministère de l’Intérieur.
Flexibilité culturelle
Enfin – et Mark Zuckerberg reconnaît les faux pas du réseau social en la matière, en revenant sur l’histoire de la censure de la célèbre photo de la petite vietnamienne nue brûlée au napalm – Facebook doit parvenir à adapter et faire évoluer ses standards culturels pour les faire correspondre au mieux à sa très grande communauté de près de deux milliards d’utilisateurs.
«Nous devons évoluer vers un système de contrôle personnel de notre expérience», afin par exemple de mieux contrôler la diffusion de contenus violents ou à caractère sexuel.