UNE AUTRE PAGE de l’histoire de la navigation fluviale en République démocratique du Congo est en train de s’écrire. Voilà plus de 20 ans, déjà, pour diverses raisons, que le fleuve Congo et la rivière Kasaï notamment ne sont plus balisés ou pas correctement. Pourtant, ce sont des voies de navigation autant stratégiques que vitales pour la mobilité des populations et la circulation des marchandises en RDC.
La salle des conférences Isidore Bakandja du centre d’accueil de Caritas Congo à Kinshasa a abrité, le vendredi 9 août, un atelier d’évaluation des cahiers des charges des baliseurs par phase d’activités, en vue de la campagne de balisage et de cartographie du fleuve Congo et de la rivière Kasaï. La période retenue de cette campagne, c’est-à-dire de la réalisation des travaux est d’environ 6 mois. Au cours de cette session dédiée, la centaine de participants, pour la plupart des agents de la Régie des voies fluviales (RVF), à savoir cartographes, hydrographes, hydrologues, chargé de balisage, capitaine d’armement, commandants des baliseurs, 1ER officiers, officiers mécaniciens, hydrographes et hydrologues à bord, chefs de bord, maîtres d’équipage, barreurs et matelots, ont suivi quatre communications, avant de procéder aux échanges et débats.
Un, par le régisseur du Projet d’Appui à la Navigabilité des Voies fluviales et lacustres (PANAV) en RDC sur les résultats attendus de cet atelier (mettre l’information à disposition, mettre à niveau les personnels sur les motivations et objectifs de la campagne, planifier les opérations et/ou le processus en soutien) et de la campagne de balisage complet et de mise à jour des cartes de navigation du fleuve Congo et de la rivière Kasaï (même degré d’information, maîtrise du programme des travaux et de leurs processus d’exécution par tous, synergie entre services techniques de la RVF et parties prenantes).
Deux, par le directeur technique de la RVF qui a présenté les cahiers des charges sur l’exécution du balisage et la mise à jour des cartes de navigation du fleuve Congo et de la rivière Kasaï pendant la phase IV. Trois, par le consultant officier baliseur et l’expert CGP/PANAV en charge de l’hydro-balisage sur les techniques de pose des signaux de balisage. Et quatre, par l’expert CGP/PANAV en charge de la géodésie sur les techniques de positionnement.
La fin justifie les moyens
Paul Wasumbuku, qui est l’un des responsables du PANAV, avec Ricardo Claudy, a insisté sur le fait que la fin justifie les moyens. Et que la Commission de l’Union européenne (UE) a doté la RVF des moyens qu’il faut pour réaliser sa mission régalienne. Aujourd’hui, a-t-il déclaré, la fin pour le PANAV, « ce sont les deux résultats finaux », c’est-à-dire « le balisage du fleuve Congo et de la rivière Kasaï, ainsi que la production et la mise à jour des cartes de navigation ».
En effet, le PANAV approche à sa fin prévue le 24 septembre 2019. Mais une possibilité de prolongation n’est pas à écarter, vu l’importance stratégique de ce projet. Comme Déocard Mugangu, le régisseur du PANAV, qui a mis l’accent sur le travail d’équipe entre les services techniques de la RVF afin d’atteindre les objectifs de la campagne de balisage et cartographie, Paul Wasumbuku a responsabilisé les agents de la RVF sur la nécessité de la réussite. « La réussite du projet est entre vos mains. Nous serons jugés sur base de ces deux résultats finaux. Les gens vont nous juger sur la base de tout ce que nous avons placé sur le fleuve Congo et la rivière Kasaï. Ce qui compte pour nous, c’est l’atteinte de ces deux résultats », a-t-il dit.
La tenue de cet atelier visait en fait une collaboration franche des agents de la RVF avec le PANAV pour l’atteinte de ses objectifs. À ce stade du processus, Paul Wasumbuku a fait remarquer que les résultats sont satisfaisants. Mais ils demandent à être consolidés dans la perspective de l’atteinte des résultats finaux dont il parle. En effet, le PANAV ne veut pas avoir sur les bras un « mort-né », mais un projet qui va durer le plus longtemps possible. C’est pourquoi, depuis l’année dernière, le PANAV ne cesse de demander à la partie gouvernementale représentée par le bénéficiaire principal qui est la RVF, de fournir de gros efforts allant dans le sens de l’appropriation et de poser des « actes concrets » qui rassurent sur la pérennisation. Par exemple, des études hydrographiques et hydrologiques, a déclaré Paul Wasumbuku, sont en vue pour détecter les paramètres et les facteurs à même d’aider à la pérennisation du projet. Pour rappel, en date du 1er décembre 2010, le gouvernement congolais avait signé avec la Commission européenne une convention de financement du Projet d’Appui à la Navigabilité des Voies fluviales et lacustres (PANAV) pour un montant de 60 millions d’euros dans le cadre du 10è FED (Fonds européen de développement).
À l’heure du bilan
L’objectif global du projet est de lutter contre la pauvreté d’une partie des populations du pays en contribuant au rétablissement et à la préservation durable des infrastructures de transport pour garantir l’accès aux marchés et aux services sociaux et administratifs, nécessaires à la relance socio-économique et la réintégration du pays. Déocard Mugangu explique que l’objectif spécifique visé par le projet est d’améliorer la navigabilité d’une partie des voies fluviales et lacustres de la RDC et par ce biais l’efficience du système de transport multimodal du pays. À cet effet, les résultats ultimes attendus du PANAV, souligne-t-il, sont, d’une part, le rétablissement des aides à la navigation, notamment le balisage et la mise à jour des albums de navigation et, d’autre part, l’amélioration des conditions de chargement et de déchargement par la réhabilitation et/ou l’équipement des ports jugés prioritaires sur les voies navigables de première catégorie, à savoir le fleuve Congo, la rivière Kasaï et le lac Tanganyika.
Le régisseur du PANAV rappelle également que dans le cadre de sa mise en œuvre, jusqu’au 30 novembre 2017, le PANAV s’est concentré sur les activités indispensables pour amorcer les travaux de balisage ainsi que de collecte et de production des cartes de navigation. Ce sont des activités en rapport avec les investissements en moyens matériels et intellectuels, notamment en matière de réhabilitation et de construction des unités de servitude, d’une part, et de renforcement des capacités des ressources humaines, d’autre part.
Aujourd’hui, le projet a amorcé sa mise en œuvre proprement dite, à savoir l’organisation en quatre phases en vue de l’atteinte des résultats ultimes attendus. À l’approche donc de la clôture des appuis du PANAV, les réalisations en rapport avec chacun des quatre volets (hydrographie et hydrologie, aménagement et entretien des voies navigables, infrastructures portuaires et renforcement des capacités) du projet feront l’objet d’un grand dossier sur le PANAV, à lire dans notre prochaine édition.