Le processus de mise en valeur de cette ressource naturelle est entré dans sa phase de matérialisation, avec le lancement de l’avis à manifestation d’intérêt pour le recrutement d’une société d’exploitation. Par cette initiative, le gouvernement de la RDC, agissant par l’intermédiaire des ministères des Hydrocarbures et des Ressources hydrauliques et Electricité, convie toute personne morale, remplissant les conditions requises, ou tout groupement (consortium) à soumettre leurs candidatures en vue de participer, d’une part, à la réalisation des travaux d’exploitation du gaz et, de l’autre, à la production de l’électricité.
Parmi les objectifs du partenariat envisagé sous la formule « public-privé », la société à recruter sera chargée de mobiliser les fonds nécessaires au financement du projet, procéder à des études d’exploitation du gaz méthane, selon les prescriptions de la stabilité du lac. Elle devra aussi mettre en œuvre les travaux d’exploitation, effectuer l’étude de faisabilité de la conversion du gaz exploité en électricité, construire une centrale électrique et des lignes de transport d’énergie et postes associés à interconnecter avec les réseaux existant. Il sera également question de réduire le risque d’explosion gazeuse et de protéger l’environnement du lac, en particulier, la biozone. L’entretien des ouvrages construits dans le cadre de l’exploitation du gaz et de la production de l’électricité, durant une période de 20 ans, est aussi en ligne de compte. Au ministère des Hydrocarbures, on précise que ce processus vise à choisir une grande société capable d’extraire le gaz et le convertir en électricité. Impressionnante ressource. A ce jour, seul, le Rwanda exploite ce gaz. Une station expérimentale de captage fonctionne, depuis 1963, et fournit actuellement 500.000 Nm3 du méthane, à la brasserie-limonaderie du Rwanda, la Bralirwa. D’une superficie de 2.400 km2, de profondeur maximale est de 485 m et d’un volume d’eau total de 580 m3, les eaux du lac Kivu regorgent d’importantes réserves de gaz méthane, capables de répondre aux besoins énergétiques de la RDC et du Rwanda. Les réserves exploitables sont estimées à 50 milliards de Nm3, soit environ 40 millions de tonnes de pétrole qui se renouvellent, chaque année. Il faut signaler que les travaux en cours, notamment ceux de la bathymétrie et dont l’objectif principal est de morceler le lac en concessions d’exploitation, permettront d’envisager la mise en valeur, très prochaine, de cette richesse commune. C’est la raison pour laquelle tous les experts en charge du dossier encouragent, par ailleurs, les deux pays voisins à procéder à une exploitation concertée de ce gaz. Plusieurs pays, parmi lesquels la Russie, sont intéressés.
La RDC dispose, en outre, de onze blocs pétroliers non encore attribués. Le seul producteur du pétrole actuel, l’entreprise française Perenco, contribue pour plus de 400 millions de dollars au budget de l’Etat. Le pays compte aller au-delà de ces chiffres avec l’exploitation du pétrole et de gaz associé. Ses multiples bassins sédimentaires, à savoir le bassin côtier, la cuvette centrale et les bassins de la branche ouest du rift est-africain le permettent. Depuis 2009, le gouvernement a suspendu l’octroi des droits des hydrocarbures aux exploitants. Il dit vouloir mettre en place une législation fiscale et contractuelle appropriée pour l’exploration et l’exploitation de cette ressource. Il compte sur la promulgation du nouveau code des hydrocarbures, encore en discussion au parlement. Ce code permettra de bien contrôler ce secteur vital.
INFO BOX
- Exigences contenues dans la feuille de route du ministère des Hydrocarbures :
- Garantir et renforcer la transparence dans l’attribution des blocs pétroliers ;
- Mener des études de certification des réserves du pays ;
- Faire passer la croissance de la production pétrolière et gazière de 25.000 barils/jour, actuellement, à 225.000 barils/jour, pour un volume de pétrole raffiné de 100.000 barils/jour ;
- Réduire le déficit énergétique du pays ;
- Améliorer le réseau de transport, de stockage et de distribution avec un taux d’approvisionnement en produits pétroliers passant de 70 % à 98 % ;