EN ÉCONOMIE, la production ne vaut pas un franc si les produits ne sont pas consommés. Sous cet angle, la République démocratique du Congo a l’avantage d’opportunités de production dans le secteur agricole : environ 135 millions d’ha de terres agricoles, soit 34 % du territoire national (source FAO), dont 10 % sont seulement mises en valeur (3 % en agriculture et 7 % en élevage). Ces terres comprennent des zones humides (56 %), des zones subhumides (20 %), des zones situées le long de cours d’eau (17 %) et des terres dont l’utilisation aux fins agricoles nécessite des aménagements peu importants (7 %).
Le pays jouit de conditions naturelles particulièrement favorables aux activités agricoles : précipitations en quantités suffisantes qui permettent deux saisons culturales par an, important réseau hydrographique, fertilité des sols, large ensoleillement. Il se caractérise également par sa taille et la diversité de ses conditions climatiques et géologiques. Ce qui a l’avantage d’une grande diversité des cultures et donc d’éviter toute dépendance excessive à l’égard d’une monoculture.
La RDC a aussi l’avantage de consommation : avec une population estimée à 84 millions de personnes, c’est un vaste marché intérieur des consommateurs de produits transformés, avant de songer à l’exportation. Les opportunités se présentent aussi pour les cultures pérennes et d’exportation. En effet, la RDC a joué et peut encore jouer un rôle important sur les marchés internationaux pour un certain nombre de produits, notamment le café, le coton, le thé, l’hévéa, les huiles de palme, le cacao, le quinquina, la papaïne.
Développer les filières
Ces cultures pérennes (notamment en zones péri-forestière) offrent l’opportunité d’une sédentarisation de l’agriculture, assurant un réel développement économique durable et des revenus financiers stables pour les producteurs. Les perspectives de développement des filières café et cacao sont excellentes en RDC et la filière palmier à huile répond très bien aux marchés locaux, conseillent des experts à tous ceux qui veulent créer une entreprise en RDC.
La filière café robusta a longtemps été un secteur clé de l’économie nationale et une source de revenus considérables à la fois pour l’économie et pour des milliers de petits planteurs, fournissant eux seuls près de 90 % de la production. La plupart des unités de séchage/décorticage dans les zones de production sont fermées à la suite des pillages de 1991 et 1993 ainsi que de la guerre et de l’insécurité dans le pays. Celles qui sont encore en activité, sont dans un état vétuste.
Il y a désormais de la place pour les installations de petite et moyenne tailles (coopératives paysannes comme les stations de lavage mise en place avec l’appui de VECO dans le territoire de Lubero au Nord-Kivu). Il y a aussi de la place pour des usines de traitement misant sur la qualité pour produire un café apprécié de la clientèle internationale et atteindre des niveaux de prix inédits. Par exemple, les producteurs de Lubero produisent un excellent café dont le prix est valorisé : entre 3 000 et 5 000 dollars la tonne.
Les perspectives pour la filière cacao sont également favorables, lorsque l’on considère la croissance de la consommation mondiale, avec l’émergence de nouveaux marchés (Chine, Inde, Europe de l’Est, Brésil, etc.) prenant le relais des marchés traditionnels. L’évolution de la production mondiale du cacao est plus incertaine. La production de la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, a entamé un déclin structurel que les autres pays producteurs pourraient ne pas être capables de compenser. Ces évolutions ont provoqué une augmentation du prix international du cacao.
À travers le pays, le traitement des fèves après récolte (fermentation et séchage) est de mauvaise qualité, font remarquer les mêmes experts, parce que les petits producteurs ne disposent du matériel nécessaire ni ne bénéficient de conseils des spécialistes. Pourtant, dans les meilleures zones cacaoyères de la RDC, les conditions agro-climatiques sont tout aussi favorables qu’en Côte d’Ivoire. De bons rendements peuvent être obtenus par des pratiques culturales (ombrage, plantes de couverture, déchets organiques ou compost) bien adaptées aux conditions du milieu, font remarquer les mêmes experts.
Par exemple, au Nord-Kivu et en Ituri, ESCO Kivu encadre plus de 26 000 planteurs (Beni, Eringeti, Ruwenzori, Watalinga, Mambasa, Lubero). Ils peuvent désormais compter sur des revenus stables. La région a exporté 15 400 tonnes en 2016.
Incitation gouvernementale
L’expérience du Nord-Kivu et de l’Ituri, ces dernières années, montre de quelle manière on peut bâtir la stratégie de relance de la filière cacao. Pour les experts, la production du cacao devrait évoluer vers des systèmes de production largement dominés par des plantations villageoises. Ces dernières ont un double avantage décisif sur les plantations industrielles : un accès facile au foncier et l’utilisation de la main-d’œuvre familiale qui leur permet d’absorber plus facilement les chutes éventuelles du prix du cacao.
L’encadrement des petits producteurs est en majorité assuré par les ONG (internationales et nationales) au détriment des organisations paysannes. Les paysans n’ont pas accès aux moyens financiers (ni crédit ni subvention) et ne sont pas incités à abandonner leurs pratiques habituelles (l’agriculture itinérante sur brulis). La dynamique agricole et le partage d’expériences sont faibles, les ressources et les connaissances du monde paysan sont insuffisamment exploitées, notent les experts.
La vulgarisation est absente pour diffuser les itinéraires techniques plus performants. Et pourtant des modèles agricoles existent, comme acacia Manioc à CADIM (Centre d’appui au développement intégral à Mbankana) Mampu Gungu, fermes pilotes à Luki, modèles ICRAF (International Centre for Research in Agroforestry, devenu World Agroforestry Centre, WAC), 12 filières du SYDIP, lupin riz au Nord-Kivu, maraîchage péri-urbain et IBI Village.
Le gouvernement a fait de la relance de ces cultures une priorité et a pris des mesures incitatives en faveur de ces segments. La configuration géographique avec de larges plaines permet de disposer de très bons pâturages pour l’élevage. Plusieurs initiatives privées commencent à relancer ce secteur longtemps florissant grâce au retour de la paix. Les besoins en protéine animale sont immenses compte tenu de la population.
Le gouvernement a pris aussi l’option de réduire des importations des denrées alimentaires en promouvant la production locale (relance de la Domaine agroindustriel présidentiel de la N’Sele-DAIPN, aide aux agriculteurs à travers les campagnes agricoles) et la lutte préventive contre les grandes épizooties (PPR, FA, PPCB). La RDC étant richement dotée de surfaces aquatiques, investir dans la pêche industrielle, l’aquaculture et la pisciculture offre des atouts importants à terme de marché et de demande.
Les acteurs de ce secteur pratiquent une pêche artisanale et agissent essentiellement dans deux sous-secteurs, d’une part, la pêche maritime, relativement peu importante et très concentrée sur le littoral ; et d’autre part, la pêche fluviale et lacustre, très pratiquée sur l’ensemble du réseau hydrographique ainsi que sur les grands lacs dans l’Est du pays.