Des études de perspectives de structuration, formalisation et bancarisation de l’économie informelle en RDC sont déjà en cours à la Foleco.
Le circuit bancaire en République démocratique du Congo retrouve progressivement ses lettres de noblesse. Le coup de pouce donné par le gouvernement, par son initiative prise en août 2011, de bancariser les agents et fonctionnaires de l’Etat fait déjà des émules. Les résultats obtenus par cette opération mis la puce à l’oreille du staff de la Fédération des Ong laïques à vocation économique du Congo (FOLECO). Cette plateforme est déterminée à réussir son pari, celui de bancariser le secteur informel.
Cette structure part d’un constat fort amère, caractérisant l’économie nationale. Le secteur financier informel, qui échappe au contrôle de l’Etat, a un apport considérable sur le plan social et économique en RD-Congo. Il détient une masse d’argent importante entre ses mains. Ces fonds peuvent être logés dans une institution financière formelle. La destruction du tissu économique national a accompagné l’organisation des économies informelles. La population congolaise, en général, et celle de Kinshasa en particulier, thésaurise ses économies en gardant l’argent à la maison, pratiquant de ce fait, la thésaurisation.
Possibilité de récupérer 24 milliards par an
Devant cette triste réalité, la Foleco a initié, depuis 2013, un projet de bancarisation de l’économie informelle au Congo-Kinshasa. L’objectif global est de maîtriser, de façon détaillée, l’ensemble d’acteurs, activités, et filières économiques de Kinshasa et de toutes les provinces de la RDC. Le volume d’affaires mensuel serait d’au moins 2 milliards de dollars. Annuellement, cela fera bénéficier au circuit bancaire une enveloppe estimée à 24 milliards de dollars.
Pour atteindre cette fin, le staff de cette structure laïque projette de constituer un portefeuille d’acteurs économiques à travers des travaux documentaires, des enquêtes et des prospections. A cet effet, une vingtaine de centres d’affaires sont sélectionnés à Kinshasa. Il s’agit des marchés, parkings, et ports éparpillés dans les quatre districts de la ville. Déjà, sur la série des centres d’affaires ciblés, cette plate forme a réalisé quelques travaux sommaires d’enquêtes et prospections dans la commune de Kimbanseke. Il ressort du rapport de cette première enquête sommaire, que sur une dizaine d’entretiens, « le volume d’affaires moyen par parking est de 4 à 8 camions déchargés et rechargés par semaine. Les principaux produits et quantités déchargés sont le maïs, le manioc, l’arachide, avec plus ou moins 80 sacs de 100 à 120 kg pour chaque produit, et par parking. »
De leur part, les responsables de l’Association des parkings de Kingasani (APAKI), structure regroupant plusieurs parkings de la commune de Kimbanseke, affirment que le volume que gère leur association représenterait 25 à 40 millions de francs congolais par jour. Les responsables de l’APAKI citent comme principaux produits occasionnant ces recettes : le maïs avec 200 à 2.000 sacs, le manioc avec 1.500 à 2.000 sacs, l’arachide avec plus de 1.200 sacs, le Mbika (la courge) avec plus de 1.000 sacs, et l’huile de palme avec 1.000 à 2.000 bidons.
Perspective de mise en œuvre
Au terme des travaux de finalisation du programme, outre les aspects administratifs et financiers, le fond du rapport des travaux de finalisation concernera ces autres principaux éléments : le portefeuille des acteurs maîtrisé avec tous les aspects techniques de l’opérationnalisation du programme bancarisation, et les projets annexes.
L’un des partenaires de ce programme, la Banque commerciale et de développement du Congo (BCDC), a déjà donné son quitus et a même certifié le rapport de la première enquête réalisée à Kimbanseke. Néanmoins, elle conditionne son intervention à la mobilisation par la Foleco d’au moins 20.000 personnes. En attendant ce nombre, le programme pourrait démarrer avec 10.000 intervenants dudit secteur. En contre partie, les acteurs bancarisés bénéficieront de divers projets portant sur plusieurs aspects, notamment économico- financier, socioculturel, sanitaire, environnemental ainsi que dans le secteur des infrastructures et de l’habitat.
Cependant, ce programme risque de ne pas atteindre tous les intervenants du secteur informel. Les frais fixés d’adhésion à ce programme sont jugés exorbitants par certains acteurs. Ils sont fixés à 50 dollars bancables.