L’enfer, c’est les autres.

Ces trois dernières années, les réalisations de la Direction générale des impôts (DGI) sont restées dans la fourchette des 80 %. Les assignations de 2015 se chiffraient à quelque 2 473 milliards de francs, mais cette régie financière n’a réalisé qu’environ 1,9 milliard, soit environ deux milliards de dollars. Le directeur général de la DGI, Dieudonné Lokadi Moga, avait réuni, en février 2015, les directeurs des impôts afin de réfléchir sur les stratégies et les actions de réalisation des assignations budgétaires de l’exercice 2015. D’après lui, la DGI aurait fait mieux si elle pouvait assurer la traçabilité de certaines marchandises vendues au pays sans payer le droit d’entrée ainsi que la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ou juguler la vente des produits importés par des bénéficiaires d’exonérations. Le gouvernement avait annoncé, l’année dernière, un audit de toutes les exonérations fiscales accordées aux entreprises. Mais il n’a jamais eu lieu.

« Les exonérations sont devenues des hémorragies importantes des recettes de l’État », s’indignait l’ancien ministre délégué aux Finances, Patrice Kitebi. De nouvelles entreprises, telles que la Société Anhui Congo d’investissement minier (SACIM), qui a repris une partie de la concession de la Minière de Bakwanga (MIBA) pour exploiter les diamants, ont encore bénéficié d’exonérations. L’incivisme fiscal des dirigeants politiques handicape l’action de la DGI dans la mobilisation des recettes. Elle éprouve des difficultés pour le recouvrement de l’impôt professionnel sur les rémunérations (IPR) des membres des institutions politiques provinciales, des employés locaux dans les ambassades et les organismes internationaux, ainsi que du personnel des agences d’exécution. Le  Premier ministre a préconisé des contrôles inopinés et ponctuels de la TVA, notamment sur les déclarations souscrites par les grandes surfaces, les hôteliers et les restaurateurs.