Les « banques de pauvres »

L’accès au crédit se démocratise peu à peu avec ces institutions, plus ouvertes au petit peuple que les banques commerciales.

On ne prête plus qu’aux seuls riches, avec le développement de microcrédits en RDC. Même des congolais à revenu modeste, à condition d’exercer une petite activité commerciale, ont désormais droit aux crédits. Ainsi, pour fructifier leurs activités, ces hommes et femmes affluent vers ces institutions, considérées comme des « banques des pauvres », pour contracter des crédits. A Finca, une de ces institutions les plus fréquentées, trois sortes de compte crédit sont à la portée des clients : le crédit individuel, le crédit de groupe et le crédit de petit groupe. C’est dans la catégorie « groupe » que se recrutent les emprunteurs à revenu modeste, s’organisant en groupe de 20 à 40 personnes, pour bénéficier d’un prêt allant de 100 à 1.000 dollars, pour le besoin de fonds de roulement. Le petit groupe, quant à lui, est composé de 5 à 7 personnes qui ont droit à une offre qui peut aller de 1.000 à 5.000 dollars. Les femmes sont les plus privilégiées à Finca. Elles passent pour les plus crédibles. Par conséquent, elles constituent les principales bénéficiaires des prêts octroyés par cette institution de micro-finance.  Rembourser ces prêts reste le plus grand défi pour ces acquéreurs. « J’étais influencée par une amie qui m’avait fait miroiter un bénéfice considérable, qui devrait me permettre de résoudre les difficultés rencontrées dans mon foyer. Mais une fois dedans, je me rends vite compte que c’est une corde au cou », affirme Bernadette, la cinquantaine, une cliente de Finca.  « J’avais de petites activités commerciales qui m’ont permis d’accéder maintes fois au crédit à FINCA. Une fois malade, mon cas nécessitait une intervention chirurgicale adéquate. Ne sachant où trouver de l’argent, j’ai fait adhérer, à FINCA, mon mari, ainsi que mes enfants pour nous permettre d’avoir, chacun, un prêt dont la somme m’a permis de faire face à mes difficultés. Maintenant, nous avons du mal à rembourser », témoigne une responsable d’une boutique.  La plupart des bénéficiaires des crédits FINCA s’estiment satisfaits des prêts leur accordés. Ils se plaignent cependant du taux de remboursement jugé « exorbitant ». « Le crédit de 100 dollars reçu m’a, certes, aidé à maintenir mes petites affaires. Néanmoins, je suis butée au problème de remboursement. Je dois obligatoirement rembourser 25 dollars pendant huit mois successifs. Cela me plonge dans une situation de dépendance totale vis-à-vis de FINCA qui m’empêche d’évoluer dans mon commerce. Après remboursement, je me vois obliger de contracter un autre prêt pour tenir le coup. Sinon, je risque de replonger mon foyer dans le gouffre », rapporte Isabelle.  « J’ai l’impression que je travaille plus pour cette institution que pour moi-même. Tout calcul fait, je me rends compte que je rembourse le double du montant perçu, soit 200 dollars en l’espace de huit mois. Cela représente la grande part de petits bénéfices générés », avoue une commerçante.  Ces micro-finances qui naissent dans le pays ont l’avantage d’initier les congolais à la vie bancaire. Moins de dix pour cent de congolais sont bancarisés. Ce chiffre devrait être revu à la hausse avec ces unités qui occupent considérablement le terrain.