AVEC la reprise de la croissance économique que les activités bancaires qui avaient disparu dans les années 1990, ont commencé à se reprendre. Cette croissance trouve sa contrepartie, à l’actif, dans l’évolution des crédits à la clientèle (plus de 40 %) et des opérations interbancaires (plus de 35 %). De même, les prêts en devises augmentent.
Les produits et services offerts par les banques de détail englobent l’épargne, le crédit, le transfert d’argent au niveau national ou international ainsi que les systèmes de paiement à distance utilisant la téléphonie mobile, l’internet, les distributeurs automatiques de billets, les systèmes de paiement par cartes aux différents point de vente. Grâce aux nouvelles technologies, les banques améliorent et diversifient leurs produits et leurs canaux de distribution. Avec le mobile banking, la BCC pronostique que la population « non-bancable » pourra intégrée le secteur financier formel.
L’épargne est le produit financier les plus fréquemment utilisé (plus de 70 %). Dans la plupart des cas, les épargnes sont effectuées en dollar pour éviter toute éventuelle perte de pouvoir d’achat. L’offre de produits d’épargne s’est fortement diversifiée et s’adapte progressivement aux différents segments du marché : fonctionnaires, salariés, travailleurs indépendants, PME, groupes solidaires, négociants et entreprises. Il existe, par exemple, des comptes épargne sans frais rémunérés, des dépôts à terme, des comptes courants rémunérés, des plans d’épargne (épargne pendant 12 mois avec un prêt sur 24 mois), des comptes courants destinés aux fonctionnaires et agents de l’État.
Outre l’épargne, le crédit est un produit qui commence à marcher petit à petit. Il y a encore des pesanteurs, notamment le faible taux d’inclusion financière et le poids du secteur informel sur l’économie nationale. Il n’empêche, l’offre des produits de crédit s’est fortement diversifiée ces dernières années : crédits à la consommation à court et à moyen termes (jusqu’à trois ans), crédits dit de consommation, des prêts individuels, des avances sur salaire, des crédits aux entreprises, des prêts aux groupes solidaires, des crédits à double solde… Certains prêts sont consentis à des taux variables.
Le poids de la microfinance
Bien que ne représentant que 5 % du total bilantaire, la microfinance est, selon les experts, un des secteurs importants sur lequel peut s’appuyer l’économie nationale en matière d’inclusion financière. Le nombre des comptes ouverts par les institutions de microfinance (IMF) et des coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC) ne représente que 5 % de l’ensemble des comptes du système financier congolais.
La caractéristique principale des IMF et des COOPEC est qu’elles sont parfois accessibles à des endroits très reculés, dépourvus d’infrastructures de base. Le secteur de la microfinance est un secteur encore fragile. Elle n’a pas encore atteint l’autosuffisance opérationnelle du fait des problèmes structurels (gouvernance, insuffisance des fonds propres…). Comme les banques commerciales, les activités de la microfinance sont concentrées dans les deux Kivu et à Kinshasa. Avant 2013, les COOPEC étaient plus dynamiques que les IMF. Mais actuellement on assiste à un renversement de la tendance. Cela s’expliquerait par le fait que la plupart des IMF sont à capitaux étrangers.
Les coopératives d’épargne et de crédit sont sous le coup de la loi n°002/2002 du 2 février 2002. La BCC a renforcé les normes prudentielles, avec notamment un ratio de solvabilité/capitalisation et la mise en place de mécanismes de solidarité financière au sein des réseaux. Les IMF, quant à elles, font l’objet de la loi n°11/020 du 15 septembre 2011 ou la loi IMF, promulguée le 25 février 2013.
La loi distingue les entreprises de microcrédit des sociétés de microfinance. Ces sont les seules habilitées à collecter l’épargne du public. La BCC renforce les conditions d’agrément et d’exercice, avec notamment pour les sociétés de microfinance, un capital minimum passé de 100 000 à 350 000 dollars en 2013, et projeté à 700 000 dollars en 2017. La loi autorise les IMF à fournir certains services financiers annexes, tels que le transfert d’argent, la mise à disposition et la gestion de moyens de paiement, la distribution (mais pas l’émission) de monnaie électronique. Toutes les IMF sont aussi assujetties à certaines normes de transparence financière et de protection des clients mais seules les sociétés de microfinance sont placées sous la supervision prudentielle de la BCC.
Épargne et crédit
Certaines banques, notamment TMB, Advans Banque, Equity ProCredit Bank et Rawbank, offrent, de plus en plus, des produits similaires à ceux proposés par les IMF. Les deux produits classiques habituellement offerts par toutes les IMF et les COOPEC-MEC en République démocratique du Congo sont l’épargne et le crédit, avec un faible taux de transformation de cette épargne en crédit. Les épargnants étant des personnes à faibles revenus, ils retirent fréquemment leur épargne pour faire face à leurs multiples besoins.
La principale activité financée par le crédit accordé par ces institutions demeure le commerce (69 %), avec des délais moyens de remboursement compris entre quatre et six mois. Plus de 70 % des IMF se spécialisent dans le crédit de groupe, avec pour toile de fond le recours à la caution solidaire légalement reconnue (article 44 de la loi 11/20 du 15 septembre 2011) et la possibilité de transférer le risque du prêteur vers l’emprunteur (groupe d’emprunteurs) lorsque le capital social existe réellement entre les membres du groupe et que la pression sociale opère efficacement.
Bancarisation de la paie
La plupart des COOPEC qui, au départ, n’accordaient que du crédit individuel, ajoutent le crédit de groupe à leur méthodologie, non seulement pour mieux servir les personnes n’ayant pas de garanties matérielles, mais surtout pour améliorer la qualité de leur portefeuille de crédit. Le crédit à la consommation se chiffre à 11 % de l’offre, mais il est généralement garanti par la domiciliation des salaires. Avec la bancarisation de la paie des fonctionnaires et des employés du secteur privé, les IMF et les COOPEC-MEC sont en train de perdre la clientèle qui demande souvent le crédit de consommation au profit des banques commerciales de détail. La part du crédit habitat est de 8 % et concerne surtout l’amélioration de l’habitat des clients concernés plutôt que l’investissement dans l’immobilier. Il ne s’agit donc pas de crédit hypothécaire.
Pour sa part, le crédit agricole ne représente que 3 % du portefeuille des crédits à cause de la brièveté des échéances des ressources prêtables dont disposent actuellement les institutions. Les délais requis par le financement agricole sont généralement plus longs. Cela s’explique aussi par la forte concentration des institutions en milieux urbains et d’importants risques covariants caractéristiques des opérations agricoles.
Les IMF et les COOPEC n’utilisent pas encore le mobile banking. Les trois pôles de concentration des COOPEC et des IMF en RDC sont les provinces de Kinshasa, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ces trois provinces rassemblent 76 % des COOPEC installées dans le pays et 80 % des IMF. Kinshasa rassemble 21 % des COOPEC et 58 % des IMF.