Nous en avons soumis sept à notre banc d’essai : l’alimentaire, le vestimentaire, l’électroménager, la vaisselle, la maroquinerie, mobilier et la tapisserie. Si l’achat (livraison au bureau ou à domicile) ne pose pas de problème, les délais de paiement sont parfois courts et les prix souvent exagérés. Pourtant, les ventes privées devraient s’inscrire dans le low cost. C’est dire des progrès restent à faire. Tous les secteurs sont concernés : vêtements, gastronomie, art, décoration, high-tech, mobilier, vaisselle… Depuis une dizaine d’années, la concurrence est rude sur ce marché, qui revendique une croissance d’environ 50 % par an. À tel point que certains commerçants (indiens, libanais, égyptiens…) sont sortis de leurs surfaces pour capter les clients chez eux et au bureau. D’autres proposent des ventes à crédit (véhicules, mobiliers…) via les banques ou des « super-privilèges » payants. Tous misent sur un précieux levier : le bouche à l’oreille. L’envers du décor ? Les délais de livraison sont dans l’ensemble trop longs mais aussi ceux de paiement trop courts…
Ceux qui tirent leur épingle du jeu
Un matin de lundi. À 7 heures pétantes, Isabelle, 45 ans et célibataire, se connecte sur son Smartphone. Elle appelle, l’une après l’autre, ses « clientes » – elles sont une cinquantaine – pour leur annoncer une offre « événementielle » de chaussures et de sacs à main. En guise d’offre « événementielle », des haut-talons et des balarines de « rêve » : « Ma copine, je vous les propose à 40 % moins cher qu’en boutique… C’est vraiment canon, j’arrive. » Isabelle a programmé la vente ciblée de ses articles sur deux jours, mais la disponibilité de ce type d’articles fond souvent à vue de clic, confie-t-elle. La première arrivée sera la première servie. Aussitôt la vente faite, elle reprend son avion pour Dubaï où elle s’approvisionne régulièrement. Isabelle fait le voyage une fois le mois. Ce qui fait que les délais de livraison sont parfois trop longs. Outre ses clients de luxe, Isabelle fournit aussi, pour le moment, des boutiques ayant pignon sur rue à Kinshasa et Lubumbashi.
Quand on lui demande quelle est la différence avec les soldes en proposant ses articles à 40 % moins cher qu’en boutique, Isabelle n’en dit pas long : « je sais où trouver toute l’année des modèles et des éditions limitées de marques de luxe à petit prix, mais aussi des articles de créateurs ». En fait, Isabelle est abonnée à des sites de ventes privées sur Internet qui est un secteur low cost : « l’on dispose de très peu de temps, parfois à peine quelques heures, pour faire ses courses… »
Jean Marie est dans les ventes ciblées depuis une quinzaine d’années. Il propose des vêtements de marques universelles (homme, femme, enfant, sport, etc.), des montres, des accessoires, de la lingerie ou des grands crus de vins accompagnés de leur pedigree. « Pour réussir dans ce que je fais, il faut être élégant et efficace, dit-il avec un sourire au coin. J’ai des amis en Europe qui me facilitent les achats et pour les vins, je m’approvisionne sur place ». Le secret de sa réussite dans ce domaine, c’est qu’il faut faire vite pour les achats, confie-t-il. « Mes articles peuvent se volatiliser en un clin d’œil. Parfois, mes clients passent la commande, mais c’est moi le plus souvent qui leur fait l’offre. », souligne Jean Marie. Chez lui, le délai de paiement est de deux semaines, mais il frôle souvent le mois, car il arrive que les clients éprouvent des difficultés pour payer : « il y a des clients qui paient cash, surtout à MaCampagne, quelles que soient les circonstances. »
Fatou, elle, la cinquantaine, s’est lancée dans ce commerce, il y a 8 ans déjà. Sa clientèle est uniquement faite des femmes : épouses de personnalités, politiques et cadres d’entreprise (banques, sociétés, administrations publiques…). Chez elle, on y trouve surtout des articles de mode (vêtements, bijoux, parfums de marque, sacs, chaussures…), de décoration. « J’ai souvent l’habitude de réveiller l’appétit de mode chez les femmes qui aspirent à être distinguées », confie-t-elle. Fatou explique qu’elle n’a pas de problèmes de délais de livraison ni de paiement : « ma clientèle est classe, exigeante. Il ne faut donc pas en abuser, car la concurrence est rude. »
Moustapha est égyptien. Il s’est installé en République démocratique du Congo depuis une trentaine d’années. Sa spécialité : de bonnes marques de mobilier (fauteuils, armoires, lits…) mais aussi des objets pour la cuisine et la maison. Depuis un certain temps, la vente en magasin ne lui rapporte guère, c’est pourquoi il a décidé de se lancer dans les ventes personnalisées comme les autres. Il s’est prénommé « invité des marques », comme ce site des ventes privées en ligne de Mitergoodedeal.com. Moustapha arpente les avenues de Kinshasa avec ses équipes, à bord de sa fourgonnette, pour proposer à crédit des articles high-tech, électroménagers et des tapis en provenance des pays orientaux ou autres (Iran, Turquie, Egypte…). À côté de ça, il vend les ustensiles de cuisine, les vêtements… Bref, « tout ce qui marche », confie-t-il.
Nounouche, quant à elle, ne propose rien. Cette jeune diplômée de l’Université protestante au Congo (UPC) a décidé de se lancer dans les affaires après des études d’économie en 2014. « Ce sont les gens qui me demandent de leur fournir tel ou tel autre article. Normal, parce que j’écoule tout ce que je ramène du voyage et je suis sûre d’être payée. » Nounouche fait ce business avec sa grande-sœur résidente à Londres. C’est elle qui s’occupe des approvisionnements.
Pacha, lui, est « spécialiste du fashion ». « C’est depuis 2003 que je suis dans le système en vendant les vêtements qui sont tendance, catalogue à l’appui. Presque tout mon stock s’épuise à mon arrivée. Mes clients réclament les articles à la mode et je leur en fournis. » Pacha a ouvert aussi des boutiques à Kinshasa et Lubumbashi. Il fournit également les vendeurs ambulants. Pacha s’approvisionne à Paris, confie-t-il. Romain, lui, né à Paris, a choisi de venir vivre au pays. Il se positionne comme « dénicheur de tendances » et s’adresse plutôt aux jeunes filles de 18 à 30 ans. Il leur propose de « petits trucs très tendances ». Romain ne s’adresse pas à toutes les filles, mais aux filles à papas dans les quartiers huppés de Kinshasa.