LES COURS du pétrole étaient en baisse le vendredi 14 août, dans le sillage de la veille, lestés par les perspectives moroses de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) à propos de la demande mondiale de pétrole pour 2020 et 2021. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre a valu 44,57 dollars à Londres, en recul de 0,87 % par rapport à la clôture de jeudi. À New York, le baril américain de WTI pour le mois de septembre a lâché 0,88 % à 41,87 dollars.
« La hausse déclenchée par les données sur les stocks de pétrole brut aux États-Unis le mercredi 12 août s’est éteinte aussi vite qu’elle avait commencé », a constaté Jeffrey Halley, analyste d’Oanda. « Les prix ont subi des pertes en raison de l’inquiétude renouvelée (des investisseurs) concernant l’évolution de la demande de pétrole dans le monde », a expliqué de son côté Paola Rodriguez-Masiu, de Rystad, faisant référence aux données publiées la veille par l’AIE. Qui prévoit que la demande de brut chute cette année à 91,9 millions de barils par jour (mbj), soit 140 000 de moins que prévu jusqu’alors, avant de rebondir à 97,1 mbj en 2021, soit 240 000 de moins que prévu. Elle impute ce repli à la faiblesse persistante du secteur des transports, notamment aérien, avec la crise sanitaire.
Les cours du WTI et du Brent ont été en nette hausse le mercredi dernier, le premier grimpant de 2,16 % à 42,51 dollars le baril et le second s’est adjugé 1,82 % à 45,31 dollars. Des gains qui font suite à des stocks de pétroles aux États-Unis beaucoup plus en baisse que prévu: les stocks de brut ont en effet reculé de 4,512 millions de barils lors de la semaine s’achevant le 7 août, alors que le marché tablait sur -2,875 millions. Les stocks de distillé ont, eux, chuté de 2,322 millions de baril, là où le consensus espérait qu’ils augmentent de 357 000.
Enfin, la révision à la baisse de la part de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) concernant la demande mondiale de pétrole ne semble pas avoir pesé. L’OPEP anticipe désormais une baisse de la demande en brut de 9,06 millions de barils par jour en 2020, contre un recul prévisionnel de 8,95 millions précédemment. La reprise attendue pour l’année prochaine est également menacée par les nombreuses incertitudes autour de l’épidémie de Covid-19. Ces incertitudes pourraient se traduire par « un impact négatif sur la consommation de pétrole ».
L’once d’or recule
D’autres nouvelles pessimistes pourraient être annoncées. La Chine, qui est restée un moteur pour les marchés pétroliers pendant la pandémie de coronavirus, pourrait bientôt ralentir ses importations car les stocks continuent d’augmenter à des niveaux records. Tout cela alors que la production de l’OPEP est en hausse, les quotas de production étant assouplis.
Le métal jaune a perdu plus de 4 % et repasse sous la barre de 2 000 dollars l’once. Qui ne cesse de creuser ses pertes et recule désormais à 1 957,20 dollars. Elle avait touché un plus haut historique le vendredi de la semaine précédente à un plus de 2 080 dollars.
Elle est pénalisée aujourd’hui par une forte appétence pour le risque du fait d’un accès d’optimisme concernant un vaccin contre le Covid-19. Vladimir Poutine a en effet autorisé un vaccin et 20 pays auraient commandé plus de 1 milliard de doses. Ce repli de l’or intervient également dans le sillage de la hausse du rendement des obligations d’État à 10 ans. Le 10 ans américain gagne ainsi près de 6 points de base à 0,64 %.
Il a notamment été soutenu par des prix à la production plus élevés que prévu aux États-Unis. Ils ont progressé de 0,6 % en juillet 2020 alors que le consensus Briefing.com tablait sur une hausse de 0,3 % après -0,2 % en juin. Les prix « core », c’est-à-dire hors alimentation et énergie, ont avancé de 0,5 % en juillet contre un consensus de +0,1 %.
Les cours du bois atteignent de nouvelles cimes. Les cours des futures sur le bois pour une livraison en septembre sont à un niveau historiquement haut. Le vendredi de la semaine précédente, ils ont atteint les 641,60 dollars pour des planches de 1000 pieds de long (environ 833 kg), dépassant le précédent record de 2018. Ils ont ainsi grimpé de près de 150 % depuis leur plus bas niveau début avril, portés par l’explosion de la demande de construction aux États-Unis. La période de confinement a en effet permis aux citoyens de multiplier les projets de réaménagement de leurs habitations et a poussé les bars et restaurants à aménager des patios pour survivre.
Le gaz naturel au plus haut de l’année. Les stocks de gaz naturel aux États-Unis ont augmenté de 33 milliards de pieds cubes (environ 934,5 millions de m3) au cours de la semaine se terminant le 31 juillet. Dans la foulée de cette annonce, les cours du gaz naturel au Nymex ont fortement réduit leurs gains, alors qu’ils étaient en hausse de près de 4 % à 2,28 dollars par MMBtu, soit leur plus haut niveau en 2020. Ils ont finalement affiché +2,37 % à 2,24 dollars en fin de journée, continuant ainsi le rallye (+24,4 % depuis le 31 juillet).