WASHINGTON tient Téhéran pour responsable des attaques survenues dans le golfe d’Oman, a laissé entendre Mike Pompeo, le chef du département d’État américain. Les États-Unis avait déjà accusé la République islamique d’Iran d’être responsable d’une attaque analogue, le 12 mai. Cette attaque avait visé quatre pétroliers dans le même secteur, par où transite une partie conséquente des exportations pétrolières mondiales. Les deux pétroliers visés jeudi dernier, le Front Altair et le Kokuka Courageous, qui battent respectivement pavillon des îles Marshall et du Panama, ont été évacués et leurs équipages placés en sécurité. Une source au fait du dossier a assuré à Reuters qu’aucune torpille n’avait été utilisée contre les deux pétroliers en question.
Le cinquième de la demande mondiale de pétrole transite par le détroit d’Ormuz, où quatre navires de commerce ont déjà été les cibles d’« actes de sabotage » à la mi-mai. Les incidents de jeudi dernier ont provoqué une forte hausse des cours du brut, qui ont terminé en nette hausse sur le marché new-yorkais Nymex. Le contrat juin sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) CLc1 a gagné 1,14 dollar, soit 2,23 %, à 52,28 dollars le baril. Il a pris en séance jusqu’à 4,5 % pour monter à 53,45 dollars. Au moment de la clôture du Nymex, le Brent LCOc1 prenait 1,37 dollar (+2,28 %) à 61,34 dollars, après un pic à 62,64 dollars en séance.
Les cours du pétrole ont terminé en hausse vendredi 14, les investisseurs s’inquiétant des potentielles répercussions sur le marché du brut de la montée des tensions entre Washington et Téhéran après l’attaque de deux tankers en mer d’Oman. À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août s’est apprécié de 70 cents pour terminer à 62,01 dollars. À New York, le baril de WTI pour le contrat de juillet a grimpé de 23 cents pour finir à 52,51 dollars. « Les cours ont grimpé à l’approche d’un week-end qui pourrait voir les relations entre l’Iran et les États-Unis s’envenimer » à la suite des attaques dont ont été victimes deux tankers, a souligné Andy Lipow du cabinet Lipow Oil Associates.
Passage stratégique
Les deux bateaux, norvégien et japonais, ont été ciblés alors qu’ils naviguaient près du détroit d’Ormuz, un passage maritime stratégique à l’échelle mondiale. « Le bond des prix de jeudi après l’attaque de deux pétroliers dans le golfe d’Oman montre qu’ils ont plus de chance de repartir à la hausse que de plonger encore plus bas », ont estimé les analystes de Capital Economics. Les cours ont toutefois temporairement fléchi en cours de séance vendredi, et s’affichent en baisse sur la semaine, de 2,0 % pour le Brent et de 2,7 % pour le WTI.
Ils restent proches de leurs plus bas en cinq mois, alors que les tensions commerciales et l’affaiblissement de l’économie mondiale pèsent sur les perspectives de la demande. L’Agence américaine d’information (AIE) a ainsi réduit vendredi dernier de 100 000 barils par jour (b/j) sa prévision de croissance de la demande de brut pour 2019, attendue désormais de 1,2 million b/j. Elle l’avait déjà diminuée de 90 000 barils le mois précédent. Elle avait aussi abaissé mardi 11 juin ses prévisions de croissance de la demande en brut.
Par ailleurs, les réserves américaines ont encore augmenté. « Des hausses massives des stocks dans un contexte économique instable ne permettent pas de construire un scénario de hausse des prix », a résumé Stephen Innes, analyste de Vanguard Markets. « Les attaques contre des pétroliers japonais et norvégien dans le golfe d’Oman soulignent la gravité des risques sécuritaires liés à la crise iranienne et la difficulté de parvenir à une issue diplomatique tant que les sanctions américaines restent en vigueur », commente la banque RBC.
« Le bond des prix après l’attaque de deux pétroliers dans le golfe d’Oman montre que les prix ont plus de chance de repartir à la hausse que de plonger encore plus bas », ont estimé les analystes de Capital Economics. « Les prix du pétrole commencent à réagir à la possibilité d’un ralentissement économique mondial, comme ils l’avaient fait à l’été 2008 », ont rappelé les analystes de BNY Mellon.