Les cours du pétrole retrouvent de l’allant

Les prix du pétrole ont relevé la tête vendredi 10 juillet, aidés par les espoirs d’un vaccin contre le Covid-19. Un léger recul du dollar et des dégâts sur la demande plus limités qu’attendu selon l’Agence internationale de l’Énergie.

LE BARIL de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a valu 42,84 dollars à Londres, en hausse de 1,16 % par rapport à la clôture de jeudi 9  juillet.

À New York, le baril américain de WTI pour le mois d’août a gagné 1,21 %, à 40,10 dollars. Le Brent et le WTI ont pourtant passé une bonne partie de la séance européenne dans le rouge après avoir respectivement perdu 2,17 % et 3,1 % la veille. « Des nouvelles positives autour de vaccins et traitements contre le Covid-19 ainsi que la baisse du dollar » soutiennent les cours du brut, a estimé Edward Moya, analyste d’Oanda.

Par ailleurs, les acteurs et observateurs de marché ont accueilli le vendredi dernier les récents chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), dont les prévisions de chute de la demande en 2020 se sont révélées moins sévères qu’anticipé. « La baisse de la demande pendant la saison estivale aux États-Unis reste un sujet d’inquiétude », a rappelé cependant Neil Wilson, analyste de Markets.com. 

Pétrole libyen

Ces incertitudes qui pèsent sur la demande font craindre aux investisseurs une augmentation de l’excédent en pétrole sur le marché, car l’offre devrait repartir à la hausse.

L’AIE a aussi évoqué dans son rapport la production libyenne, perturbée par les troubles politiques et sécuritaires, qui pourrait se reprendre et atteindre 900 000 barils par jour d’ici la fin de l’année. La Compagnie libyenne nationale de pétrole (NOC) a d’ailleurs annoncé le même vendredi la reprise de la production et des exportations de pétrole en Libye après environ six mois de blocage. 

Mais elle prendra du temps pour atteindre ses niveaux d’avant le blocage (environ 1,2 million de barils par jour) « en raison des dommages importants aux réservoirs et aux infrastructures causés par le blocus illégal imposé depuis le 17 janvier », a précisé la NOC. Un premier navire devait commencer à charger le brut du port pétrolier al-Sedra, dans l’Est du pays, a encore ajouté la NOC.

Les prix du pétrole étaient de nouveau orientés à la baisse le vendredi 10 juillet, les investisseurs étant préoccupés par la progression du virus dans le monde, synonyme de possibles reconfinements désastreux pour la demande, tandis que l’offre d’or noir est attendue en hausse. « Le pétrole accentue ses pertes de la veille face aux craintes de nouvelles phases de confinement », a expliqué Fiona Cincotta, analyste de City Index, insistant sur le nouveau record de contaminations atteint aux États-Unis.

Après avoir atteint son plus bas en neuf ans, la production mondiale de pétrole devrait repartir à la hausse dès juillet avec la reprise de la demande, a estimé l’AIE. « Menés par l’Arabie saoudite, les producteurs mondiaux ont abaissé la production de près de 14 millions de barils par jour (mb/j) en moyenne d’avril à juin, en réponse à un effondrement sans précédent de la demande et des cours du pétrole », note l’AIE dans son rapport mensuel sur le pétrole. Cet effondrement a été causé par la pandémie de Covid-19, qui a ralenti, voire mis quasiment à l’arrêt, certaines activités comme le transport aérien.

En juin, la production mondiale a ainsi atteint son plus bas en neuf ans, à 86,9 mb/j, selon l’AIE. L’Arabie saoudite est en effet allée au-delà des accords volontaires de réduction de la production décidés par l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) et ses alliés, tandis que des pays comme les États-Unis ou l’Irak pompaient moins également. 

L’or à 1 800 dollars l’once

L’agence, qui conseille des pays développés sur leur politique énergétique, pense en effet que l’Arabie saoudite cessera de faire du zèle et d’aller au-delà des accords avec ses partenaires, tandis que la production doit se reprendre en Amérique du Nord. 

Pour 2021, l’AIE attend une demande à 97,4 mb/j, soit un rebond de 5,3 mb/j. Celui-ci est un peu moindre qu’anticipé le mois dernier, mais c’est en raison des prévisions rehaussées pour 2020.

C’est une première depuis neuf ans. L’or a dépassé mercredi 8 juillet la barre symbolique des 1 800 dollars l’once, sous laquelle il évoluait depuis novembre 2011, dans un environnement économique incertain favorable à cette valeur refuge. Sur le London Bullion Market, l’or a atteint 1 800,86 dollars l’once. « Les investisseurs achètent toujours des actions mais il semble qu’ils veulent se couvrir en cas de correction du marché », a signalé Carlo Alberto De Casa, analyste pour Activtrades. « Mercredi, les inquiétudes autour du coronavirus et les tensions géopolitiques ont pesé sur l’appétit pour le risque », ce qui bénéficie au métal jaune, traditionnelle valeur refuge en période d’incertitudes, a pointé Fiona Cincotta, pour City Index.

Ces derniers jours, les analystes avaient également pointé l’affaiblissement du dollar, comme facteur de hausse de l’or. Libellé en billet vert, une baisse de la devise américaine rend le métal précieux moins onéreux pour les acheteurs utilisant d’autres devises. Et dans un environnement monétaire ultra-accommodant – les principales Banques centrales ont promis d’injecter ces dernières semaines des sommes inédites de liquidités dans l’économie – d’autres valeurs refuges, comme les obligations, sont devenues moins rémunératrices. Le record historique de l’or à 1 921,18 dollars l’once, avait été atteint en septembre 2011. Quant à l’argent, il a atteint le jeudi 9 juillet 19,04 dollars l’once, un niveau plus vu depuis septembre 2019. Selon Fawad Razaqzada, cette hausse s’explique par à la fois son statut de valeur refuge et son utilisation dans l’industrie. Vendredi dernier, l’once d’argent a valu 18,67 dollars, contre 18,02 dollars une semaine auparavant. Pour sa part, l’aluminium a valu 1 687,00 dollars la tonne, contre 1 614 dollars la semaine d’avant.

Peur sur le cuivre

Le cours du cuivre s’est de nouveau apprécié la semaine dernière sur le London Metal Exchange (LME), atteignant un plus haut depuis avril 2019, soutenu par les risques qui pèsent sur l’approvisionnement en Amérique du Sud. L’analyste de la Commerzbank Eugen Weinberg évoque même une « flambée » des cours du métal rouge, qui tire derrière lui l’ensemble des métaux industriels. « La hausse des prix est liée aux préoccupations côté offre », explique-t-il, avec « un risque de perturbation de la production à cause des milliers de travailleurs absents » voire de « fermeture de mines ». Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois a valu 6 418,50 dollars le vendredi dernier, contre 6 017,00 dollars le vendredi précédent.

Côté alimentaires, les cours du cacao ont touché la semaine dernière des niveaux bas plus vus depuis le dernier trimestre 2018, pénalisés par les incertitudes que fait peser la pandémie sur la demande mondiale. Mais ils ont retrouvé de l’élan en fin de semaine dernière. Michaela Kuhl, analyste de Commerzbank, ne voit cependant « qu’un potentiel limité de hausse des prix après la forte baisse de ces dernières semaines » car « l’évolution de la demande est actuellement très incertaine ».

Les deux contrats de référence accusent une baisse de plus de 15 % depuis le début de l’année. À l’occasion de la publication de ses résultats trimestriels, le jeudi 9 juillet, le numéro un mondial du cacao et préparations chocolatées Barry Callebaut a montré davantage d’optimisme en relevant ses objectifs à moyen terme. 

À Londres, la tonne de cacao pour livraison en mars de l’année prochaine valait 1 560 livres sterling, contre 1 577 livres sterling à l’ouverture lundi 6 juillet. À New York, la tonne pour livraison en septembre valait 2 161 dollars, contre 2 158 dollars en début de semaine dernière.