Éric Monga Mumba Sombe est le président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC)/section du Katanga. Avant son élection en mars dernier, il était le président de la Chambre de mines à la FEC. Dans les milieux d’affaires du pays, c’est « une voix » qui compte, dit-on. D’après lui, produire au Congo, c’est produire pour l’Afrique. Il veut toujours plus d’électricité pour les mines du Katanga.
En attendant donc Inga III, nombre d’industriels sont favorables au développement de petites centrales hydroélectriques au Katanga ou à des projets alternatifs (solaire, éolienne, biomasse…). Des projets concrets existent déjà, portés par des développeurs indépendants, tels Sombwe, Tembo Power, CTL…
La Centrale thermique de Luena (CTL), explique Louis Sony, le directeur gérant, est un projet qui produira à court terme 500 MW, en utilisant le charbon de Luena et la ligne de transport de la SNEL. Luena I produira 250 MW dès 2017 et Luena II, 250 autres plus tard. Et il est prévu enfin 1000 MW dans le cadre du Grand Luena. « CTL est d’abord une solution au problème de déficit énergétique que connaît la Gécamines afin de lui permettre de réaliser les grands projets, tel Deziwa. Cependant, la CTL est côtoyée déjà par quelques grandes entreprises comme potentiels demandeurs d’énergie qu’elle produira », déclare Louis Sony.
Qui souligne que la CTL affiche l’ambition d’être leader au Katanga dans le secteur de la production, du transport, de la distribution et de la commercialisation de l’électricité. En fournissant un produit de qualité et propre en permanence grâce à une technologie fiable et conforme aux normes UE. La durée de vie de ce projet est estimée à 80 ans.
Le projet s’inscrit dans la vision de gestion environnementale prévue dans le code minier. Les initiateurs du projet ont prévu de consacrer 5 % des bénéfices à l’électrifier Bukama au bord du fleuve Congo, question d’en faire une destination touristique. Mais les premiers bénéficiaires sont les habitants de Luena et des villages avoisinants (Mukulakulu, Kibula…).
Tembo Power et ses 100 MW
Tembo Power Ltd développe 5 sites hydroélectriques dans le Katanga d’une capacité de 100 MW pour un investissement de 297 millions de dollars, selon Raphael Khalifa, son fondateur français. La société recourt à l’expertise d’ingénierie d’Aurecon, en partenariat avec Kipay Investments d’Eric Monga. Des négociations sont également en cours avec un entrepreneur civil de renommée ayant fait ses preuves en RDC pour des conseils axés sur la construction et l’exécution de ces projets situés autour de la rivière Lubudi. Les études de préfaisabilité sur les projets ont été entamées. Parallèlement aux négociations avec des sociétés minières.
Tembo Power Ltd développe des projets de production et de transmission d’énergie en Afrique subsaharienne. Elle met l’accent sur la petite énergie hydroélectrique pour fournir de l’électricité à bas prix et de qualité requise. La société a lancé ses activités en Afrique de l’Est en 2010, avant s’étendre à l’Afrique centrale cinq ans plus tard, avec notamment des projets en RDC et au Burundi. Elle se déploie au Gabon, au Cameroun, en République du Congo et en Tanzanie. Pour la RDC, c’est John Nsana Kanyoni qui est chargé de l’exploitation.
Association avec Kipay
Le Français Raphaël Khalifa et le Congolais Eric Monga Mumba ont créé une association des projets électriques privés pour les miniers du Katanga. En 2016, Kipay Investments est un projet hydroélectrique privé pour alimenter les mines de la Copper belt. Il vise la construction de deux centrales hydroélectriques à Kawa et Sombwe.
Au Katanga, région à vocation minière, la demande en énergie électrique est forte et provient essentiellement des entreprises minières. Près de la moitié de la production est à l’arrêt et les réseaux de transport et de distribution sont vétustes, rendant ainsi la desserte discontinue (délestages et coupures intempestives).
D’après Eric Monga, dans cette situation de déficit d’énergie électrique, le projet de Kipay Investments vole au secours de l’industrie minière. Le site hydroélectrique de Kawa offre un débit nominal de 36,26 m³ par seconde à une chute brute de 80 m et le potentiel hydroélectrique exploitable est d’environ 29 MW. Il y a également plusieurs autres sites exploitables autour de Kawa.
Quant au site de Sombwe, dans le territoire de Mitwaba sur la rivière Lufira, il présente un débit nominal de 85 m³ par seconde sur une chute brute 120 m et une potentialité hydroélectrique exploitable jusqu’à 95 MW. Le transport de l’énergie produite à Kawa pourra transiter par Fungurume et celui de Sombwe par Likasi. Kipay Investments envisage la construction d’un barrage de 70 à 100 m de haut pour assurer une production et un rendement suffisants.
Deux centrales hydroélectriques existantes sont en fonctionnement en amont du site de Sombwe. Il s’agit de la centrale hydroélectrique de Mwadingusha, située au barrage de Tshangalele (71 MW, 6 turbines) et de la centrale hydroélectrique de Koni, située juste en aval de l’usine de Mwadingusha (42 MW, 3 turbines).
Le site proposé pour le HPP de Sombwe est situé à 290 km au nord de Lubumbashi. Le projet est encore à l’étape des études de préfaisabilité.