Le cantonnement des ex-rebelles Hutu rwandais vers certaines régions du pays est vivement contesté par les populations locales qui redoutent le pire, du point de vue sécuritaire.
Cette option prise par le gouvernement congolais, avec le soutien de ses partenaires dont la Monusco, soulève des vagues de protestation chez les populations locales. En Province Orientale, un site de transit d’au moins 1400 éléments des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) est aménagé.
Réputés peuple hospitalier, les congolais restent, sur cette question, se méfient d’un quelconque hébergement provisoire de ces rebelles en provenance de deux Kivu, connus plus pour leurs exactions sur les populations civiles que pour leur statut de refugié, en dépit de leur volonté de déposer les armes. Le gouvernement congolais, de son côté, tente d’apaiser les esprits.
La méfiance
Initialement prévu à Irebu dans la province de l’Equateur, le centre visé pour abriter les rebelles Fdlr était brusquement relocalisé à une dizaine de kilomètres de Kisangani, suite à une opposition farouche des députés de cette province. Malgré l’insistance du gouvernement à vouloir préciser que ces rebelles seront rapatriés chez eux (encore que l’option est volontaire) ou dans un autre pays d’accueil, le caucus de députés nationaux originaires de la Province Orientale est vite monté au créneau. Ils évoquent « des raisons sécuritaires » pour s’insurger ce transfèrement, dans leur communiqué publié le 14 juillet. Les nouveaux venus, selon eux, raviveraient l’insécurité déjà causée par diverses milices en présence. Ils citent notamment les éléments de LRA (Ougandais), des Mbororo (Soudanais), les résidus de Cobra Matata. Evoquant la «capacité exponentielle de nuisance reconnue aux FDLR, les communautés locales sont ouvertement appelées à décourager ces mouvements de cantonnement.
Dans d’autres provinces, la désapprobation est totale. Même les chefs de l’Eglise du Christ du Congo (ECC) s’y mêlent. Des évêques et autres délégués des communautés protestantes de quatre provinces (Nord et Sud-Kivu, Maniema et Province Orientale) se disent prêts à rencontrer leurs collègues rwandais pour renforcer la sensibilisation quant au retour de leurs frères sur le sol natal.
Véritablement, ce regroupement des Fdlr fait resurgir les faiblesses communicationnelles entre les autorités et les communautés locales sur la compréhension même de la mise en œuvre du DDR3 (Désarmement, Démobilisation et Réinsertion). Le dernier plan a été renouvelé à Kinshasa le vendredi 11 juillet. Il prévoit faire revenir à la raison un total de 12 000 éléments venus des différents groupes armés attendus. L’Onu avance le chiffre de 85 millions de dollars. Le gouvernement devrait contribuer à hauteur de 10 millions de dollars.
Le reste devrait provenir des partenaires, encore non identifié à ce jour.
Les députés du Nord-Kivu ne sont pas contre le cantonnement des Fdlr. Ils veulent que les conventions internationales sur les réfugiés s’appliquent, selon les normes. Ces conventions stipulent que ces derniers doivent être établis très loin de la frontière.
Les Maï-Maï plus nocif
Le 16 juillet, les combattants Maï-Maï Cheka pillent la société minière Mining Processing of Congo (MPC), dans la localité de Bisié dans le Nord-Kivu. Biens de valeur, des médicaments et des stocks de nourriture sont emportés. Un militaire Fardc est décapité. Depuis fin mai, ces miliciens occupent les localités de Kibati, Busi, Ndurumo et Abulo, en territoire de Walikale défiant ainsi les communautés nationales et internationales. Les 14 et 15 juillet, les accrochages réguliers entre les Maï-Maï Raïa Mutomboki et Maï-Maï Kirichiko provoquent la fuite de près de 1 200 personnes vers les localités environnantes. A Maloba, un groupement du Nord-Katanga, un groupe de Maï-Maï non autrement identifié et composé des bantous attaque un village des pygmées. Près de 600 pygmées, hommes, femmes, vieillards et enfants se réfugient dans l’enceinte d’une école à Kabalo. Bilan : deux morts et deux villages déserts.
Ces exemples, tout comme bien d’autres, montrent suffisamment un autre grand défi sécuritaire qui reste à relever après les Fdlr. C’est la neutralisation des groupes Maï-Maï qui continuent à empoisonner le climat sécuritaire dans la partie orientale du pays.
D’après les différentes plateformes de la société civile, ces miliciens Maï-Maï se réorganisent et occupent progressivement des villages et localités pendant que les Fardc se concentrent plus sur les offensives contre les rebelles étrangers, notamment les ADF (Ougandais), les Mbororo (Soudanais) et les Fdlr (Rwandais).