Dans beaucoup de communes de Kinshasa, l’heure est à la désolation. Les pluies diluviennes de novembre ont mis à la rue des dizaines de familles. Pour se reloger, certaines ont dû construire à la hâte des baraquements. Pourtant, la République démocratique du Congo venait de célébrer, en octobre, la journée internationale du logement sous le thème « Espaces publics pour tous ». Sur le plan national, le thème de cette année a été « Protégeons les équipements publics dans nos villes ».
On construit comme on veut
À Kinshasa, de nouveaux quartiers poussent comme des champignons, sans plan d’urbanisation, ni d’aménagement des espaces. Dans plusieurs communes, les canalisations font cruellement défaut, tandis que l’eau et l’électricité sont devenues des denrées rares. L’accès à un grand nombre de quartiers de Kinshasa est assuré par des taxis-motos parce que, à la moindre pluie, les avenues se transforment en bourbier. Dans la capitale, on construit comme on veut. À Binza Météo, par exemple, l’on a assisté, il y a quelques années, à un lotissement anarchique. Conséquence : le site, réservé pourtant aux expérimentations et aux relevés météorologiques, a été vandalisé. Tous les arbres qui permettaient de fixer le sol ont été abattus. Les eaux de pluie charrient des bancs de sable qui se déversent dans les habitations du quartier MaCampagne.
Un peu plus loin, l’avenue Laloux est un véritable casse-tête pour la population en période pluvieuse. Dès qu’il pleut, elle se transforme aussitôt en un grand cours d’eau rugissant, dévalant en toute vitesse la pente abrupte pour se jeter plus loin dans une érosion. Celle-ci a déjà, à son actif, avalé l’ouvrage de soutènement et la canalisation destinés à la contenir. L’érosion de Laloux est même venue à bout des autorités de la ville qui ont abandonné tout projet sur le site.
Constructions anarchiques
Partout dans la ville, même sur le boulevard du 30-Juin, la canalisation est bouchée par des immondices jetées dans la rue. L’insalubrité a transformé la capitale en un véritable « moustiquorium », pour emprunter au vocabulaire coloré de la jeunesse kinoise. Les quartiers nouvellement lotis, tels que Mpasa, Mitendi, Ngomba-Kikusa, Kisenso, Masina, Kimbaseke, et bien d’autres, offrent le visage d’une incroyable anarchie urbanistique. Des « lieux d’aisances » d’un autre âge, des murs d’enceinte hideux encerclent des maisons construites sans le moindre respect des normes architecturales.
La dégradation des routes de la capitale est venue compliquer la circulation, occasionnant des bouchons monstres dans la ville. Des avenues entières offrent l’image de cratères géants. D’autres sont dans un état de dégradation avancée. Sur l’avenue Nguma dans la commune de Ngaliema, par exemple, entre Météo et le Palais de marbre, la Route de Matadi, la chaussée n’est plus que l’ombre d’elle-même. Pareil pour l’avenue By-Pass entre le rond-point Ngaba et Triangle à l’entrée de la Cité Mama Mobutu. Il en est de même de l’avenue de l’Université, sur le tronçon compris entre Kapela et Yolo Ezo, ainsi qu’au niveau de la maison communale de Ngaba.
À Ngiri-Ngiri, le tronçon routier entre la Place Mariano et l’avenue Force publique ainsi qu’une partie de l’avenue Victoire (entre la chaussée Kimwenza et le rond-point Kimpwanza) ont fait leur deuil…