DES EXPERTS et des décideurs politiques s’étaient donné rendez-vous à Abidjan, la capitale de Côte d’ivoire, pour partager les meilleurs pratiques en matière de réformes mesurées par le rapport Doing Business du Groupe de la Banque mondiale.
C’est la première fois que la conférence EDBI (Easy Doing Business Initiative) se tient en Afrique de l’Ouest et dans un pays francophone. Les services conseil du Groupe de la Banque mondiale soutiennent la conférence EDBI depuis 2010, afin de faciliter la promotion des meilleurs pratiques et les expériences dans la réforme des environnements des affaires, avec pour ancrage les classements du rapport Doing Business.
La première conférence s’est tenue à Port Louis, en Ile Maurice, et a vu la participation de six pays. EDBI est désormais une initiative continentale. La conférence 2018 à Abidjan a accueilli 32 pays d’Afrique (Benin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap Vert, Centrafrique, Ethiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Kenya, Lesotho, Liberia, Mali, Maroc, Mauritanie, Mozambique, Niger, Nigeria, Ouganda, République du Congo, République démocratique du Congo, Royaume d’Eswatini, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Tchad, Togo et Zambie). Le Rwanda a été désigné pour organiser la conférence EDBI en 2019.
Les recommandations
Selon le service de communication de la Banque mondiale, les participants à la conférence EDBI 2018 ont discuté de comment intégrer les réformes favorables aux entreprises dans les plans de développement des gouvernements, de comment développer des outils pour mieux mesurer la perception du secteur privé quant à ces réformes et de comment mieux prendre en compte la voix du secteur privé dans le processus de réforme. Ils se sont penchés également sur la nécessité d’encourager des solutions alternatives au financement des PME, parmi lesquelles ont été citées le capital-risque et les business angels.
Quelques personnalités ont donné leur avis à propos de cette conférence. C’est le cas de Sergio Pimenta, le vice-président d’IFC pour le Moyen-Orient et l’Afrique. Il a déclaré ceci : « Des environnements des affaires réformés et plus attractifs sont essentiels pour IFC car ils nous permettent de mettre en œuvre notre nouvelle stratégie pour l’Afrique. » D’après lui, les réformes mesurées par le Doing Business contribuent à « créer les conditions qui permettent à IFC d’investir et de mobiliser plus de capitaux pour résoudre les défis au développement du continent ». Dans cette optique, a-t-il souligné, les services de conseil travaillent avec de nombreux gouvernements en Afrique pour les aider à soutenir leur élan réformateur.
Quant à lui, Adama Koné, le ministre ivoirien de l’Économie et des Finances, a fait savoir que la Côte d’Ivoire s’est réjouie d’accueillir la communauté des réformateurs d’Afrique. « Grâce aux réformes de nouvelle génération que nous mettons en œuvre, notre pays a retrouvé la liste des dix économies les plus réformatrices dans le rapport Doing Business 2019. Notre objectif est désormais de figurer, d’ici à 2021, parmi les 50 premiers pays au monde sur la facilité de faire des affaires », a-t-il indiqué.
Afrique subsaharienne à la traîne
Pour sa part, Cemile Hacibeyoglu, spécialiste senior en développement du secteur privé au Groupe de la Banque mondiale, a fait remarquer que la réforme d’un environnement des affaires est un processus constant et parfois difficile. Si l’Afrique a réalisé des progrès dans ce sens récemment, il reste encore beaucoup à faire pour les pays d’Afrique sub-saharienne s’ils veulent rivaliser avec les principaux pôles d’investissement au monde. « Ceci dit, les bonnes pratiques en matière de réforme existent bien sur le continent, et nos services de conseil ont constaté que les plateformes de partage de connaissances que nous soutenons sont essentielles pour disséminer ces bonnes pratiques et soutenir la progression de l’Afrique dans les classements Doing Business », a-t-il souligné.
Louise Kanyonga, le chef du Département stratégie et compétitivité au Rwanda Development Board, estime que c’est « tout un symbole » pour son pays, qui est « un réformateur reconnu », d’organiser la 10è conférence EDBI l’année prochaine. « Nous nous réjouissons de partager notre expérience en la matière, et ce, alors que nous figurons désormais parmi les économies ayant le plus amélioré leur environnement des affaires », a-t-il laissé entendre.
La RDC veut améliorer sa position
Anthony Nkinzo, le directeur général de l’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI) et chef de la délégation de la République démocratique du Congo à cette conférence, a eu ces propos : « Nous participons à cette conférence pour un échange d’expériences avec d’autres pays qui ont connu des montées significatives au niveau du classement général du Rapport Doing Business. Ces échanges d’expériences vont nous permettre d’affuter nos armes pour le prochain classement et même pour l’amélioration du climat des affaires dans notre pays. »
Dans l’ensemble, les classements de l’Afrique sub-saharienne progressent régulièrement dans le rapport Doing Business, selon les experts de la Banque mondiale. Dans l’édition 2019 du rapport, la région a mis en œuvre 107 des 314 réformes passées globalement pour faciliter les affaires.
Ce qui en fait la région la plus réformatrice au monde. 40 des 48 pays d’Afrique sub-saharienne ont mis en œuvre au moins une réforme pour améliorer leur environnement des affaires alors que quatre pays du continent – la Côte d’Ivoire, le Kenya, le Rwanda et le Togo – se sont hissés dans la liste des dix économies ayant les plus réformatrices au monde.
L’Ile Maurice (20è) et le Rwanda (29è) sont les pays africains les mieux classés dans la facilité de faire des affaires.