Les Lignes maritimes congolaises signent leur retour en haute mer

Un navire battant pavillon RDC. Ce fut l’une des promesses de campagne du candidat Joseph Kabila lors de la présidentielle de 2011. Mieux vaut tard que jamais, dit-on, le projet pourrait se concrétiser en 2018.

 La dernière fois qu’un navire marchand, propre à la République démocratique du Congo, a cinglé dans les eaux internationales remonte à près de 40 ans. Ce fut à l’époque de la Compagnie maritime zaïroise (CMZ) devenue au lendemain de l’avènement de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), la Compagnie maritime du Congo (CMDC). Avec le processus de transformation des entreprises du portefeuille de l’État, sous la houlette du Comité de pilotage de la réforme des entreprises publiques (COPIREP), la CMDC deviendra les Lignes maritimes congolaises (LMC SA).

Actuellement, la compagnie ne poursuit ses activités que grâce au nolisement qu’elle a notamment conclu avec le belge Marinvest. Pourtant, dans les années 1980, l’ex-CMZ disposait d’une flotte de 9 bâtiments cargos et 1 navire mixte cargo-passagers. Mais hélas, la CMZ n’a pas échappé à la banqueroute à cause de la gestion ténébreuse à laquelle étaient soumises les entreprises publiques à l’époque. Placée sous le gestion des mandataires « pirates », une série de PDG, pour reprendre l’expression du Belge Honoré Paelinckx, naguère PDG de l’ex-Office national des transports (ONATRA), actuellement la Société commerciale des transports et des ports (SCTP). Cette gestion a eu pour effet la croissance de la dette de l’entreprise à tel point que, régulièrement, des navires de la CMZ ont été mis à la chaîne dans divers ports étrangers pour être, par la suite, l’un après l’autre, vendus à des prix dérisoires.

Toutefois, le chef de l’État, Joseph Kabila Kabange, s’était engagé à doter le pays d’un armement de haute mer, lors de sa campagne électorale pour la présidentielle de 2011. L’on a même vu des photos des paquebots collées sur des panneaux géants dans quelques-uns des grands carrefours de Kinshasa. Mais l’on n’a rien vu venir jusqu’à fin novembre 2017, quand le projet de loi de finances publiques 2018 présenté en chambres par le gouvernement ressuscite le projet.  Dans les prévisions des crédits accordés au ministère des Transports et des Voies de communication, il est, en effet, repris un montant de 35 milliards de francs, soit environ 21.8 millions de dollars, pour l’acquisition d’un navire pour le compte des Lignes maritimes congolaises SA. Il convient de rappeler que ce projet remonte, en effet, à la primature (2012-2016) d’Augustin Matata Ponyo. À l’époque, l’on estimait à 35 millions de dollars le coût d’un navire pour la CMDC. Mais lors d’une conférence sur la situation politique et économique de la RDC qui s’est tenue à Bruxelles en 1994, Honoré Paelinkx a fait remarquer que « …la situation pécuniaire de l’entreprise est si pénible que beaucoup de créanciers attendent la moindre occasion de reprise de la compagnie pour intervenir et saisir à nouveau ».

L’embellie

Les Lignes maritimes congolaises se portent plutôt mieux, elles alignent des camions porte-conteneurs sur la route Matadi-Kinshasa, réhabilite ses sièges secondaires, etc. Les Lignes maritimes congolaises devraient rapporter 65 547 896 FC, soit un peu plus de 40 000 dollars à l’État en termes de recettes de participation à fin 2017. Les Lignes maritimes congolaises pourraient gagner davantage avec les accords des coopérations maritimes, négociés du temps du régime de transition « 1+4 » et ratifiés en 2011 entre la RDC et l’Afrique du Sud. Les navires marchands sud-africains auront libre accès dans les ports maritimes de la RDC dont Matadi et Boma. Où transite le gros des importations et exportations du pays. Naturellement, la RSA devra ouvrir ses ports (Durban, Cap, Port-Elisabeth…) à la flotte de la RDC, aux navires LMC.