Les investissements chinois et occidentaux ont pris d’assaut la RDC, plus particulièrement le Sud-Est du pays, riche en minerais. Sur le terrain, les entreprises chinoises se ruent sur de gros gisements miniers. Les institutions de Bretton Woods ne sont pas en reste.
La Banque mondiale et la Banque européenne d’investissements tiennent au développement du secteur de l’énergie électrique au travers du projet Southern Africa Power Pool (SAPMP) pour la mise en valeur des gisements miniers du Katanga. Ce projet SAPMP doit formellement prendre fin le 31 décembre. Il accuse du retard dans son exécution, malgré les assurances fournies par le directeur général de la Société nationale d’électricité (SNEL), Éric Mbala. Ce dernier explique que pour la SNEL, les projets SAPMP et PMEDE constituent un nouveau départ. Le montage financier mis en place avec le concours des bailleurs de fonds a permis de lancer une réforme ambitieuse qui touche tous les secteurs de l’entreprise, principalement la production, le transport et la distribution du courant électrique.
Environ 629,8 millions de dollars ont été engagés par la Banque mondiale (IDA) et la Banque européenne des investissements (BEI), en termes de dons et de prêts pour la réalisation du projet SAPMP. La SNEL a, en effet, bénéficié des prêts de 198,2 millions de dollars et d’un prêt de la BEI de 41,2 millions de dollars. En termes de dons, l’IDA a déboursé respectivement 179,1 millions de dollars (don IDA H 500) et 201,5 millions de dollars (IDA 801).
Au coude à coude
Au Katanga, Américains et Chinois détiennent, les uns et les autres un gros contrat, avec respectivement Tenke Fungurume Mining (TFM) et Sino Congolaise des mines (SICOMINES). Mais un grand souci les taraude : la fourniture en électricité. Selon le ministre provincial des Mines, Audax Sompwe, le Katanga accuse un déficit de plus ou moins 1 000 mégawatts (MW). Ce gap freine le secteur minier et un grand nombre d’entreprises ne peuvent pas monter en puissance en augmentant leur capacité de production. D’autres encore ne peuvent pas transformer leurs minerais sur place pour leur donner plus de valeur ajoutée, avait déploré Audax Sompwe en août. Le taux d’électrification du Katanga oscille autour de 4%. En attendant Inga III qui pourrait entrer en exploitation en 2025, d’ici 2018, le Katanga pourrait connaître une amélioration sensible de la desserte avec la récupération d’une puissance installée de 2 442 MW. Aucune entreprise chinoise n’a gagné jusque-là un important marché dans le secteur de l’électricité si ce n’est Sinohydro qui a fait venir du matériel du Katanga vers le Kongo-Central, pour la construction de la centrale de Zongo II, d’une puissance programmée de 150 MW.
Gros marchés
Le projet SAPMP comporte six gros marchés. Le marché I a pour objet la rénovation de postes de conversion et d’inversion à Inga et à Kolwezi pour fiabiliser le système de transport et passer de sa capacité actuelle de 560 MW à 1 120 MW. Les travaux sont exécutés par le contractant ABB/Suède. Le marché II consiste à rénover les postes « courant alternatif » de Kolwezi, Fungurume, Panda et Karavia au Katanga. Les travaux ont été confiés à la firme ABB/AG. Avec le marché III, la SNEL s’emploie à construire une nouvelle ligne 220 KV allant de Fungurume à Kasumbalesa, à la frontière zambienne. Ici, l’objectif est d’augmenter la capacité de transit de 560 MW jusqu’au poste de la Luano, en Zambie. Les travaux sont déjà terminés. Ils ont été exécutés par la firme UTE Elecnor Euro Finca. Le marché IV permet de réhabiliter toutes les lignes haute tension existantes sur le couloir d’exportation allant d’Inga à Kolwezi en HTCC (Haute tension courant continu) et en HTCA (Haute tension courant alternatif) afin de subvenir aux besoins de l’exploitation. L’exécution de ce projet a été confiée à la firme indienne Kalpataru. Une autre entreprise indienne (KEC), a remporté le marché V du SAPMP. Ce dernier consiste à fournir et à installer le système de télécommunication par fibre optique comme fil de garde sur toutes les lignes, allant d’Inga jusqu’à Kasumbalesa. Le courant porté sur les lignes devrait être réhabilité et servir de secours. Sur les 48 fibres installées, la SNEL utilisera moins 5% pour ses besoins d’exploitation et le reste sera commercialisé par un opérateur à recruter. Le marché VI, enfin, consiste en la construction des infrastructures communautaires dans 7 centres ruraux au Katanga : Nguba, Luka-Kahidi, Kampemba, Bungu-Bungu, Nsatumba, Tumbwe et Shinga. Ces villages ont été sélectionnés parmi d’autres qui se situent le long de nouvelles lignes en cours de construction entre Fungurume et Kasumbalesa. Pour ce faire, la SNEL a bénéficié de l’expertise de la firme canadienne SNC Lavalin qui a été chargée de mener les études de préfaisabilité dudit projet et d’en évaluer l’impact environnemental et social.
Avec l’assistance de son ingénieur conseil Fichtner, la SNEL a élaboré des plans qu’elle a soumis à l’approbation du gouvernorat du Katanga pour la construction de différentes infrastructures pour un coût initial de 2 millions de dollars, mais qui est passé à environ 10 millions de dollars. Il s’agit entre autres de la construction d’écoles, de centres de santé de référence dans chacun des sept villages, du forage de trente-sept puits et de l’installation de pompes pour alimenter non seulement les écoles et centres de santé, mais aussi toute la population des villages, la fourniture d’équipements médicaux dans les centres de santé, ainsi que de mobiliers et autres fournitures scolaires dans les différentes écoles. Autres projets inhérents au marché VI de SAPMP, l’alimentation en électricité, partant du soutirage à effectuer par ABB, des écoles, des centres de santé, des pompes et l’installation de l’éclairage public. Il demeure que, à ce jour, en fait, à trois mois de l’échéance, la SNEL n’a pas encore brossé le moindre bilan du projet SAPMP. D’autres investisseurs sont aux aguets. Déjà prêts pour une offre publique d’achat (OPA).