Les ministres sortants des Finances, Henri Yav Mulang, et de l’Économie nationale, Modeste Bahati, ont été associés à ladite réunion… qui s’est achevée en queue de poisson. Les délégués des sociétés distributrices des produits pétroliers n’ont pas fait des déclarations à la presse. Alors que le ministre sortant de l’Économie, Modeste Bahati, a indiqué que « les pétroliers sont venus solliciter l’application du deuxième palier du prix des produits pétroliers à la pompe. Après échange avec le 1Er Ministre, nous avons estimé que cette question devrait être examinée par le nouveau gouvernement qui est attendu… ». Et le ministre sortant de l’Économie de poursuivre : « Nous avons demandé aux pétroliers de contribuer à fournir le carburant aux services publics de l’État et d’attendre le moment opportun… Nous allons comptabiliser le manque à gagner. C’est là notre convention avec la profession pétrolière. »
Pourtant, Modeste Bahati reconnaît que la situation est telle que le prix du super et du gasoil à la pompe devrait connaître un réajustement comme convenu. « C’est vrai que les paramètres ont changé. Les produits pétroliers que nous importons nécessitent la disponibilité des devises qui doivent être achetés sur le marché. Mais notre monnaie est en train de bouger. Des efforts sont fournis au niveau du gouvernement pour assurer la bonne gestion de la monnaie. Mais malgré tout, avec tout ce que nous connaissons comme turbulence politique, il y a des incidences négatives sur les paramètres macroéconomiques, particulièrement sur le prix. »
Il va sans dire que, dans les semaines qui viennent, un réajustement des prix du carburant sera observé dans les stations-essence de la place. Courant mars déjà, les prix du litre du super et du gasoil étaient respectivement passés de 1 450 francs pour l’essence (sans plomb) à 1 600 francs, et de 1 500 francs à 1 650 francs pour le gasoil. Avant d’y arriver, plusieurs jours durant, les automobilistes et autres utilisateurs des produits pétroliers, avaient assisté, impuissants, à une distribution du carburant rationnée par les sociétés commerciales. Seul moyen pour elles de soumettre l’État à leurs revendications. Une délégation de la profession pétrolière (les congolais Cohydro et Cobil, le sud-africain Engen, le français Total) a alors été reçue par le 1ER Ministre, Samy Badibanga Ntita. Le ministre d’État en charge de l’Économie, Modeste Bahati Lukwebo, qui a conduit cette délégation auprès du 1ER Ministre, va déclarer à la télévision publique (RTNC) qu’« une nouvelle structure de la tarification du prix à la pompe » allait être décidée incessamment. En fait, l’État procéderait à une augmentation par palier, jamais au-delà 200 francs d’un coup, fera comprendre un professionnel du secteur. Ce n’est une révélation pour personne que la RDC est l’un des pays d’Afrique où le prix de l’essence est le plus élevé. Il y a peu, le prix du litre titillait les 2 dollars, mais suite à la dépression du Franc congolais, il est revenu autour de 1,2 dollar. Or les prix du carburant n’est pas seulement fixé par rapport au Prix moyen frontière et à la fiscalité et à la parafiscalité mais aussi par rapport au taux de change CDF-USD.
Éviter de mettre du fuel sur le feu
Quand le prix du carburant est revu à la hausse, l’effet domino est immédiat sur les prix des denrées alimentaires et les tarifs dans le transport en commun. Ce sont ces effets que le gouvernement tient coûte que coûte à éviter par ce temps d’incertitudes politiques. Dans le contexte actuel, le gouvernement quoique sortant ne veut pas en rajouter à la crise politique et sociale du moment. Mais des analystes redoutent toutefois que se fondant sur la grille tarifaire convenue avec le gouvernement, que les sociétés distributrices, qui par ailleurs, honorent leurs obligations fiscales à défaut d’être scellées par le fisc, ne se décident de réduire les horaires d’ouverture de leurs pompes à essence comme par le passé le temps que les chosent bougent. Car la profession pétrolière l’a dit et répété à la Primature qu’elle encaisse un manque à gagner sur chaque litre vendu. En mai 2016, le litre du carburant se négociait à 1440 Fc alors que le rapport de change CDF/USD était de 920FC/USD. En mai, alors que le franc national perd de sa superbe, quasiment au quotidien, face au dollar, 1 415 FC pour 1USD, soit une dépréciation de près de 40 %, le litre est à 1 650 FC. Il est certes vrai qu’une hausse est intervenue à la fin du second quadrimestre 2016, quand le prix du litre d’essence est passé en août 2016 de 1 440 à 1 450 francs. Depuis, le franc ne cesse de chuter par rapport au dollar. Dans le pan est de la RDC, particulièrement à Kisangani, le secteur pétrolier est dans le-qui-vive depuis mi-avril quand les importateurs des produits pétroliers de Kisangani ont suspendu la vente du carburant dans leurs stations-service à cause de la majoration de la taxe conventionnelle sur les produits pétroliers.
Elle est passée de 240 000 francs congolais (245.98 USD) à 3 015 000 francs (3090.10 USD) pour un véhicule-citerne de 30 mètres cubes. Cette majoration n’a concerné que des importateurs de l’Est de la RDC. Qui ont crié à une mesure discriminatoire qui a pour effet d’étouffer des initiatives de création d’emploi. «Nous avons maintenant nos véhicules qui sont bloqués au pont d’Avakubi. Raison pour laquelle nous nous sommes décidés de suspendre l’importation des produits pétroliers venant de l’Est», avait indiqué Type Tambwe, le président des importateurs de produits pétroliers de la région. Finalement un compromis a trouvé, selon le gouverneur de la Tshopo, Jean Ilongo Tokole, suite à l’implication de Modeste Bahati. «On a trouvé un compromis avec le ministère nationale de l’Economie que, sur la structure de prix des importateurs des produits pétroliers venant de l’Est du pays, on puisse incorporer 100 francs (0,10 USD) par litre. La lettre a été signée par le ministre Bahati Lukwebo depuis le mois de septembre.
Ce n’est pas moi qui étais à la base. Je n’interviens pas dans la structure de prix de carburant», a déclaré le gouverneur de la Tshopo avant d’ajouter qu’un moratoire de six mois avait d’ailleurs été accordé avant l’application de cette mesure.
Dans l’entre-temps, dans le pan ouest, une concurrence galopante contre le circuit officiel de distribution des produits pétroliers gagne Kinshasa et le Kongo Central. Le pétrole en provenance de Lufu, vendu au marché noir mais de plus en plus achalandé. Peu importe que le pétrole angolais soit truffé du plomb. Il sied de rappeler qu’en mars dernier, quand les sociétés de la place rationnaient leurs produits, Lufu a permis aux automobilistes kinois de faire face à la pénurie tant soi peu. Pour autant, l’incertitude demeure.