UN CONSTAT sur le marché : les semaines se suivent et se ressemblent tant au niveau des trajectoires indicielles qu’au niveau du contexte peu évolutif entre la reprise économique qui se dessine lentement et la recrudescence de la pandémie de coronavirus sur le continent américain. En effet, les États-Unis et le Brésil montrent des signes préoccupants sur l’évolution sanitaire, créant de ce fait une force de rappel sur les marchés financiers, succédant souvent à une phase d’embellie sur les actions.
Indices
Ces mouvements alternatifs entre l’espoir d’une reprise des affaires et les risques d’une deuxième vague de l’épidémie rythment les places financières, avec comme ligne directrice la nécessité de préserver les actifs. Ce comportement protecteur se vérifie de manière récurrente par l’élévation cadencée des prix de l’or. Le métal doré en profite pour se situer à une encolure de son record absolu. Même son de cloche du côté du marché obligataire, avec des rendements sur les emprunts souverains proches des plus bas annuels, prouvant la volonté des institutionnels de privilégier les actifs non risqués. Les marchés ne sont donc pas à une ambivalence près ! Le retour des frictions entre Pékin et Washington et la résurgence des craintes sanitaires aux États-Unis, au Brésil, en Chine ou même en Europe ont engendré des dégagements sur les places financières en cette fin de semaine dernière.
Une fois n’est pas coutume. L’Asie a tiré son épingle du jeu, les espoirs d’amélioration des perspectives économiques chinoises ayant servi de catalyseur. L’indice Shanghai Composite s’est démarqué très nettement, avec une performance hebdomadaire de 7.3 %. Le Hang Seng a, pour sa part, gagné 1.4 % tandis que le Nikkei s’est effrité de 0.07 %. En Europe, les indices ont évolué en ordre dispersé. Le CAC40 a enregistré une perte de 1 % sur les cinq derniers jours, le Dax a gagné 0.6 % et le Footsie a cédé 1.4 %. Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal a progressé de 1.2 %, l’Espagne a perdu 1.8 % et l’Italie 0.6 %.
Aux États-Unis, le Nasdaq100 a fait encore cavalier seul, l’indice engrangeant 3.5 %. Le parcours des GAFAM demeure exceptionnel : Amazon (+9 %), Apple (+4.5 %), Facebook (+4 %), Microsoft (+3.1 %) et Alphabet (+2 %). Le Dow Jones a rétrocédé 0.4 % tandis que le S&P500 a été proche de l’équilibre.
Marché actions. Le Nasdaq 100 s’est adjugé plus de 22 % depuis le 1er janvier alors que près d’une valeur sur deux se situe dans le rouge. En effet, sur les 100 actions composants l’indice, 40 ont en effet une performance négative sur la période de référence. Quasi inconnue en début d’année, Zoom Video Communications a réalisé le parcours parfait, cumulant plus de 280 % depuis le début d’année, pour s’installer au sommet des performances.
Cette surprise n’efface pas le cas Tesla, qui fait cavalier seul dans son secteur des constructeurs automobiles, avec une envolée de 226 %, lui permettant ainsi de devenir la compagnie la plus lourdement capitalisée parmi ses concurrents. Tel un dieu sur l’Olympe, rien ne semble donc atteindre la compagnie gérée par Elon Musk. Néanmoins, avec un poids réduit de 0,84 % dans le Nasdaq 100, le spécialiste des véhicules électriques n’est pas le seul à tirer l’indice vers le haut.
C’est là qu’entrent en jeu les GAFAM. Les trois poids lourds que sont Apple, Microsoft et Amazon pèsent ensemble environ 30 % de l’indice des valeurs technologiques. Ces trois sociétés ont respectivement réalisé une performance de 30 %, 32 % et 67 % sur l’exercice 2020. Quant à Facebook et Alphabet, ils sont à la traîne et sous-performent même leur référence indicielle, alors qu’ils pèsent chacun plus de 4 %. Le géant des réseaux sociaux se valorise de 18 % sur l’année alors que la compagnie gérée par Larry Page limite son parcours à +12 %. Parmi les déceptions, citons, sans surprise, le segment lié à l’hôtellerie, à l’image de la dégradation de 48 % de la société des hôtels de luxe, Marriott International, qui se trouve fortement impactée par la crise sanitaire mondiale.
Marché obligataire
Depuis plus d’un mois, une vague de nouvelles émissions anime le marché obligataire, avec comme principaux émetteurs, les gouvernements cherchant à se renflouer, suite à tous les plans de relance dédiés à l’économie. Sur le marché secondaire, la saga sur les fonds de relance et un fort soutien aux économies européennes constitue le fil rouge sur le plan continental. En attendant une validation, les rendements des emprunts souverains se replient de manière généralisée.
Le Bund allemand se négocie sur une base de -0.48 % et l’OAT française à -0.15 %, soit des références au plus bas de plusieurs mois. Les investisseurs restent fidèles à leurs positions défensives avec l’augmentation constante des cas de coronavirus, en particulier aux États-Unis. Ce courant de pensée se reflète dans le parcours du Tbond qui dégage une rémunération minimum à 0.58 %. Du côté du Sud de l’Europe, l’Italie voit son taux se stabiliser à 1.23 %, ce qui n’est pas le cas de l’Espagne (0.39 %) et du Portugal (0.40 %) qui profitent de conditions favorables et maintiennent, par conséquent, leur spread face à la référence allemande. En Suisse, la dette à dix ans garde le cap de la baisse avec un taux sur 10 ans à -0.51 %.
Marché des changes. La volatilité a perdu du terrain sur le marché des devises, avec des cambistes qui montrent une forte hésitation entre les monnaies défensives et celles qui bénéficient d’achat lors des prises de risques. Il faut aller au Royaume-Uni pour voir la livre sterling regagner pratiquement 300 points face au billet vert à 1.26 dollar, tout comme face à l’euro, à 0.90 GBP. Alors que les négociations avec l’Union européenne (UE) semblaient progresser, Boris Johnson, le 1ER Ministre britannique, a réitéré que son pays était pourtant prêt à un Brexit dur en cas d’échec de celles-ci. De son côté, Rishi Sunak, le ministre des Finances, a présenté son projet de relance de 30 milliards de livres dont 2 milliards pour les jeunes sans emploi.
La monnaie unique a regagné du terrain sur le yen à 121.50 JPY, ainsi que sur le dollar à 13 dollars. Le billet vert reste exposé à l’évolution de la pandémie aux États-Unis et l’euro à la volonté politique européenne de soutenir l’économie de la zone. Le dollar et le yen se sont neutralisés à 107.5 JPY, alors que le franc suisse est resté recherché, confirmant son statut de valeur défensive indétrônable. La parité USD/CHF s’est traitée à 0.94 CHF et le JPY/CHF est revenu sur une zone déjà testée à plusieurs reprises (0.875 CHF). Le récent triple A confirmé pour la Suisse, par l’agence de notation Fitch, entraîne un engouement sur la devise.
Les statistiques économiques étaient peu nombreuses la semaine dernière en Europe, avec seulement les ventes au détail qui ont rebondi de 17.8 % (consensus 15 % et -12.1 % le mois dernier). Pour l’Allemagne, les commandes industrielles ont progressé de 10.4 % et la production industrielle de 7.8 %, tandis que la balance commerciale est ressortie à 7.6 milliards d’euros. En France, la balance commerciale a déçu, avec un déficit de 7.1 milliards mais la production industrielle a progressé de 19.6 %, contre -20.6 % précédemment.