SI LES deux camps se sont rapidement entendus pour étouffer les braises en convenant d’une collaboration, l’expérience démontre que le marché ne parvient toujours pas à s’acclimater au caractère imprévisible du locataire de la Maison Blanche, mais surtout que le feuilleton commercial n’est pas clos. À l’heure du Covid-19 et des économies meurtries, ces oppositions commerciales prennent une toute autre ampleur. Tâchons de le garder à l’esprit et de l’ajouter à l’équation aux nombreuses inconnues du monde post-confinement.
Pour le reste, les places financières ont fait preuve de nervosité la semaine du 4 au 10 mai, partagées entre les mauvaises statistiques qui confirment l’impact marqué du Covid-19 sur l’économie mondiale et les espoirs de reprise de l’activité, avec la fin du confinement dans plusieurs pays.
Indices
Malgré une légère accalmie sur le front du commerce en raison de la reprise des discussions entre Pékin et Washington pour l’application de l’accord signé en début d’année, les grands indices terminent la semaine en ordre dispersé, malgré un rapport mensuel sur l’emploi américain décevant, mais légèrement au-dessus des attentes.
Sur la semaine écoulée, en Asie, le Nikkei et le Shanghai Composite ont tiré leur épingle du jeu, récupérant respectivement 2.8 % et 1.2 %. Le Hang Seng a cédé en revanche 1.5 %. En Europe, les principaux indices ont évolué en ordre dispersé. Le CAC40 a enregistré une perte hebdomadaire de 0.6 % alors que le Dax a gagné 0.3 %, et le Footsie a grimpé de 3 %. Pour les pays périphériques de la zone euro, le rouge a dominé. L’Espagne a cédé 2 %, le Portugal 0.8 % et l’Italie 1.4 %. À New-York, le vendredi 8 mai, le Dow Jones a progressé de 2.1 % sur la semaine, le S&P500 de 3 % tandis que le Nasdaq100 s’est adjugé 5.5 %. L’indice des valeurs technologique progresse désormais de 5.3 % depuis le 1er janvier et confirme ainsi sa nette surperformance face aux autres indices. En ce qui concerne les matières premières, la perspective de voir la demande de brut rebondir dans les prochaines semaines, ressuscitée par les mesures de déconfinement, redonne du baume au cœur aux opérateurs. Ces derniers se sont également montrés confiants sur le recul de la production d’or noir, au niveau mondial et aux États-Unis. La volatilité est restée très importante la semaine dernière, le Brent progressant de près de 14 % à 30.3 dollars tandis que le WTI s’est adjugé 30 % à 25.85 dollars.
Marché actions
Les métaux précieux ont toujours le vent en poupe. L’once d’or a évolué non loin de son plus haut annuel à 1 719 dollars, tandis que l’argent est revenu au contact des 15.7 dollars. Le compartiment des métaux industriels a enregistré une séquence hebdomadaire positive, en partie soutenu par reprise des activités en Chine. Le cuivre a progressé à 5 227 dollars la tonne métrique, tout comme le zinc à 2 000 dollars.
Il est de bon ton de louer la performance boursière des valeurs technologiques américaines. Elle est d’ailleurs incontestable quand les marchés montent mais aussi quand ils baissent, comme c’est le cas depuis que la crise du Covid-19 est venue rebattre les cartes. Mais pas toutes les cartes, vous l’aurez compris. Il ne faut pas non plus oublier d’autres îlots de prospérité numérique. Et l’Allemagne a des arguments à faire valoir en la matière actuellement. Les surperformances par rapport à l’indice large STOXX Europe 600 (-18 %) sont allées de 33 % à 119 %. Ces valeurs sont les vendeurs en ligne Zalando (chaussure, habillement), Zooplus (article pour animaux) et Shop Apotheke (produits pharmaceutiques), le service de livraison Delivery Hero, le fournisseur d’ingrédients culinaires à domicile HelloFresh et le développeur de logiciels de travail collaboratif TeamViewer. Hormis ce dernier, ce sont surtout des commerçants qui s’appuient sur la technologie pour écouler leurs produits et/ou leurs services. Mais cela reste des success-story numériques.
Marché des changes
Quant au marché obligataire, les taux se stabilisent sur les grandes signatures européennes. L’OAT française évolue toujours à proximité d’un rendement nul tandis que le Bund allemand reste en territoire négatif à -0.5 %. Le 10 ans suisse suit la même dynamique à -0.56 %. L’écart se creuse ainsi avec les rendements d’État italien et espagnol, qui tendent à progresser. Le 10 ans espagnol se stabilise à 0.83 % tandis que le BTP italien reste aimanté par la barre des 2 %. Outre-Atlantique, le 10 ans américain fait toujours preuve d’une résilience à toute épreuve alors que les statistiques économiques du pays vacillent. Le T-bond affiche ainsi un rendement de 0.64 %. Force est de constater que la semaine dernière n’a pas été volatile sur les marchés des changes. Globalement, l’euro s’est effrité face à ses contreparties majeures, affaibli par la décision de la Cour suprême allemande à l’égard de la politique menée par la Banque centrale européenne (BCE) sur ses rachats de dette publique. Le couple EUR/USD a ainsi perdu un peu de terrain à 1.08 dollar, une dynamique aussi observable sur les paires EUR/CHF et EUR/JPY, qui évoluent respectivement à 1.05 CHF et 115 JPY. Outre-Atlantique, le dollar n’a pas particulièrement pâti de l’effondrement du travail dans le secteur privé aux États-Unis avec la destruction de plus de 20 millions d’emplois en avril. Le billet vert se stabilise face au yen à 106 JPY.
À propos des statistiques économiques, il faut noter que peu de statistiques européennes étaient au programme la semaine dernière. Les indices PMI manufacturier et services sont ressortis globalement dans le consensus, à respectivement 33.4 et 12 (consensus 33.6 et 11.7). En Allemagne, la production industrielle a chuté de 9.2 % (-16.2 % en France) et les commandes industrielles allemandes ont décroché de 15.6 %. Cette semaine, les opérateurs focaliseront leur attention, sur la production industrielle en zone euro, la balance commerciale et le PIB, anticipé en baisse de 3.8 %.
En Chine, la bonne surprise provient de la hausse de 3.5 % des exportations en avril (consensus -11 %), même si les importations ont chuté de 14.2 % (-10 % attendus). La balance commerciale ressort à +45.3B dollars (consensus 9.1B). Dans les séances à venir, seront dévoilés les indices CPI et PPI, la production industrielle, les ventes au détail et le taux de chômage. Aux États-Unis, l’indice ISM services a dépassé les attentes (41.8 contre 37. 5 anticipé). Les commandes industrielles ont décroché de 10.3 % (consensus -9.2 %) et toutes les données concernant l’emploi ont déçu. L’enquête ADP a fait état de 20 236K destructions de postes dans le secteur privé (-20 500K attendu et -149K le mois dernier). Les inscriptions hebdomadaires au chômage sont ressorties à 3 169K (consensus 3 000k). Le point d’orgue de la semaine dernière était le rapport mensuel sur l’emploi. Le taux de chômage s’est envolé à 14.7 % (consensus 16 %) et 20 500K emplois ont été détruits en avril, là où le marché attendait -22 000K (-870K le mois dernier).