Nombre d’opérateurs économiques évoluant dans le secteur des petites et moyennes entreprises (PME) se tournent vers l’extérieur pour leur survie. La plupart d’entre eux militent pour faire partie du Réseau international de classes moyennes afin d’être compétitives. D’autres estiment qu’il faut pousser le gouvernement à l’élaboration d’une stratégie nationale de développement des PME. « Ce qu’il nous faut pour le moment, c’est la promotion d’un partenariat interentreprises », affirme Richard Manzanza, patron d’une entreprise agricole familiale. D’après cet ingénieur agronome formé en Allemagne, les PME ne sont pas encore à même de jouer efficacement le rôle de moteur de l’industrialisation du pays, comme c’est le cas dans les pays ayant connu un décollage économique à travers elles.
Diversité des activités
Dans ce secteur où l’on dénombre des entités formelles et informelles, les activités économiques et sociales relèvent de la quasi-totalité des domaines de la vie nationale, notamment l’agriculture, la transformation industrielle, le transport, la construction, le commerce, la santé, l’environnement, l’enseignement, etc. « Cette diversité des domaines d’activités ne rend pas aisée la définition des programmes et des stratégies relatifs à la promotion des PME. Quoi qu’il en soit, elles constituent une composante importante du secteur privé dans la mesure où il apporte à l’économie nationale, et même à toute la société, une contribution en termes de création d’emplois et de revenus », explique Richard Manzanza.
Cependant, relève-t-il, jusqu’à ce jour les PME continuent à faire face aux mêmes obstacles qui freinent la dynamique de leur éclosion et de leur développement. Parmi ces obstacles, il évoque un cadre légal et réglementaire lacunaire et inadapté ; l’absence d’une assistance à leur création et à leur gestion ; les difficultés d’accès au financement, aux marchés d’approvisionnement en matières premières et autres intrants, aux débouchés pour leurs produits, aux marchés publics, à la sous-traitance. En plus d’un système fiscal généralement inadapté à leur taille et à la nature de leurs activités. Toutes ces contraintes, estime l’agronome, exigent des réformes en termes de stratégies à mettre en place et de mesures de correction.
Manque de volonté politique
Richard Manzanza déplore qu’il n’y ait pas de volonté politique pour la promotion des PME par des actions concrètes. D’après lui, il s’agit d’améliorer le climat des affaires, de développer la culture entrepreneuriale par la mise en place d’incubateurs, de financer les PME à travers une stratégie nationale d’appui à la microfinance. Mais aussi de l’accès des PME aux marchés publics et à la sous-traitance, de la réforme des structures étatiques en vue de les rendre souples, l’élaboration d’une loi d’orientation du secteur, la mise en place d’une stratégie d’ensemble en faveur de leur promotion avec les agences de coopération bilatérale et multilatérale à travers les groupes thématiques industriels et des services du gouvernement. Et de développer différents types de partenariats interentreprises.
À cause de leur petite taille, les PME éprouvent des difficultés pour produire en quantité suffisante afin de couvrir le marché, appliquer les normes homogènes de production, respecter les délais de livraison et tirer profit des débouchés commerciaux potentiels. Il faudra alors organiser une division efficace et spécialisée du travail en interne, recommande Manzanza. Les PME, dit-il, doivent assurer leur propre logistique, former elles-mêmes leur personnel, réaliser de bonnes études de marché, s’informer sur les derniers développements technologiques… À cause de leur isolement, elles ont des problèmes pour améliorer leur compétitivité. Faute d’une coordination de leurs activités, elles ne peuvent pas réaliser d’économies d’échelle en opérant toutes seules, notamment pour acheter des intrants en gros, optimiser la gestion du matériel et mettre en commun les capacités de production en vue d’exécuter des commandes importantes, se spécialiser dans les fonctions essentielles et s’associer les unes avec les autres pour améliorer la compétitivité…
Le partenariat interentreprises
« S’enrichir de leurs expériences mutuelles en échangeant les idées, les données d’expériences, les informations que chacune détient ou celles susceptibles d’améliorer la qualité des produits ou s’emparer de segments de marché plus rentables pourrait ainsi permettre aux PME de surmonter les difficultés endogènes et s’attendre à un éveil fort et durable », commente Richard Manzanza. Le partenariat interentreprises vise la mise en place de réseaux horizontaux et des systèmes productifs locaux, de réseaux verticaux entre les PME et les grandes entreprises locales, et entre les PME congolaises et étrangères. Les réseaux horizontaux entre PME fédèrent des groupes d’entreprises qui coopèrent à un projet commun de développement en se complétant et en se spécialisant, afin de mener au succès une action collective efficace. Par exemple, pénétrer des marchés que chaque PME ne peut conquérir seule.
Par contre, les systèmes productifs locaux qui visent le développement des initiatives communes connaissent un succès économique et un dynamisme notable dans d’autres pays. Il est temps de les expérimenter au Congo, recommande l’agronome. En ce qui concerne la création des réseaux verticaux entre les PME et les grandes entreprises locales, il faudra encourager la sous-traitance de plus d’activités possibles, notamment dans les secteurs des mines et de la construction. La plupart des pays industrialisés ont atteint un niveau économique et social élevé par le biais des PME. Et c’est aussi grâce à la promotion de celles-ci que bon nombre de pays asiatiques sont considérés aujourd’hui comme émergents. Le rôle de l’État demeure primordial, certes, mais il lui revient de créer les conditions économiques minimales propices à l’éclosion de la PME, de mettre en place un système fiscal incitatif avec des taux d’imposition faibles, conclut Richard Manzanza.