Les dirigeants de ces entités territoriales attendent l’application de la rétrocession ainsi que le prévoit la Constitution. Rétrouvés dernièrement à Kinshasa, les gouverneurs tirent la sonnette d’alarme.
Réunion à Kinshasa pour leur rencontre annuelle, les onze gouverneurs des provinces de la République démocratique du Congo ont réclamé plus de ressources pour le développement de leurs entités. Ils se sont appuyés sur des dispositions telles que la retenue à la source de 40% des recettes réalisées au niveau des territoires décentralisés et l’élection des animateurs de la vie politique au lieu de leurs simples nominations. La Constitution actuelle promettait un développement accéléré des entités territoriales décentralisées, impulsé par la transparence dans la gestion et la bonne gouvernance. A la place de la retenue à la source, le gouvernement central a opté pour une simple rétrocession. Les principales conséquences de ce revirement sont, notamment, le manque de moyens suffisants au prorata des efforts de chaque province dans la mobilisation des recettes, l’éternelle main tendue des responsables des entités décentralisées au gouvernement central, les budgets non exécutés, la persistance des problèmes de sous-développement (faim, infrastructures,…), la perte de confiance des administrés en la Constitution et celle de la légitimé des dirigeants des entités décentralisées… Le gouvernement avait toujours justifié sa position sur la rétrocession par les urgences nées des guerres imposées au pays depuis quelques années. « Nous avons du mal à trouver les fonds nécessaires pour booster le développement de nos entités administratives », estime le gouverneur de la province de Kinshasa et porte-parole de la conférence, André Kimbuta. A l’en croire, les provinces n’ont jamais reçu de budget leur alloué par la loi de finances. Elles ne vivent que d’interventions ponctuelles, dont la somme dépasse difficilement le 10 % du budget annuel attendu. Sans nier les efforts du gouvernement central dans la construction des infrastructures (routières, scolaires, sportives, sociales…), les gouverneurs veulent disposer de leurs propres budgets pour réaliser des programmes de développement qui répondent aux attentes réelles des populations de base. « C’est bien de me faire des boulevards, mais moi je pense que mon programme de développement passe, par exemple, par le désenclavement de la commune de Kisenso, prioritaire pour la population », a affirmé le gouverneur de la ville de Kinshasa.