La population mondiale a triplé depuis 1945 et la majorité vit désormais dans les villes. Cependant, des centaines de millions de personnes souffrent toujours de sous-alimentation. Le défi à relever consiste à faire de sorte que, en 2030, aucun individu, aucune famille n’aille se coucher affamé.
Pour cette année, la Journée mondiale de l’alimentation, le 16 octobre, a été placée sous le thème : « Protection sociale et agriculture : rompre le cercle vicieux de la pauvreté dans les zones rurales ». Il met en lumière le rôle crucial que jouent les transferts d’argent, l’assurance maladie, les régimes de retraite et les autres programmes de protection sociale pour permettre aux personnes vulnérables de mieux gérer les risques et de s’assurer des moyens de subsistance satisfaisants. C’est dans ce cadre que les Nations unies appellent à accélérer les efforts individuels et collectifs pour éradiquer la faim dans le monde et à améliorer les modalités de production et de consommation. « La faim est plus qu’un manque de nourriture, c’est une terrible injustice », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon à Milan, en Italie, le 16 octobre, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de l’alimentation.
Mouvement mondial
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui totalise 70 ans cette année, a donc lancé un mouvement mondial en vue de l’élimination de la faim. « Nous devons nouer de nouveaux partenariats et instituer de meilleures façons de travailler », a fait savoir Ban Ki-moon, qui s’inquiète de l’ampleur des pertes et des gaspillages alimentaires estimés à environ un tiers de toute la nourriture produite dans le monde.
D’après les analyses de la FAO, la mise en place des systèmes alimentaires sans exclusive, résilients et viables à long terme dépendra des moyens d’action à donner aux agricultrices, et à même d’offrir des perspectives aux jeunes et d’investir dans les petites exploitations agricoles. Les villes ont donc un rôle clé à jouer dans ce mouvement mondial. Plus de cent villes à travers le monde ont pris à Milan l’engagement de rendre les systèmes alimentaires en milieu urbain plus équitables et durables. Les maires de ces villes ont signé le Pacte urbain sur les politiques alimentaires. Cet accord prévoit l’adhésion à quatre principes : garantir une nourriture saine pour tous, promouvoir des systèmes alimentaires durables, sensibiliser le public sur une alimentation saine, et réduire les gaspillages.
Les centres urbains seront des acteurs essentiels dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), y compris dans l’éradication de la faim d’ici 2030. Malheureusement, de nombreuses villes ne peuvent assurer à tous un accès régulier et stable à une nourriture adéquate. Les plans d’aménagement et de développement urbain négligent les questions de sécurité alimentaire et de nutrition.
Le gaspillage est une honte
Il faudra également lutter contre les pratiques alimentaires peu saines et qui entraînent des gaspillages. La FAO a dévoilé, le 16 octobre, son nouveau programme d’action pour sortir de la sous-alimentation dans le monde. Les objectifs de ce programme consistent à faire en sorte que la plus grande offre de nourriture se traduise rapidement en une meilleure nutrition pour tous et que la transition de la production et de la consommation vers des systèmes alimentaires véritablement durables s’accélèrent rapidement.
Ce programme implique la participation de tous en vue d’atteindre l’objectif faim zéro d’ici 2030.
Le secrétaire général de l’ONU appelle les individus et les États à « mettre en œuvre des systèmes alimentaires non exclusifs, résilients et viables ». Ban Ki-moon insiste sur le fait que l’éradication rapide de la faim conditionnera la réalisation d’ici à 2030 de tous les ODD adoptés en septembre. Dans le cadre de l’ODD numéro 2, intitulé « Faim zéro », les États se sont engagés à éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable.
Approche de lutte inclusive
D’importantes avancées ont été réalisées depuis 2002, notamment la réduction de moitié de la proportion mondiale de personnes sous-alimentées. Malgré ces progrès, presque 800 millions de personnes souffrent encore de la faim alors que près d’un tiers des denrées alimentaires sont perdues ou gaspillées. Les consommateurs urbains ont tendance à rejeter les fruits et légumes dont l’apparence n’est pas parfaite, même s’il s’agit de produits frais.
Par ailleurs, l’obésité croît à un rythme alarmant, en particulier dans les zones urbaines des pays à revenu moyen ou élevé, où les modes de vie bousculent les régimes alimentaires. Pour lutter contre ces phénomènes, le Pacte urbain sur les systèmes alimentaires, mis au point avec le concours technique de la FAO, reconnaît l’importance d’une approche inclusive fédérant les gouvernements, le secteur privé et la société civile. Il souligne en outre l’importance de renforcer les liens entre les centres urbains et les zones rurales environnantes. Dans cette perspective, la FAO pense innover en développant la petite agriculture urbaine et péri-urbaine pour permettre de produire de la nourriture, de diversifier et d’encourager une alimentation plus saine pour les familles citadines.
Ce Pacte fait partie des initiatives liées à l’exposition universelle Expo Milano 2015, dont le thème est « Nourrir la planète, Énergie pour la vie ».