À terme, les incubateurs de start-up proposés devront fournir un ensemble de services et non financiers visant le soutien aux entreprises à fort potentiel de croissance et le développement de nouveaux produits par le renforcement des chaînes de valeur porteuses, identifiées dans les localités concernées. Le FPI va jouer le rôle de clé de voûte pour l’implémentation de ces incubateurs de start-up. Tout en assurant sa mission de financement de la production de matières premières à l’industrie locale, de produits manufacturés compétitifs, ainsi que des projets des secteurs de l’agriculture et de l’élevage qui concourent à l’intégration industrielle.
Avec l’implémentation des incubateurs à Kinshasa et Goma, on s’attend à l’échéance de 5 ans à ce que chaque incubateur crée 88 start-up, 352 emplois en raison de 4 personnes par start-up et augmente les revenus de près de 1,9 millions de dollars. Comme type d’incubateur, l’étude a retenu l’incubateur de chaînes de valeur agricoles sous le format de partenariat public-privé, sans but lucratif, tourné vers plusieurs secteurs mais concentré sur l’agrobusiness et poursuivant les objectifs de développement économique local et de création d’emplois.
Selon cette étude, les incubateurs auront un effet positif sur le développement du secteur des PME qui, à son tour, aura un effet sur l’économie du pays : augmentation de la production alimentaire pour éviter ainsi la fuite des devises ; fourniture des aliments de base, création d’emplois et innovation dans un environnement à évolution rapide. Les incubateurs de PME diffèrent en fonction de leur appartenance (public, privé, PPP, académique, ONG), de leur nature (à but lucratif, à but non lucratif), des secteurs d’activité (concentration sur un secteur ou sur plusieurs secteurs, technologique) et des objectifs (promotion d’une catégorie spécifique, développement économique local, transfert de technologie, création d’emplois, maximisation des profits).
D’après la même étude, il a fallu trancher entre Goma et Bukavu pour implanter un incubateur, en se posant trois questions. Un : les chaînes de valeur régionales disposant d’avantages comparatifs sont-elles organisées et productives ? Deux : peut-on étendre la commercialisation des produits sur les marchés locaux, nationaux et internationaux ? Trois : comment assurer la supervision des activités de l’incubateur et réduire ses coûts d’investissement et de fonctionnement ?
En comparant, l’étude a montré que le Nord-Kivu fournit les principaux produits agricoles, environ 31 % de plus que le Sud-Kivu et que les intrants agricoles y sont disponibles à moindre coût, ce qui accroît la compétitivité des produits agricoles, par rapport au Sud-Kivu. Par ailleurs, Goma accueille des vols directs en provenance de Kinshasa et est stratégiquement située pour exporter facilement vers les marchés internationaux que sont Kigali et Kampala.
Les filières d’incubation
Les filières ont été sélectionnées en fonction de différents facteurs (masse critique de producteurs, potentiel de croissance de la production et de la productivité, accès aux marchés locaux, nationaux, régionaux et internationaux, possibilité de valeur ajoutée aux productions agricoles et donc revenu supplémentaire pour tous les participants de la chaîne). De ce point de vue, 4 clusters ou filières ont été retenus pour Kinshasa : amidon (manioc, soja et maïs), fruits et légumes, halieutique et services transversaux ; et pour Goma : pomme de terre, maïs et soja pour l’alimentation et l’élevage, café et services transversaux.
L’analyse approfondie de toutes les filières a permis d’identifier les faiblesses de différents acteurs de chaînes de valeur et de déterminer les activités stratégiques des incubateurs ainsi que les projets de start-up qui seront éligibles. Les incubateurs de start-up offrent des infrastructures d’hébergement des entreprises et des services (coaching, formations, etc.), facilitent l’accès au financement et organisent des activités de réseautage. Les activités des incubateurs ont été séquencées en trois phases : pré-incubation (100 bénéficiaires par an pendant 3 mois autour des services de développement d’un business model, conseil, etc.), incubation (20 bénéficiaires par an pour une année avec extension de 6 mois autour de services de mentoring, formations, hébergement, réseautage, seed loan et loyer faible) et post-incubation (1à bénéficiaires par an pour une année avec extension d’une année autour des services de mentoring, formations, hébergement, réseautage, prêt bancaire classique, loyer commercial). Le plan de formation comprend 10 modules pour une durée de deux mois. En plus un atelier de transformation agro-alimentaire sera mis à la disposition des incubés pour partager les équipements et se lancer dans une activité génératrice de revenus, acquérir une expertise technique et tester leurs produits sur le marché. Mais l’aspect le plus important pour soutenir ces start-up sera l’accès au financement. Le modèle vise le renforcement des projets, leur bancabilité et leur financement à travers des prêts d’amorçage et de croissance. Pour les prêts d’amorçage (de 30 000 à 50 000 dollars), le FPI prévoit une adaptation de ses critères de financements (réduction de la garantie, du prêt moyen, du taux d’intérêt et extension de la maturité). Quant aux prêts de croissance (de 100 000 à 1 million de dollars), l’étude recommande le recours à aux partenaires financiers extérieurs (banques et/ou fonds d’investissements, bailleurs de fonds) à travers les partenariats financiers et techniques dans la gestion opérationnelle et stratégique des incubateurs. Grosso modo, l’incubateur poussera les incubés à une gestion rigoureuse et à une comptabilité solide et transparente pour augmenter les chances de survie et de financement des entreprises participantes
Cadre institutionnel et sélection des incubés
Dans le cadre de ce projet et dans l’optique du partenariat public-privé, l’étude recommande la création d’incubateur sous forme d’une Asbl en tant qu’entité distincte du FPI mais placé sous sa supervision. Question de sécuriser l’appui technique et financier des partenaires extérieurs (bailleurs de fonds, ONG, banques) et de s’assurer que la gestion de l’incubateur est professionnelle, orientée vers les résultats, flexible et dynamique.
La sélection des incubés est un processus rigoureux car c’est le fondement sur lequel repose toute l’architecture de l’incubateur. Les candidats doivent être attirés par des sources multiples (universités, centres de R&D, personnel des entreprises privées, organisations des PME, etc.). Tous les trois mois, 30 à 35 nouveaux pré-incubés (sélectionnés sur la base de la grille d’analyse-projet préétablie) entreront dans l’incubateur pour développer leurs business model afin de se qualifier pour un poste dans l’incubateur. Un candidat plus développé peut également postuler directement à un poste dans l’incubateur.