LA VEILLE, l’euro s’échangeait à 1,1226 dollar, contre 1,1215. Si aucun changement dans les taux n’est attendu, les investisseurs ont cependant attendu la conférence de presse de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), mercredi 1er mai, pour en avoir le cœur net. Jerome Powell a fait savoir à la presse qu’il ne secouera pas les marchés ou la Maison-Blanche.
La Fed devrait stabiliser sa politique, améliorer ses commentaires sur l’économie et discuter de la manière dont l’inflation s’est affaiblie. Les observateurs de la Fed affirment que le président devra faire preuve de rigueur, afin de ne pas tergiverser de manière excessive, ce qui pourrait dérouter les marchés et attirer l’ire de Donald Trump, le président des États-Unis. Trump a lancé une nouvelle attaque Twitter contre la Fed lors de sa réunion de mardi, appelant à une hausse du taux de 1 % et à un retour à l’assouplissement quantitatif.
Le président de la Fed voudra également éviter de paraître trop dovish, en raison de la vigueur de l’économie et du fait que les conditions financières se sont considérablement améliorées au cours des derniers mois. « Le marché continue d’estimer la probabilité d’une baisse des taux cette année à plus de 50 %, tandis que les données et le ton employé par la Fed suggèrent davantage de patience et d’inactivité », a expliqué Kit Juckes, analyste pour Société Générale.
Mardi 30 avril, Donald Trump a réclamé une nouvelle fois une baisse des taux d’intérêt et reproché à la Banque centrale américaine d’avoir « constamment » relevé les taux et freiné l’économie. Une hausse des taux vise à ralentir une économie en surchauffe et a pour conséquence de rendre le dollar plus rémunérateur et donc plus attractif pour les cambistes.
Selon les signaux envoyés par Powell concernant le futur de la politique monétaire des États-Unis, le billet vert peut monter ou baisser. Le banquier central pourrait cependant demeurer flou, alors que l’institution se trouve confrontée à une croissance robuste mais à une inflation bien en dessous de sa cible de 2 %.
L’euro, de son côté, semblait prendre une pause après avoir bénéficié mardi 30 avril de données économiques meilleures que prévu. Néanmoins, « si on compare le rythme de croissance sur un an, le 1,2 % de la zone euro est significativement en dessous des 3,2 % publiés la semaine achevée 27 avril pour les États-Unis », ont relativisé Piotr Matys et Jane Foley, analystes pour Rabobank.
La politique « faucon »
En début d’année, la Réserve fédérale américaine a abandonné la politique « faucon », animal associé à une politique monétaire restrictive. Tant du côté conventionnel (les taux directeurs) que non conventionnel (les actifs obligataires rachetés dans le cadre des QE), la Banque centrale américaine devrait de l’avis général confirmer son biais accommodant lors du comité de politique monétaire (le FOMC) qui s’est terminé le 1er mai, qui n’est pas un jour férié outre-Atlantique.
L’attention des cambistes était focalisée la semaine dernière sur la réunion de la Fed, les chiffres de l’emploi américains, ainsi que sur les négociations commerciales États-Unis/Chine.
Par ailleurs, Eurostat a annoncé qu’en données préliminaires, la croissance séquentielle du PIB de la zone euro a atteint 0,4 % au 1er trimestre, alors que le consensus n’attendait que + 0,3 %, et après + 0,2 % au 4è trimestre 2018.Alors que les événements concernant le dollar étaient nombreux la semaine dernière, c’est l’euro qui sera sur le devant de la scène », a expliqué Konstantinos Anthis, analyste pour ADS Securities. « Ce démarrage encourageant pour 2019 », selon Marco Valli, analyste pour UniCredit, « aide à atténuer les risques » envisagés par la Banque centrale européenne dans ses prévisions.
Un peu plus tôt, l’euro avait grimpé à la publication d’une inflation plus forte que prévu en avril en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, à +1 % sur un mois (contre 0,4 % attendu) et à +2,1 % sur un an (+1,5 % attendu). En Espagne, la croissance s’est accélérée de 0,1 point au premier trimestre, à 0,7 %.
« Sans une inflation marquée, il n’y a pas de pression sur la Fed pour qu’elle augmente ses taux », a-t-il expliqué en évoquant les chiffres publiés et qui ont fait état d’une hausse des prix en mars à 1,5 % sur un an, soit bien en dessous des 2 % visés par la Banque centrale. L’institution avait surpris en mars en annonçant vouloir faire une pause dans la remontée des taux d’intérêt, ce qui avait pénalisé le dollar en le rendant moins rémunérateur et donc moins attractif. Autre temps fort : la publication du rapport mensuel sur l’emploi, un document considéré comme une bonne jauge de la santé de la première puissance économique mondiale.
Enfin, « les négociations commerciales sino-américaines ont repris, il faut donc s’attendre à une profusion de phrases qui garderont les investisseurs sur le qui-vive », a souligné Mike van Dulken, analyste pour Accendo Markets.