Après plusieurs ratés et rendez-vous manqués depuis plus de 30 ans, l’hôpital du Cinquantenaire, situé dans la Commune de Kasa-Vubu à Kinshasa, est désormais opérationnel. C’est, en effet, samedi 22 mars dernier que le président de la République, Joseph Kabila Kabange, a procédé à la coupure du ruban symbolique, autorisant ainsi la mise en service de ce précieux ouvrage, en présence de nombreuses autorités tant civiles que militaires. Pour ne pas manquer au rendez-vous (cette fois-ci, la bonne), les partis politiques se sont mobilisés de telle sorte que la manifestation soit chaleureuse et mouvementée à travers des cris. A ce jour, cet hôpital, considéré comme le mieux équipé de la RDC, dispose d’une grande capacité d’accueil.
Des consultations aux prix accessibles à la classe moyenne et une gestion peu orthodoxe attendue
Le ministre de la Santé, Félix Kabange Numbi, a, dans son mot de circonstance, rassuré les Congolais quant à la tarification des soins médicaux, en indiquant que lesdits tarifs seraient accessibles à tous. «Les frais de consultation auprès d’un médecin généraliste dans cet hôpital, le meilleur d’Afrique centrale voire de la région, sont fixés à 20.000 fc (22 usd)… Et on paiera 25.000 FC pour consulter le plus grand médecin spécialiste qui sera dans cet hôpital», a-t-il souligné, avant de préciser que ces prix ne prennent pas en compte les explorations et autres examens demandés. Toutefois, la structure des prix sera fixée de sorte que le Congolais moyen accède aux soins de qualité et approprié à un prix abordable.
On rappelle, par ailleurs, que le revenu moyen de la majorité des Congolais est de moins de 1 dollar par jour. Le ministre a aussi noté qu’avec la loi sur la santé universelle, dont le projet pourra bientôt être transmis au Parlement, le coût financier des soins sera davantage abordable dans les années à venir. Au sein de l’hôpital, sera également mis en place un service VIP.
Pour ce qui est de la gestion de l’hôpital, elle sera assurée dans le cadre d’un partenariat public-privé. Le Gouvernement de la République a retenu le groupe indien Padyiath Healthcare, après un appel d’offre international. Les personnes qui feront partie du personnel présent au démarrage de cet hôpital, a été recruté sur base d’un concours organisé de février à juin 2013 dont 384 avaient obtenu 60%.
Gerbes d’opinion
Le Ministre du travail et de la prévoyance sociale Modeste Bahati Lukwebo, présent à cette cérémonie, a indiqué à la presse qu’un peu plus de 2.000 emplois ont été créés par le biais de ce centre hospitalier. Geneviève Inagosi ministre du genre, de la famille et de l’enfant, a, dans la foulée, exprimé sa satisfaction en ces termes : «Je suis contente surtout que c’est plus les femmes et les enfants qui en seront les plus grands bénéficiaires».
Intervenant pour sa part devant quelques journalistes, Dr Mankoy Badjoko, Secrétaire général du Syndicat national des Médecins du Congo (SYNAMED) a dit que cet hôpital est une réponse appropriée aux problèmes que pose le secteur de la santé en RDC. Les interventions rénales et hépatites amèneront en RDC beaucoup d’africains venus de partout pour des soins. Il a insisté sur la gestion qui doit être orthodoxe avant de se féliciter du partenaire qui jouit d’une forte et longue expérience dans le domaine des soins de santé au monde.
Rappel des faits
Rappelons par ailleurs que le Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange avait posé la première pierre pour lancer les travaux de construction et de modernisation de l’hôpital du Cinquantenaire le 2 mai 2009. Le Gouvernement a confié les travaux de construction à l’entreprise chinoise Sinohydro II qui avait gagné le marché. Le coût global des travaux est estimé à près de 100 millions de dollars américains. Cependant, depuis que les travaux de génie civil et d’équipement avaient pris fin, deux années se sont écoulées. Mais, pour justifier ce retard et mettre un terme aux nombreuses spéculations Charles Médard Ilunga, haut responsable à l’Agence congolaise de grands travaux (ACGT) qui avait supervisé ces travaux pour le compte du gouvernement, avait avancé en décembre dernier, l’argument selon lequel ‘’ce temps mort’’ avait permis aux experts de tester l’équipement de l’hôpital.
Les débuts de travaux de cet hôpital avaient été amorcés depuis l’époque coloniale en 1954. Ils ont malheureusement connu une interruption de suite des évènements sanglants qui ont marqué l’accession de notre pays à son indépendance. Cet hôpital a d’ailleurs été dénommé «hôpital du Cinquantenaire» en souvenir du 50ème anniversaire de l’accession de la République Démocratique du Congo à l’indépendance.