Expert en transport multimodal, Sébastien Ilunga fait siennes les prétentions de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) pour la privatisation des principaux ports du pays. Détenteur d’un doctorat en chantier naval obtenu dans une université indienne, il pense que l’expérience de l’État du Gujarat, en Inde, voire de certains pays africains en matière d’autonomie de port, pourrait servir de modèle à la RDC. Dans les propositions de relance de l’économie nationale qu’elle ne cesse de formuler depuis 2007, la FEC recommande la transformation des ports gérés par l’État via la Société commerciale des transports et des ports (SCTP) en ports autonomes. Sébastien Ilunga soutient que la libéralisation des ports est un facteur déterminant de développement économique pour la RDC. «Comme dans l’État du Gujarat en Inde, les ports de la RDC pourront, non seulement permettre d’accroître d’efficience des industries locales, mais aussi donner naissance à de nouvelles industries comme la construction navale», fait-il remarquer.
Contrairement au reste de l’Inde, poursuit-il, où c’est l’État qui possède et dirige les ports de manière prédominante, le Gujarat a instauré des formes variées de libéralisation des ports depuis les années 1990. «Cela lui a permis de devenir l’État avec la croissance économique la plus forte, au rythme de 10% à 14% entre 2001 et 2006, par exemple », note-t-il. Pour lui, «le trafic international à destination et en provenance du Nord de l’Inde passait essentiellement par les ports du Gujarat, puis par Bombay, Kolkata et Visakhapatnam.
En Inde, comme en RDC, les ports dits majeurs (comme Matadi et Boma) sont sous la coupe d’une législation de l’État central. Mais le Gujarat a pu étendre ses ports mineurs, de telle sorte qu’ils sont devenus plus importants que les ports majeurs. Cet État a désormais 40 ports mineurs, y compris des ports dits captifs, construits par les grandes industries».
Ilunga indique que ces nouveaux ports contribuent aussi à créer de nouvelles industries comme, par exemple, le nouveau hub de pipelines à Anjar, près du port de Mundra. Au vu des besoins en acier pour les pipelines, fait-il observer, ce hub a rapidement entraîné l’implantation de la sidérurgie. Et, bien sûr, la construction navale. Les ports mineurs, développés grâce à des formes diverses de libéralisation ont un impact majeur sur le développement économique de l’État du Gujarat.
Dans cette optique, la libéralisation partirait du port de Matadi qui demeure la principale plaque tournante de l’économie congolaise. Même situation au port de Boma, où est concentrée toute l’activité d’import-export. La FEC recommande au gouvernement d’en faire des ports autonomes dans le cadre d’un partenariat public-privé.