L’offre d’huile de palme, l’or orange, connaît un déficit d’offre de 10 millions de tonnes par an

Acceptée ou rejetée, cette matière qui entre dans la composition de différents produits est inévitable. Malgré la suprématie asiatique, sa production est en baisse.

Durant la première semaine de ce mois, la tonne d’huile de palme se négociait à quelque 677,9 dollars sur les grandes places d’Asie du Sud-Est, centre névralgique de production et de négoce de sa version raffinée.  Comparée à juin 2015 (606,4 dollars la tonne) ou à janvier 2015 (641,6 dollars la tonne), la hausse est plutôt considérable quand les cours mondiaux de toutes les matières premières sont au rabais. Hélas, pour la RDC, l’huile de palme ne compte plus parmi les produits qu’elle exporte. Bien que la ministre du Commerce extérieur, Néfertiti Ngudianza Bayokisa Kisula, affirme que la RDC retrouvera sa place dans le secteur de l’huilerie…mondiale à moyen terme.

Une offre insuffisante

L’offre est largement en dessous de la  demande mondiale depuis que la  Malaisie a augmenté le taux d’huile de palme contenu dans le biodiesel de 5 % à 7 %,  en janvier 2014, et l’Indonésie est passée de 7,5 % à 10 %. Cette consommation accrue de biodiesel va contribuer à réduire les stocks mondiaux d’huile de palme, qui devraient baisser de 9,9 à 9,1 millions de tonnes par an selon des experts. Dans l’entre-temps, l’Inde et la Chine tiennent, depuis 2013, le peloton des plus grands consommateurs mondiaux. Ces deux pays, ont noué, avec la RDC, voilà pratiquement  dix ans, des liens commerciaux plutôt rentables pour  l’une ou l’autre partie. Du win-win. Lecture des experts : l’avenir de l’huile de palme est donc avant tout lié au devenir des puissances émergentes du continent asiatique, qui combinent les populations les plus nombreuses du globe et des taux de croissance élevés. Mais à quoi tient donc cette ruée vers «l’or orange»? La création, il y a un peu plus de dix ans,  de la Table ronde pour une huile de palme durable en 2004, premier acte de régulation internationale d’une filière, a été sans nul doute dictée par le souci de se prémunir à l’échelle mondiale d’une guerre commerciale qui irait de l’Asie du Sud en Amérique latine, en passant par l’Europe et l’Afrique. L’huile la plus consommée au monde est à l’origine d’une filière agro-industrielle prospère, dopée par la demande en carburants d’origine végétale. On y lit la trace d’anciennes voies coloniales entre le Sud-Est asiatique (dont l’Indonésie, premier pays producteur) et le port de Rotterdam (Pays-bas) où parviennent les cargaisons livrées en Europe. Il s’agit d’une impression trompeuse car les flux se dirigent aujourd’hui d’abord vers l’Inde et la Chine.

Domination asiatique

Deux pays, l’Indonésie et la Malaisie, concentrent actuellement à eux seuls 87 % de la production mondiale. Cependant, d’autres pays comme la Thaïlande, la Colombie ou la Papouasie-Nouvelle Guinée sont en compétition pour accéder au podium. Du coté des consommateurs finaux, l’Inde, la Chine, l’Union européenne et le Pakistan représentent 60 % des débouchés à l’export. L’Europe (des 27), à elle seule, en accapare près de 15 %.

L’huile de palme est issue de la plante à la fois la plus produite (46,6 millions de tonnes par an, soit un tiers de la production mondiale) et la plus consommée (devant l’huile de soja). Sa demande est en croissance de 3 % par an depuis trente ans, tirée par une sollicitation sans cesse grandissante. Elle est difficilement identifiable sur la liste de composition de très nombreux produits, noyée dans les appellations « huile végétale » ou  « matières grasses végétales». Ses utilisations vont à 80 % de l’alimentation (margarines, plats préparés, brioches, céréales, biscuits, glaces, etc.), à 19 % à des produits non alimentaires issus de l’oléochimie (cosmétiques, savons, lubrifiants, bougies, produits pharmaceutiques, etc.) et pour le 1 % restant à la production d’un agrocarburant, le biodiesel (27 % des usagers pour l’Union européenne). Mais, pour cette industrie qui voit son avenir en rose, ce n’est pas sans épines. Il y a d’abord ces alertes de plus en plus alarmantes   des professionnels de la santé quant à la nocivité d’un produit alimentaire que l’on retrouve partout, mais qui se dissimule en petits caractères sur les étiquettes de composition des produits, le cholestérol. Il y a ensuite des soucis environnementaux. Forêts détruites, biodiversité affaiblie, libération de gaz à effet de serre, pollution et sols appauvris, le développement de la culture des palmiers à huile cause d’énormes dégâts, surtout en Asie.  Cependant en RDC, dans le Kongo-Central par exemple, l’exploitation de la mer verte des palmiers à huile le long de la route nationale n°1, tronçon entre Kinshasa et Banana, n’est guère de nature à causer des dégâts écologiques.