L’ONU appelle le monde à relever le défi de la reconstruction

Pour la première fois depuis 1945, le monde entier est confronté à une menace commune, indépendamment de la nationalité, de l’appartenance ethnique ou de la religion, a déclaré Antonio Guterres, le jeudi 3 décembre, à l’occasion d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies consacrée à la réponse à la pandémie de Covid-19.

DE HAUTS responsables onusiens ont invité la semaine dernière les dirigeants du monde à relever les défis énormes de la reconstruction post-Covid-19. « Près d’un an après le début de la pandémie de coronavirus, nous sommes confrontés à une tragédie humaine et à une urgence de santé publique, humanitaire et de développement », a déclaré Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU. Le chef de l’ONU a rappelé que l’impact social et économique de la pandémie est énorme et croissant et qu’elle a frappé le plus durement les plus pauvres et les plus vulnérables, avec un impact dévastateur sur les personnes âgées, les femmes et les filles, les communautés à faible revenu, les personnes marginalisées et isolées.

Il a souligné également que, dès le départ, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) « a fourni des informations factuelles et des conseils scientifiques qui auraient dû servir de base à une réponse mondiale coordonnée », mais que « malheureusement, bon nombre de ces recommandations n’ont pas été suivies ». D’après lui, dans certaines situations, il y a eu un rejet des faits et une ignorance des directives. Et quand les pays vont dans leur propre direction, le virus va dans tous les sens.

Des dégâts sur des années

Alors que des vaccins pourraient devenir disponibles dans les semaines et les mois à venir, le secrétaire général des Nations Unies a prévenu qu’un « vaccin ne peut pas réparer des dégâts qui s’étaleront sur des années, voire des décennies à venir ». D’autant plus que l’extrême pauvreté augmente et la menace de famine se profile. « Nous sommes confrontés à la plus grande récession mondiale en huit décennies », a fait remarquer Antonio Guterres.

Dans ce contexte, il invite la communauté internationale à reconstruire le monde en mieux : « Alors que cette année difficile tire à sa fin, prenons la résolution de prendre les décisions et les actions difficiles et ambitieuses qui mèneront à de meilleurs jours à venir. » Et de poursuivre : « Lors d’une crise mondiale, nous devons répondre aux attentes de ceux que nous servons avec unité, solidarité et une action mondiale multilatérale coordonnée. Le monde devra faire face à la pandémie de Covid-19 avec l’urgence qu’elle exige pour sauver des vies et pour construire ensemble un avenir meilleur. »

Pour sa part, Volkan Bozkir, le président de l’Assemblée générale de l’ONU, a souligné que personne n’aurait pu imaginer, il y a un an, ce qui allait se passer. La pandémie de Covid-19 a perturbé la vie de tous dans le monde et constitue un défi « qui ne ressemble à aucune autre crise au cours des 75 ans d’histoire des Nations Unies ». 

D’après lui, le monde attend des Nations Unies qu’elles fassent preuve de leadership, se mobilisent et prennent des mesures concrètes pour relever ce défi. « Cette crise nous oblige à bousculer la façon dont les choses se font, à être audacieux et à restaurer la confiance dans l’ONU », a-t-il déclaré, avant d’ajouter que « l’ONU doit montrer la voie ».

Cette session extraordinaire est un moment historique pour les États membres, les Nations Unies, la communauté scientifique et la société civile, afin « d’écouter les uns les autres, d’engager un dialogue sur les conséquences multiformes de la pandémie ainsi que sur les moyens de récupérer mieux et plus fort. « Ce n’est pas le moment de pointer du doigt. Nous nous sommes réunis ici pour tracer la voie et mettre fin à la souffrance des personnes que nous servons », a insisté Volkan Bozkir.

Et d’alerter : « Nous n’étions pas préparés pour le Covid-19, mais nous devons être prêts pour la prochaine pandémie, catastrophe climatique ou récession mondiale, parce qu’une crise de cette ampleur va survenir, et nous devrons y faire face quand elle se produira. » Si le relèvement post-Covid est correctement planifié et coordonné, estime-t-il, cela peut relancer les Objectifs de développement durable (ODD), accélérer l’action sur les infrastructures résilientes, améliorer l’accès à l’éducation et aux soins de santé et mieux protéger le monde naturel qui nous entoure. « En 1945, les sceptiques pensaient que l’idée d’un système multilatéral, avec une organisation d’une légitimité incomparable en son cœur, était impossible. Mais même à cette époque de tragédie inimaginable, le monde s’est réuni – pour le bien de l’humanité. Je suis sûr que nous pourrons le faire encore une fois », a déclaré Volkan Bozkir qui s’est voulu rassurant.