LE CONSEIL mondial de l’or (CMO) relève une envolée de la demande des investisseurs au deuxième trimestre de 2020. Celle-ci a permis de contrebalancer en partie la chute de la demande émanant des bijoutiers. « La demande de valeur refuge reste forte », a commenté Edward Moya, analyste pour Oanda. D’après lui, « l’or devrait continuer de briller tant que les rendements réels (des obligations) continueront de chuter en territoire négatif et que les poussées du virus limiteront la reprise économique mondiale ».
Mais selon le CMO, ajusté de l’inflation, l’or était encore un peu en dessous de son niveau de 2011 et surtout de 1980. Par ailleurs, la récente baisse du dollar a également été un facteur de hausse pour le métal précieux. En effet, le marché de l’or étant libellé en dollar, une baisse de la devise américaine rend les lingots moins onéreux pour les acheteurs utilisant d’autres devises. Ainsi, sur le London Bullion Market, l’once d’or a valu 1 972,33 dollars le vendredi 31 juillet, contre 1 902,02 dollars le vendredi précédent à la clôture.
Le rapport trimestriel du CMO a été publié le jeudi 30 juillet après les records atteints en début de semaine par les prix de l’or, qui ont pulvérisé lundi 27 juillet le sommet de 2011 à 1 921,18 dollars l’once et ont évolué le mercredi dernier aux alentours de 1 950 dollars. Les cours ont même flirté le mardi avec la barre des 2 000 dollars. Les titres financiers cotés (ETF) indexés sur le cours de l’or ont attiré des flux très importants entre avril et juin 2020, pour atteindre un total de 434 tonnes sur la période, au plus haut depuis le début de l’année 2009.
« La demande en or est alimentée par des investisseurs qui souhaitent davantage d’exposition au métal jaune dans leurs portefeuilles » en cette période d’incertitude économique et de possibles revers sur les marchés, constate John Mulligan, le porte-parole du CMO, auprès de l’AFP. « La réponse mondiale à la pandémie par les Banques centrales et les gouvernements, sous la forme de baisses de taux et d’injections massives de liquidités, a alimenté des flux records dans les ETFs adossés à l’or », souligne le rapport, un fléchage massif « qui a contribué à faire monter le cours » du métal jaune.
Le cuivre se stabilise
La demande industrielle a aussi marqué le pas dans une moindre mesure, avec une baisse en volume de 18 % par rapport au deuxième trimestre 2019. Tous segments pris en compte, la demande totale en or a diminué de 11 % par rapport au deuxième trimestre 2019, à 1 015,7 tonnes. La pandémie de Covid-19 a aussi affecté l’extraction minière, qui n’a pas été exempte d’une baisse d’activité, voire de fermetures ponctuelles dans certains pays producteurs. « Ce n’est donc pas étonnant de voir l’offre d’or en baisse de 15 % », conclut le porte-parole du CMO, qui s’étonne néanmoins de voir le volume d’or recyclé lui aussi en berne, pourtant plutôt enclin à s’activer lorsque les prix sont plus élevés.
Le cours du cuivre, quant à lui, était proche le vendredi dernier de son niveau de clôture de la semaine précédente, s’installant sur un nouveau plateau après une remontée continue depuis son plus bas de l’année touché en mars. Sur le London Metal Exchange (LME), la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s’est échangée à 6 434,00 dollars le vendredi 31 juillet, contre 6 415,00 dollars le vendredi précédent à la clôture. « L’indice des directeurs d’achat du secteur manufacturier en Chine soutient le prix du métal rouge », a estimé Daniel Briesemann, analyste de Commerzbank. L’activité manufacturière en Chine s’est inscrite en juillet à son plus haut niveau depuis quatre mois, signe du redémarrage de l’activité dans le pays au moment où l’économie mondiale reste largement paralysée par la pandémie de coronavirus.
Cet indicateur publié le vendredi dernier « suggère que l’économie chinoise continue de se redresser et que la demande de métaux pourrait à nouveau augmenter », a ajouté cet analyste. La santé économique de la Chine, énorme consommateur de cuivre et de métaux en général, est à même de tirer à elle seule le prix du métal rouge vers le haut. Les difficultés que traverse le Chili, premier producteur mondial, à endiguer la pandémie de Covid-19 sur son sol, perturbe l’approvisionnement et apporte également de la solidité aux prix.
Le pétrole se reprend
Les cours du pétrole se reprenaient le vendredi dernier après une lourde chute la veille, dans un environnement toujours fragile pour la demande en or noir. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a valu 43,26 dollars à Londres, en hausse de 0,75 % par rapport à la clôture de jeudi. À New York, le baril américain de WTI pour le même mois a gagné 0,58 % à 40,15 dollars. La veille, les deux cours de référence ont respectivement perdu 1,9 % et 3,3 %, après avoir temporairement abandonné plus de 5 %, sous l’effet combiné de l’entrée officielle des États-Unis en récession, d’une dégringolade des marchés boursiers et d’un tweet de Donald Trump évoquant la possibilité d’un report de l’élection présidentielle de novembre.
« Les données macroéconomiques pèsent sur le marché », explique Al Stanton, analyste de RBC, citant le chiffre de la croissance pour le deuxième trimestre publié le jeudi 30 juillet par les États-Unis. Le PIB américain a en effet accusé une baisse historique de 32,9 % au deuxième trimestre, en rythme annualisé, sous l’effet de la pandémie de Covid-19, selon une estimation préliminaire du département du Commerce publiée le jeudi dernier. Les investisseurs se préparent par ailleurs au retour sur le marché d’une importante quantité de pétrole à compter du 1er août livrée par les pays producteurs de l’OPEP+, qui si elle ne trouvait pas preneur pourrait remplir rapidement les capacités de stockage disponibles et faire glisser les cours.